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glande. Les deux mâchoires font garnies de dents pointues, éloignées les
unes des autres, & qui rengrènent les unes dans les autres. On trouve
auffi des dents dans le palais. Les yeux font petits,, & ont une prunelle
noire entourée d’un iris jaune. Non loin des yeux & de la bouche, on
voit deux barbillons creux. L’ouverture des ouïes eft .étroite, & au
lieu dêtre placée dans la largeur du corps ¿'.comme chez les autres
poiffons, elle eft dirigée fur la longueur. Je n’ai pu appercevoir ni
opercule, ni membrane des ouïes. On peut voir dans la murène un
exemple de la variété de couleurs que l’on trouve parmi les poiffons.
Jen polfède une qui a fur un fond brun des lignes blanches étroites-en
foime-ele chaîne & dirigées entravers. Mr. Cetti remarque que la murène
de la mer de Sardaigne eft couverte par-tout de taches jaunes. Catesby
nous en a donné deux deflins, dans l’un defquels le fond eft verd, &
dans l’autre blanc & parfemé de points noirs. Dans le deffin du père
Plumier, je trouve le fond blanc, les taches grandes, jaunes, & des
petits points noirs fur ces.taches. Comme ce poilfon, ainli que nous l’avons
remarqué plus haut, na ni nageoire peétorale, sni nageoire ventrale,:ïî
ne fe meut que par limpulfion de la partie poftérieure de fon corps.
Ce poilfon habite les eaux douces & falées. Mais fa principale retraite
eft la mer; voilà pourquoi Ariftote le met au nombre des poiffons qui
peuvent vivre également dans les eaux douces & dans lés’ falées. On le
trouve également dans les eaux des Antilles & dans la mer; Méditerranée:
On en prend fur-tout une grande quantité en Sardaigne. Pendant l’hiver;
les murènes fe cachent au fond de l’eau, & paroiffent au printems fur les
bords, pour fe raffaffier de petits poiffons & d’écréviffeS; :Elles aiment
fur-tout les polypes, & c’eft le meilleur appât dont on puiffe fe fervir
pour les prendre. Elles font fi avides, que lorfqu’elles manquent .dp
nourriture, elles fe rongent la queue les unes les autres, fans qu’elles .en
perdent la vie. Cela prouve qu’elles ont la vie dure ce“qui eft encore
confirmé par l’obfervation qu’on a faite, qu’elles peuvent vivre plufleurs
jours hors de l’eau.
On prend la murène avec des lignes de fond; mais fùr-tout avec dès
naffes, que l’on tend au fond de l’eau. Sa chair:eft de bon goût; Véilà
pourquoi les Romains en faifoient un très-grand cas. Ils n’avoient même
pas honte de les nourrir avec de la chair humaine, comme nous l’ayqns
dit dans la première partie en parlant de la marêne. Afin d’eiFàvoir^n
tout tems, on s eft avifé de les garder dans des réfervoirs. Hirius fut le
premier qui en conftruifit à grands frais dans la mer; & lorfque Céfar fut
honoré du triomphe, il en livra fix mille à fes amis pour régaler leurs
Part, V . jj