
QUATORZIÈME FAMIL LE DE L A PREMIÈRE CLASSE.
Chenilles des Racines. Phalènes à ailes lancéolées.
T j E S Chenilles de cette Famille font prefque rafès & pourvues de fortes
dents ; leur tête eft lifTe & luifante ainfi que le premier anneau. Elles
demeurent fous terre & rongent les racines de quelques plantes ligneufes.
La tranfmutation fe fait dans la terre ôt elles en mêlent une partie dans leur
tiffu qui forme un cocon allongé. Les Phalènes n ont point de trompes,
leurs antennes lont très-courtes & un peu dentelées, le corps prefque nu,
les ailes étroites & allongées. La femelle eft toujours d’une couleur plus
fombre que le mâle.
Quoique Linné ait claffé les individus de cette famille parmi les Phalènes
Hiboux Noctuce, nous devons remarquer avec les Viennois que ces Phalènes
n’ont fur leurs ailes aucune des marques cara£Eériftiques que nous aflignerons
bientôt pour cette fécondé claffe, & que leurs antennes, qui dans le fyftême
de Linné, forment la diftin&ion des Fileufes & des Hiboux , ne font ni
tout à fait peêtinées , ni abfolument filiformes, mais à peu près mi - parties ,
extrêmement courtes & prefque par tout d’égale épaifTeur : nous croyons avec
d’autant plus de raifon devoir les placer ici , que les Chenilles & les
Crifalides, au moins celles que nous connoiffon*, ont la plus grande analogie
avec celles de la Famille précédente,
Pl a n c h e C X CI. N uméro z/j.8.
C H E N I L L E D U H O U B L O N .
P H A L È N E D U H O U B L O N .
P R E M I E R É T A T .
V O I C I une Famille de Chenilles qui feroient encore plus nuifibles que
toutes celles dont nous nous fommes occupés jufqu’à préfent , fi leur
multiplication étoit aufli confidérable. Elles font d autant plus dangereufes
que leurs marches font plus fourdes , plus difficiles a fuivre, qu elles font
moins acceffibles à nos recherches, & quelles minent les plantes dans les
fources même de leur végétation : on ne s’apperçoit ordinairement du
mal, que quand il n’y a plus de remède. Celles-ci rongent ôc détruifent les
racines du Houblon Humulus Lwpulus Lin. ôt caufent fouvent beaucoup de
dommages dans les pays oh cette plante efi cultivée en grand , tels que
l ’Angleterre , la Hollande , l ’Allemagne & la Suède , oh elle fert
non - feulement pour la compofition de la biere , mais fouvent aufli
pour y remplacer le chanvre. Elles attaquent ordinairement les racines
les plus fortes , celles qui font reftées long-temps en terre , ôt les
rongent en totalité. Leurs dents font fort aigues , elles s en fervent
pour fe défendre quand on les incommode ,, ôt quand on veut les
prendre elles fe remuent vivement à la manière des Serpents ôc tâchent
de s’échapper en allant à reculons. Celle du male, Fig. 24.8. a ,
eft blanchâtre , ou d’un blanc rougeâtre ; elle a fur fes anneaux quelques
petites taches ou éminences qui donnent naiffance à autant de petits poils :
au fortir de la mue elle eft tout à fait blanche. Celle de la femelle n’en
diffère que par la couleur ôt la grandeur comme on le voit par la Fig.
248. b.
S E C O N D É T A T .
L es unes ôt les autres bâtiffent leurs cocons dès le mois d’Avril ou
au commencement de Mai , ôt ne tardent point a s y transformer en
Crifalide. Ces coques font toujours placées , ou a coté, ou très près
des racines de Houblon , ôt préfentent une ftruêture toute - particulière.
Nous avons vu jufqu’à préfent les Chenilles , en prenant ce fécond état,
fe contrafter, fe raccourcir ôt s’enfermer dans des tiffu s , dont 1 intérieur
paroît devoir à peine les contenir : celles-ci au contraire fe conftruifent
un logement vafte ôt fpacieux , plus long du double que la Crifalide, qui
s’y promene ôt s’y tranfporte d’un bout à l’autre. L extérieur tres-compaêl
eft formé de grains de terre fort rapprochés ôt réunis par des fils ;
l ’intérieur eft tapiffé d’une couche mince , mais ferrée, de foie grife. Suivant