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hôtes. Selon Pline, les Romains aimoient tellement les murènes, qu’oil
donnoit la forme de ces poiffons aux pendants d’oreilles & aux autres
parures des. femmes. Elles s’apprivoifent aifément Elles venoient à la
voix de CraJJius, lorfqu’il les appelloit; & quand il leur donnoit quelque
chofe, elles fautoient de joie. Il les aimoit tellement, qu’il pleuroit celles
qui mouroient, & leur faifoient faire des obfèques magnifiques h).
Nous trouvons dans les anciens écrivains plufieurs mémoires fur notre
poiffon: cependant il nous ont appris peu de chofes certaines fur la
manière dont il fe reproduit. On voit d’abord que ce qu’ils en difent eft
fondé fur des préjugés, Selon Arifiote, il s’accouple comme les ferpens,
parce que le mâle & la femelle s’entortillent l’un l’autre, & il fait des
petits en tout tems c). Pline regarde toutes les murènes comme des
ferpens; & il penfe que pour s’accoupler, elles fe mettent à fec fur le
rivage, Rondelet dit au contraire, qu’elles s’accouplent avec les vipères.
Les ichtyologiftes qui font venus après lui, ont en partie répété ce conte.
Un des plus modernes naturaliftes, Mr; Cetti, ne1 nous dit autre chofe,
finon qu’il a appris des pêcheurs & des cuifiniers qu’on ne trouve jamais
de petits vivans dans leur corps. Mais il y a apparence qu’il a oublié
des demander fi l’on n’y trouve point d’oeufs comme dans les anguilles
ordinaires. Comme nous avons vu plus haut que la murène a la vie dure,
en même tems la chair de bon goût, & qu’elle vit dans des réfervoirs, il
valoit bien la peine de la tranfporter dans d’autres pays. Si la dorée de la
Chine a réuili en Europe, le fterlet du Wolga en Suède & en Allemagne,
pourquoi la murène ne pourroit-elle pas être tranfportée avec les mêmes
fuccès d’Italie dans le relie de l’Europe ?
- Ce poifibn fe nomme :
Moment, en Allemagne, : Murane, en Angleterre, ,
Murent, en France. Murena, en Italie.
Les différentes taches & couleurs qu’offre notre poiffon, ont donné
occafion à Catesby d') & Gronov e') d’en faire mal à, propos deux efpèces
différentes, & à. Klein d’en faire trois/). La diverfité de ces couleurs
Trient de la nourriture & de la différente qualité des eaux.
i ) Plin. H. N. lib. 9. c. 59.
c ) Au livre cité, lib. 5. c. 2.
d ) Carolin. p. 20; 21.
t ) Zooph. p. 40. n. 164. 16 $.
f ) Miiïi Pifc. III. p. 18* n. 1. p. 29. n. 4. ç.
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