Première Expérience. En touchant l’anguillë avec le doigt, il réffentit
dans les articulations des doigts une commotion aufli vive que s’il eût
touché la bouteille de Leyde.
Seconde Expérience. Il la toucha très-fort, & il reffentit une douleur
égale qui fe communiqua jufqu’au coude.
Troifième Expérience. Il la toucha avec un long fil d’archal, & il
fentit le même elfet dans les articulations du pouce & des doigts, avec
lefquels il tenoit le fil d’archal.
Quatrième Expérience. Pendant qu’une autre perfonne, qu’il touchoit;
frottait légèrement le poilfon, il mit une main dans l’eaü, à une diftance
de trois pieds, & il éprouva au bout des doigts Ce qu’il auroit éprouvé
s’il l’avoit touché lui-même; mais pourtant avec moins de douleur.
Cinquième Expérience. Il jetta près de l’anguille quelques petits poiffons,
qu’elle tua & avala fur le champ.
Sixième Expérience. D lui jetta aufii un chat marin j ) qui, aVoit au
moins un pouce & demi d’épaiffeur : elle le tua aufli, & voulut l’avaler;
mais elle ne put en venir à bout, parce qu’il étolt trop gros.
Septième Expérience. Pour s’aflurer fi les poiffons qu’on jettoit auprès
de l’anguille étoient tués par l’influence de la matière électrique, il mit
une main dans l’eau, à quelque diftance de l’anguille, & on jetta un
autre chat marin dans la même eau. L’anguille nagea vers le poiflbn;
mais elle retourna bientôt. Peu de tems après, ellefe retourna, lui lança
pendant quelques fécondés des regards pleins de feu, & lui fit éprouver
une telle commotion, qu’il fut retourné fur le dos, & refta fans mouvement.
L’obfervateur reffentit au même inftant, dans les doigts, une
douleur femblable à celle de la quatrième expérience.
Huitième Expérience. L’anguille donna une telle commotion;?! un
troifième chat marin qu’on mit dans l’eau, qu’il femit furie côté; mais il.
continua à donner quelques lignes de vie. L’anguille parut le remarquer;
elle retourna, & acheva de le tuer. Il put fentir aifément que le fécond
coup étoit plus fort que le premier. L’anguille n’effaya plus d’avaler ces
poiffons, quoiqu’elle continua à les tuer. Il remarqua conftamment que
lorfqu’elle vouloit en tuer un, elle avançoit droit vers lui, comme pour
le manger ; que lorfqu’êlle en étoit près, elle reftoit tranquille pendant
quelques momens, avant que de donner le coup; que quelquefois aufli
le coup partait dès qu’elle en approchoit. Quand nous portions un de ces
filures, qui paroiffoit mort, dans une autre vafe plein d’eau, il revenoit
à la vie comme les poiffons que l’on a étourdis par l’éleélricité.
s ) Silurus Catus. L.
Neuvième, Expérience. Quand il touchoit l’anguille avec la main, de
manière à l’irriter, & qu’il avoit l’autre main dans l’eau, à une petite
diftance, il reffentoit dans les deux bras un coup aufli violent que celui
que produit la bouteille de Leyde.
Dixième Expérience. Il enfonça dans l’eau un bâton qu’il tenoit à la
main, & toucha de l’autre l’anguille, & il reffentit le coup dans les deux
bras, comme dans l’expérience précédente.
Onzième Expérience. Pendant qu’il tenoit par la main un de fes
compagnons de voyage, qui touchoit l’anguille, il mit l’autre main dans
l’eau, & tous deux éprouvèrent une commotion.
Douzième Expérience. Il prit doucement le poiffon dans la main, &
pendant qu’une autre perfonne lui toucha fortement la tête, l’un '& l’autre
fentirent une forte commotion.
Treizième Expérience. Huit à dix perfonnes formèrent un rond en fe
prenant par la main. La première mit la main dans l’eau à une petite
diftance du poiffon, & dès que la dernière toucha la tête, toutes reffentirent
une foiblé commotion.
Quatorzième Expérience. La même expérience fut répétée, avec cette
différence que la première perfonne toucha la tête, & la dernière la
queue, & toutes reffentirent une forte commotion.
Quinzième Expérience. Il tint avec une autre perfonne le bout d’une
chaîne de cuivre. L’un d’eux mit la main libre dans l’eaü, pendant que
l’autre excitait fortement l’anguille, & tous deux reffentirent la commotion.
Seizième Expérience. Il s’enveloppa la main dans un étoffe de foie, &
toucha l’anguille ; mais il ne reffentit aucune commotion, pendant que
fon compagnon qui dans le même tems tenoit la main dans l’eau, à une
petite diftance de l’anguille, reçut la commotion.
Dix-feptième Expérience, On fit une quantité d’autres expériences
avec deux perfonnes, dont l’une tenoit la main dans l’eau, à une petite
diftance de la queue, ou même la touchoit, & l’autre prenoit la tête.
Avec les deux autres mains, elles tenoient un charbon de bois, un fil dé
fer ou d’autre métal, un morceau de bois lourd ou léger, du verre, de
la foie, &c. Le réfultat fut que tous les corps qui conduifent l'électricité
ordinaire, le firent aufli, & que ceux qui l’arrêtent, l’arrêterent aufli.
Mais la chaîne de métal ne donna la commotion que quand elle
était tendue.
Dix-huitième Expérience. Une perfonne de la compagnie, qui fe plaça
fur une bouteille de verre, reçut quelques coups provenus de l’attouchement
de l’anguille ; mais elle ne donna plus aucun figne d’éleétricité.