étroite, placée, comme à l’anguille, fous les nageoires pectorales. La
ligne latérale règne au milieu du corps, & confifte en une raie de points.
La queue eft terminée en pointe, & l’anus en eft un peu plus éloigné que
de la tête. Les nageoires peétorales font grifes; celles du ventre, du dos
& de l’anus jaunâtres, & garnies d’une bande étroite d’un brun noir.
Nous trouvons ce poiffon dans la mer Méditerranée, aux Antilles,
dans la mer du Nord; mais fur-tout vers les côtes d’Angleterre. Il
parvient à une grolfeur très - confidérable. On en trouve dans la mer
Méditerranée depuis trente jufqu’à foixante livres al), & dans celle du
. Nord de beaucoup plus gros encore. Burlace dit qu’on en a pris un de
cent livres près de Mounts-Bucht, & on a affuré Mr. Pennant qu’auprès
de Scarborough, on en avoit péché un qui étoit long de dix pieds & demi,
& qui avoit dix-huit pouces de circonférence b). Gejher raconte auffi
qu’on en a pris de quatre à cinq aunes de long, & de la grolfeur de la
cuiffe d’un homme c). Tant que ce poilfon eft petit, il relfemblë beaucoup
à l’anguille; cependant on peut le diftinguer aifément aux marques
fuivantes : i°. Les dents de l’anguille font plus petites & plus mal rangées.
3°. La lèvre fupérieure du congre eft beaucoup plus forte qu’à l’anguille.
3°. La couleur du congre eft beaucoup plus blanche, ou du moins il a
de grandes taches blanches. 4°. La ligne latérale eft garnie de points
blancs. 50. La longue nageoire a une bordure noire.. 6°. Il vit ordinairement
dans l’eau falée, & ne palfe qu’un tems très-court dans l’eau douce; au
lieu que l’anguille refte la plupart du tems dans cette dernière. Pendant
l’hiver, le congre fe cache dans la vafe, pour fe garantir du froid; & il
n’en fort qu’au printems. Une partie refte continuellement au fond de la
mer; & un autre fe tient vers le rivage & les embouchures dés fleuves.
Les derniers ont le dos noirâtre; les premiers font par-tout d’une
couleur argentine. Dans la Saveme, en Angleterre, on trouve une
quantité incroyable de jeunes congres. Les pêcheurs ne font, pour ainfi
dire, que les en tirer comme d’un réfervoir ; & fe fervent pour cela
d’une poche dont le filet eft de crin. Le mois d’Avril eft fur-tout le tems
où ils paroiffent. Vers ce tems, les pêcheurs fe placent vers le bord de
l’eau pendant le flux, & les tirent des trous où ils font reftés. Un feul
pêcheur peut en prendre un boiffeau à chaque marée. Ces poiffons ont
la chair de bon goût. Les gros congres ont aufli la chair blanche &
douce; mais comme ils font très-gras, il faut.un bon eftomac pour les
digérer. Galien les croit mal - fains d) ; & Albert le Grand dit qu’ils
‘ â j Sa/p. Aquat. p. 65. ‘ ' " c ) Thitrb. p. 47.
dipy:J?inni B.-Z. IH.-p* tqj.*-.- ■ De Alim. ClaiT a.
donnent la lèpre à ceux qui en mangent e). Il y a encore un grand
nombre de doutes fur la manière dont ce poiffon fe reproduit. Arijlote
dit que dans les uns on ne trouve que de la grailfe ; & que dans les
autres, les oeufs font mêlés dans la grailfe, & qu’il fuffit de frotter cette
grailfe entre les doigts pour fentir de petits corps durs, qui-ne font autre
chofe que les oeufs f ) . Selon Rondelet, les oeufs doivent être cachés
dans la grailfe en rangées; & quand on fait fondre cette dernière au feu,
ils paroiffent alors entièrement g). On fentira bien, fans que je le dife,
qu’il eft toujours douteux fi ce poiffon eft ovipare ou vivipare ; fur-tout
parce qu’aucun de ces auteurs ne parle de fes laites. On ignore aufli le
tems où ils multiplient. Selon Oppian, ils s’accouplent comme les ferpens.
Le congre eft extrêmement vorace, & n’épargne, pas même fa propre
efpèce. Il vit de polypes & de poiffons; mais il cherche fur-tout les
crabes quand ils fe font défaits de leur dure écaille. Il s’attache aufli à la
charogne, & on en trouve des quantités auprès des animaux morts. Ses
ennemis font la murène & les autres poiffons voraces. Il a la vie dure; &,
félon Rondelet, il vit encore après que la murène lui a arraché la queue /;).
On le prend en Angleterre dans des anguillières ; en Sardaigne, dans
des naffes que l’on enfonce fort avant dans la mer; aux Antilles, on s’y
prend différemment: on cherche près du rivage un fond de pierre, ou
une place où il y a des rochers bas; on ôte quelques pierres ; on creufe
un trou, on y verfe un peu de fang, & on garnit la place d’hameçons,
où l’on a mis pour appât des morceaux de polypes ou de crabes. Ces
deux chofes les attirent bientôt. Cependant il faut être habile à les tirer,
de peur que lè poiffon ne s’attache avec la queue à quelque corps; car
alors il s’y attache fi ferme, qu’il perd la mâchoire plutôt que de céder.
Le père du Tertre affure en avoir fait lui-même l’expérience i ).
On nomme ce poiffon :
Meeradl, en Allemagne. Congre, en France.
Kongeraal, en Hollande. Broncho, en Italie.
Conger ou Conger-Eel, en Angle- Grongo, en Sardaigne.
terre. ' Imfella, à l'île‘de Malthe.
Milwel, k Cornouaille; Fammo, au Japon.
Elwers, quànd ils font encore jeunes.
t ) Hift. Anim. üb. 6. cap. 17.
f ) H. N. lib. 2. cap. 15.
g ) Hift. des PoiiT P. I. p. 308.
A) Au livre cité. p. 309.
i ) Antill. Tom. II. p. 2 a i .