I I O D u R E. M O R 'B.
La langue eft large, mince & dégagée; elle eft pourvue de petites dents,
ainfi que le palais. Près de la lèvre fupérieure, on voit quatre ouvertures,
dont les antérieures font cylindriques, & les poftérieures ovales. Les yeux
font petits, & ont une prunelle noire dans un iris argentin. L’opercule
des ouïes confifte en une petite plaque; l’ouverture des ouïes eft très-
large, & la membrane branchiale eft dégagée au côté inférieur. Le dos
eft rond, & a une couleur noire qui tire infenliblement fur le blanc
en approchant vers le ventre. La ligne latérale qui eft à peine vifible,
commence à la nuque, forme une courbure vers la fin de la nageoire
peétorale, & s’étend enfuite dans une direétion droite jufqu’au milieu de
la nageoire de la queue. L’anus eft plus près de la nageoire de la
queue que de la tête. Les nageoires de la poitrine & du ventre font
courtes. Les premières, ainli que celle de l’anus & delà queue, font grifes
avec une bordure brune. Tous les rayons font mous, à plufîeurs branchés,
& enveloppés d’une membrane épaifle.
Ce poilfon habite également la Méditerranée & l’Océan. Osheck l’a vu
aux îles Canaries a); Renard près des îles Moluques b) ; Catesby dans la
Caroline c), & Sloan dans la Jamaïque d). Comme il a la chair maigre
& qu’on ne le prend que rarement en pleine mer, on ne le mange point;
mais on le conferve pour des cabinets d’hiftoire naturelle. Il fuit les
vailfeaux, & on le prend aifément à des hameçons appâtés avec des
morceaux de chair. 11 s’attache aufli aux navires, & fur-tout aux requins,
auxquels on en trouve ordinairement plufîeurs à la fois. Catesby raconte
qu’il en a trouvé cinq au corps d’un requin, & qu’ils y tenoient fi fortement,
qu’on eut bien de la peine à les en arracher. Une chofe remarquable,
c’eft que ces petits poilfons peuvent nager librement & fans inquiétude
autour de la gueule du requin, fans qu’il fafle la moindre mine de vouloir
les avaler e). On ne le prend que rarement de plus d’un pied ou d’un
pied & demi de long.
L’eftomac eft très-long & a de grands plis. Le foie qui eft attaché
au diaphragme, confifte en deux lobes, & a cela de particulier qu’il n’eft
pas placé en delfus des entrailles, mais en deffous.
Ce poilfon fe nomme :
Remore & Sucet, en France.
Anfauger & Schiffshalter, en Allemagne.
a) China, p. 94.
b ) Hift. des PoiiE Tom. I. pl. 5 1 . fig. 3.
e ) Carolin. p. 25. tab. a 6.
Sdllfugare, en Suède.
Styris-Fiskur, en Norvège.
Zuyger, en Hollande.
d ) Jamaic. Tom. I. p. 28*
c ) Catesby. Au lieu cité.
• D - V- c R é r m d -y tie s-i
Koeto , Koutouneuw & Laoet, aux merRemmfifch & Zuygerfifch,
Indes; • parmi les ITollandois qui habitent
Zee-Luys, Coupangvifch, Schiffkem- ces contrées.
Linné donne dix-huit lignes au bouclier, & les regarde comme un
caractère. Mais comme dans la dixième édition de fon Syftème il ne lui
en donne que dix - fept ,j & Sloan feulement feize / ) , on ne peut les
regarder comme un caraétère diftinétif. Aux trois exemplaires que je
polfède, je trouve dix-huit lignes à deux, & dix-neuf à l’autre.
Gronoy donne de petites écailles à notre poiflon g') ; mais je n’ai pu
les appercevoir, même à la loupe.
Quoique Bellon & les ichtyologiftes fuivans aient décrit notre poilfon,
Olearius eft pourtant le premier,, comme nous l’avons dit plus haut, qui
nous en ait donné un dellin A); mais qui n’eft pas fidèle, parce qu’il a
placé les nageoires du ventre fous la gorge. Ceux que nous ont donné dans
la fuite Valentyn i ) , Ruyfch kl), Renard l ) , Nieuhoff m), Willughby n)
& Dutertre o) font aufli mauvais.
Comme je remarque que ces deUx poilfons font fouvent confondus
par les auteurs, & fouvent regardés comme une feule efpèce, il ne fera
pas inutile de remarquer ici ce qui les diftingue.
. 1°. Le remore eft beaucoup plus court & plus épais que le fucet.
a0. Le dernier a vingt-deux â vingt-quatre lignes au bouclier, & le
premier feulement dix-fept à dix-neuf.
30. Le remore a la nageoire de la queue en forme de croilfant; au
lieu que le fucet l’a ronde.
40. Chez celui-ci la partie de l’anus jufqu’à la nageoire de la queue, eft
beaucoup plus étroite que chez l’autre.
Le remore n’a que vingt-un rayons à la nageoire du dos, & vingt
à celle de l’anus; le fucet au contraire, en a quarante à la première, &
trente-cinq à la fécondé.
. 6°. Chez le dernier, la ligne latérale eft droite ; chez le premier au
contraire, elle forme une courbure à la nageoire peétorale.
7“. Le fucet a les nageoires de l’ànus & du dos beaucoup plus éloignées
de celle de la queue que le remore.
f ) Jamaic. Tom. I. p. 2g. Z) H. des PoiiT Tom. I. pl. 1, fig. 3.
g ) Zooph. p.’ 75. 11.256. ’ - m) Ind. Tom. II. f ig :;& 7.
h ) Gôtt. Kunftk. tab. 25. fig. a. ' 71) Append. tab. 9. fig. 2.
i ) Out &Nieu\r. Ind. Tom. III. fig. 32. o ) Antill. Tom. II. p, 209.
k ) Tlieatr. Anim. tab. 7. fig. 3.