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La tête eft petite, l’ouverture de la bouclie grande. La mâchoire
fupérieure avance fur l'inférieure : l’une & l’autre font armées de petites
dents. Dans le gozier, on trouve deux os en forme de lime. A la
mâchoire inférieure, au devant, on remarque un barbillon, & de chaque
côté iix à fept petites ouvertures.: Les lèvres font fortes, & confiftent
en pluüeurs pièces cartilagineufes qui font réunies par une membrane
commune, que le poiffon peut avancer & retirer à fon gré. La langue
eft courte, épaiffe & rude en arrière. Les narines font doubles & placées
non loin des yeux. Ces derniers font grands, faillans, & pourvus dune
membrane clignotante. La prunelle eft noire, & l’iris argentin. Comme
Duhamel dit que l’iris eft couleur de citron a) , il faut que la couleur
de cette partie foit aufli variable. L’opercule des ouïes eft compofé
de plufieurs plaques. L’ouverture des ouïes eft large, & la membrane
branchiale n’en eft recouverte qu’en partie. Au tronc, on voit de petites
écailles qui font fortement attachées à la peau. La ligne latérale qui
commence à la nuque, eft noire, forme une courbure vers le ventre à
l’extrémité de la fécondé nageoire du dos, & fe perd dans le milieu de la
nageoire de la queue. Le dos eft d’un brun verdâtre, rond & charnu ;
le ventre court & blanc; les côtés font d’un blanc qui tire fur le rouge,
& l’anus n’eft pas beaucoup éloigné de la tête. Des trois nageoires dont
le dos eft pourvu, la première eft courte, haute & en forme de faux. Au
milieu de la nageoire pectorale, on voit une tache noire : cependant
Mr. Otto Falricius n’a pu la remarquer aux poilfons du Groenland b ).
Toutes les nageoires font compofées de rayons mous & d’une peau épailfe.
Elles font olivâtres, excepté celle de la queue qui eft rouge. Elle a une
bordure noire comme la plupart des autres nageoires'.
Nous trouvons ce poiffon dans plufieurs contrées de l’océan fepten-
trional. Gronov l’a trouvé dans les contrées de la Hollande c ) ; Ilutty
en Irlande d); Willughiy en Angleterre t) ; Leem en Laponie/ ) ; Otto
Fabricius en Groenland g ) ; Strcem dans le Sund A), & Duhamel fur les
côtes feptentrionales de la France z). Mr. le comte de Querhoent qui
a eu la bonté de m’envoyer le deffin que j’en donne, me marque qu’à
Croiüc, en Bretagne, on trouve pendant toute l’année ce poiffon en pleine
mer, & que ce n’eft que dans le tems du frai, c’eft-à-dire en Août, qu’il
s’approche
a) Traité des Pêches. Tom. II. p. f ) Làppl. p. 16$.
b) Faun. Groenl. p. 147^ . g ) An-livre cité , p. 146. n. 103.
c ) Zooph. p'. 99. n. 410. l , f ^ jÉ| Sündmôr. I. p. 3*6»
d ) Nati Hift. o f Dublin. I. p. 354. } ) Au livre cité.
c ) Ickth. p, 199.
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s’approche des endroits rocailleux, pour y dépofer fon frai. Dans le
Groenland au contraire, il fraie en Février & Mars, félon Mr. Otto
Fabricius, & dépofe alors fes oeufs dans falque marine X), dans des
endroits où le foleilrdonne. Au mois de juin ,;les petits paroiffent. Les
Groenlandois les nomment Ogarkcet & Ottarak. On les voit en grande
quantité vers le rivage de la groffèur de nos épinoches.. Sans doute que
ces petits ont alors un an ; ou il faudroit dire qu’ils croiffent prodigieu-
fement en peu de tems : car quiconque fait comme le poiffon croît
lentement, s’imaginera bien que depuis Février jufqu’en Juin, ils ne
peuvent parvenir à la longueur de deux ppucçs au moins. Ces poiffons
parviennent à la longueur de quinze: à dix-huit pouces, & ne pèfent
alors guère plus de trois livres. En Angleterre, ils ont rarement plus
d’un pied. On les prend en grande quantité. Mr. le Roi mande à Mr.
Duhamel, que dans.les environs de Breft, tous les ans pendant un
certain tems, on en prend jufqu’à cent à cent'cinquante d’un feul coup l').
Le mollé eft du nombre des poiffons voracès , & fe nourrit particulièrement
de lançons m) & de poiffons du genre des perce-pierres n \
Dans le Groenland-, il vit d’at/gmar/èts ojj, Au défaut de poiffons , il fe
■ contente de jeunes écréviffes. Ce poiffon a la chair blanche, molle &
feuilletée, & elle fe corrompt aifément. C’eft depuis le mois d’Oétobre
jufqu’à celui de Janvier qu’il eft le meilleur : cependant comme il eft alors
maigre & fec, on n’en fait pas grand cas en France; mais en Angleterre
où il eft gras , on le regarde comme un bon mets. Les Groenlandois
le mangent partie frais, partie léché, & môme lorfqu’il eft un peu
corrompu. Ils raffemblent les oeufs de ceux qui font léchés , & les font
cuire pour les manger. Ils apprêtent le foie avec des bayes noires p ).
Le foie eft d’un rouge pâle , & conüfte en deux lobes longs & minces.
La rate eft rouge, très-petite, triangulaire & attachée à l’eftomac par
en bas. Ce dernier eft large & fort. La véficule aérienne eft groffe, &
attachéè à l’épine du dos comme aux morues.
Ce poiffon fe nomme : .
Breiter Schellfifch, Steiabolk & Blëd- Whithing & Fout , à Londres1;
auge, en Allemagne. Whiihing Mops, quand il eft petit.
Steenbolk, Gulldk, en Hollande. Fdleg, à Scarborough.
Pout, en Angleterre; Bib & Bhnd, à Cornouailles.
k ) Fucus., L. m) Blennii. L .1
/ ) Traité des Pêch. Tom. II. p. 138. 0) Salmo ardicus. O. Fabr. Faun. Groenl. p. 146.
m ) Ammodytes Tobianus. L. p ) Empetrum nigrum. L.