a D u C r o i s s a n t .
Le croiffant eft épais, rond, & n’a des pointes qu’à la poitrine & au
ventre. La tête eft petite, large par en haut, un peu comprimée fur
les côtés. L’ouverture de la bouche eft ronde; les deux mâchoires font
d’égale longueur, & recouvertes- par des lèvres mobiles. La- langue eft
unie & arrondie. Les narines font placées non loin des yeux. Ces derniers
font petits, fans membrane clignotante, & ont une prunelle noiie,
entourée d’un iris jaune d’or. L’ouverture des ouïes eft en forme de
croiffant, & fe trouve tout près & avant la nageoire peftorale. Le dos
eft rond, uni, & d’un verd foncé, qui devient plus clair vers les côtés.
La nageoire dorfale eft entourée d’une tache noire qui eft bordée de
jaune. Osbeck affure que c’eft un des plus jolis poiffons quil ait vu d\).
La ligne latérale commence avant l’oeil; elle tourne autour de lui, &
forme enfuite une ligne parallèle au dos. La queue eft courte, unie,
ronde, & l’anus eft fort loin à la pairie poftérieure du corps. Toutes les
nageoires font courtes, jaunâtres, & garnies de rayons ramifiés. Le
ventre a une couleur blanche, & eft garni de pointes couites.
La Chine & le Japon font les pays d’où ce poiffon eft originaire.
Osbeck l’a trouvé dans le fleuve de Canton A); Kæmpfer dans les eaux
du Japon c), & Stdtius Millier l’a reçu de Curaffao d'). On croit que la
chair de ce poiffon eft fi venimeufe, que, dans lefpace de deux heuies,
elle donne la mort à ceux qui en mangent e> Selon Kæmpfer, elle eft
encore plus venimeufe lorfqu’elle eft cuite avec une branche de palmier/).
Voilà pourquoi il y a une loi qui défend den vendre parmi d autres
poiffons. Outre cela, il y a encore au Japon quelques autres elpèces de
poiffons qui paroiffent appartenir à ce genre g-),; & que l’on regarde auffi
comme venimeux. L’un d’eux à la chair fi tendre, qu il paffe pour lé
meilleur poiffon de ces contrées. Or, afin quil ne puiffe fane aucun mal,
on en coupe la tête, on fépare les arrêtes, les entrailles, & à force de
laver la chair, on parvient à lui ôter la qualité nuifible. Quoiqu’il y ait de
tems en tems des gens qui meurent pour en avoir mangé, cela n empêche
pas les autres de le faire, parce qu’ils penfent que ces accidens ne font
arrivés que parce qu’on a négligé de nettoyer le poiffon comme il faut.
Le danger qu’il y a à manger de ce poiffon, fait qu’on le défend abfolument
aux foldats; & lorfqu’un d’eux meurt pour en avoir mangé, fes fils font
exclus des places militaires. Il y a encore une autre efpèce dont le venin
. é) Reif. nàch‘ China, p . -¡94^ «) Osleck. Reifi ia ch . China, p. 154.
¿ ) 'A u livre cité. p. 295. f ' ) Amoenit. p. 283.
c ) ReiC nach Japan. Tom. I. p. 153. g ) Sutumebuka.Mabuka&Kitamakura.Xaffli/
d) L. S. III. p. 31«. ' ïapan. Tom. I .p . 15». 153.
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eft fi fubtil-v- que les lotions ne fauroient l’emporter : auflï n’y a-t-il que
ceux qui font las de vivre qui s’avifent d’en manger A).
Ce poiffon fe nomme ;
Gefleckter Stachelbauch, en Allema- Hériffon - croijfanten France.
gne. ‘ Kai-po-y, dans la Chine.
Geogde Ophlaaqer - Vifch, en Hol- Furube, au Japon,
lande.
Kæmpfer eft le premier qui ait fait mention de ce poiffon i ), Enfuite
Osbeck A), Linné /) & Statius Millier m) l’ont décrit; mais je n’en
connois aucun deffin.
Linné rapporte relativement à notre poiffon la quinzième cipèce des
coffres SArtédi n) ; mais comme, félon fa defcription o ), ce poiffon
eft garni de tous côtés de pointes, ce n’eft pas le nôtre, mais bien
le flafcopfaro p~). Cet auteur eft aufli dans l’erreur quand il cite au croiffant
la feptième & huitième figure que Séba a repréfentées fur la vingt-
troifième planche du troifième Tome de fon Mufeum : car la bande au
dos, que Linné donne pour caraétère dictinétif, manque dans ces deflins.
h) Kæmpfer. Japan.Tom. I. p. 122. m) L. S. III. p. 316.
ï) Amoenit. p. 88 3* n) S. N. p. 411. n. 4.
k) China, p. 294., o) Syn. p. n. 15.
I) Muf. Adolph. Frider. Tom. II. p. 35. • p) Tetrodon hifpidüs. L.