7 6. D tr R a s p b ç <s m
autres plus petits. Le poftérieur de ceux qui font en haut elt le plus fort,
& il elt entouré d’une peau. La bouche s’ouvre par en haut; & quand
la mâchoire inférieure eft ôtée , on apperçoit une large ouverture, dans
laquelle paroit la langue qui eft épaiffe, forte, courte & garnie de petites
dents qui la rendent rude au toucher. Au côté intérieur de la mâchoire
inférieure, il y a une membrane terminée par un long filament. Lorfque
la bouche du poilfon eft ouverte , il agite cette partie, attire par-là les
petits poiffons, qui font avalés au moment où ils croient s’en faifîr. Les
deux barbillons dont chaque lèvre eft garnie, lui fervent aulfi au même
ufage. Ce poilfon fe cache ordinairement jufqu’â la tête dans les plantes
marines, afin d’attraper plus fûrement les petits, poiffons en fe dérobant
à leurs regards. A la mâchoire fupérieuro, on remarque en haut deux
ouvertures ovales, & à l'inférieure beaucoup de petits barbillons. Non
loin de chaque oeil, on apperçoit une ouverture ronde. Les yeux font
placés fur la furface fupérieure de la tête tout près l’un de l’autre ; ils
font faillans , & ont une prunelle noire dans un iris jaune.
Nous connoiffons plufieurs poiffons, outre les foies & les rayes, dont
les yeux font à la furface & près l’un de l’autre. Chez ces dernières,
ils font fitués de manière, qu’ils peuvent plus regarder de côté qu’en
haut; mais chez notre poilfon, ils font dirigés droit, en haut; voilà
pourquoi les Grecs lui ont donné le nom d’uranofcope. Les Génois, qui
croient apparemment voir dans ce poilfon le regard de la dévotion, lui
ont donné le nom de prêtre. Entre les yeux, on remarque une cavité
fémi-lunaire, & non loin de chaque nageoire pectorale un piquant long &
un court. L’ouverture des ouïes eft très-large; l’opercule des ouïes
confifte en un feul os fort, qui eft entouré d’une peau dentelée. La
membrane des ouïes, qui eft cachée, eft garnie de cinq os recourbés.
Le tronc eft pourvu d’écailles très-petites. Jufqu’à l’anus & à la fécondé
nageoire dorfale, il eft prefque quarré ; de là jufqu’à la fin, il eft rond.
Les lignes latérales, qui ne font formées que de petites ouvertures rondes,
prennent naiffance à la nuque, forment un petit arc vers les côtés,
s’approchent enfuite des nageoires dorfales, s’étendent le long du dos
jufqu’à la nageoire de la queue, où elles forment une courbure en deffous,
& s’y perdent dans le milieu. Les nageoires ventrales font placées près
de la gorge, & terminées en rayons à plufieurs branches; les nageoires
peétorales ont les rayons partagés à l’extrémité ; ceux des nageoires de
l’anus & du dos font fimples, & ceux de la nageoire de la queue, qui eft
ronde, font ramifiés. La première nageoire du dos a une couleur
brillante & des rayons offeux. Les rayons des autres nageoires font mous
&
D v s l o n. o ’ s f
& jaunes. Notre poilfon eft brun fur le dos, gris aux côtés, blanc au
ventre, & l’anus eft prefque placé au milieu du corps.
Le rafpeçon habite la méditérranêe, & fe tient près du rivage dans
le fond. Arijloie a par conféquent eu raifon de le placer parmi les
poiffons de rivage. Quoiqu’on n’en trouve- pas de plus d’un pied de long,
cependant fa forme finguliêre, dont nous avons parlé, a excité l’attention
des naturaliftes Grecs. Il vit de petits poiffons & d’infeéles aquatiques.
On dit qu’il dort pendant lè jour & qu’il rode pendant la nuit. Voilà
pourquoi Oppian lui a donné le nom de rôdeur a). Sa chair eft blanche
à la vérité, mais duré & maigre ; & par cette raifon on n’en fait aucun
cas. Selon Rondelet, il doit rendre une mauvaife odeur ¿ ); cependant
WillugUy qui asexaminé notre poilfon en Italie, ne lui en a point
trouvé c). On le prend au filet, & il mord aulfi à l’hameçon.
Le foie eft d’un jaune pâle; l’eftomac large & fort; fon extrémité
inférieure eft entourée de huit appendices. La véficule du fiel eft large,
& le fièl d’un verd foncé. La véficule aérienne eft petite.
Ce poilfon fe nomme :
Sternfeher & War^enkopf, en Aile- Pefce prete & Cuccu, en Sardaigne.
magne. ~ Preye & Prete, à Gènes.
Srargaqer , en Angleterre. Bec in cano, à Vénife.
Sterre-kyker, en Hollande. Kurba, chez les- Turcs. '
Rafpeçon, ou Tapeçon, en France. Batracjios, parmi les Grecs qui ha-
Rajqiiajfa blanco, à Marfeille. bitent à Conftantinople.
Mejforo & Pefce prete, en Italie. Bûphas &c Tuchinos, à Smirne.
Non feulement les anciens ichtyologiftes, tels que Bellon d) & Rondelet
e ) , refufent mal à propos les écailles à notre poilfon; mais un des
plus modernes/ ) le fait aufii, quoique Willughby g') & les ichtyologiftes
fuivans les euffent déjà décrites'. Pline dit que le fiel de ce poilfon eft
un fouverain remède dans plufieurs maladies des yeux h).
a) Il le décrie aflez bien par les vers iùivans: c ) Ichth. p. 287.
Stultina excellit cunclis férus Hemerocaeta, d) Aquat. p. 219.
EJi pecus ignavum capitis cui vertice fummo e ) Hift. des PoiiE P. I. p. 043.
Sunt inverfa fupra radiantia lumina; ricins f ) Defcript. des Arts & Met. Tpm. XI. p. 587.
EJi inter médius oculos; lucesque profundo g') Ichth. p, 287.
Conterit informa folidas, profiratus arena; X) Voici ce qu’i l en dit : Càllionymi f i l ciàii-
Et folus noclu vigilat, noSuque movetur. trices fanat & carnes ocidorurn fuperyacuas con*
Haiiet. lib. a. fumit. Lib. 32. c. 7*
I ) DePifc. P .I . p. 306.