d’autres Ibis est permanente. Enfin, les ardeurs du Soleil ayant brûlé la
campagne, il ne nous resta plus qu’à retourner à Lisbonne, où nous
arrivâmes en Août 17.98-
L e printems suivant nous engagea à quitter cette capitale une seconde
fois, pour continuer nos recherches, les dirigeant vers la province
ÜAlemtejo. Après en avoir traversé les tristes et mélancoliques plaines,
dont le sol sablonneux, à des étendues immenses, n’est couvert que de
Bruyères ou du Ciste ladanifére^ nous gagnâmes les montagnes qui la
séparent de * YAlgarve, nommées dans le pays Serra - d e - Monchique.
Mais à leur sommet, autour du village du même nom, la scène changeant
subitement, nous fûmes frappés de voir tout d’un coup briller, comme par
enchantement, les jardins parfumés des ttesperides, au milieu de bosqifètg
de Châtaigniers, garnis de touffes du Rosage pontique, et de la Myrique des
Açores. Après cela, ayant employé le printems de 1799 à traverser
YAlgqrve dans toute sa longueur, depuis le Cap St. Vincent jusqu’à > la
Guadiane, en suivant le bord de la mer orné de jolies plantes bulbeuses,
nous revînmes à Lisbonne, où nous conduisit cette fois la route des bourgs
de Mertola et de Serpa, et celle de la ville dE vo ra .
L e Professeur L in k , rappelle à ses devoirs par la place qu’il occupe,
ne put s’arrêter. plus long-tems en Portugal. 11 s’en retourna chez lui, par
la voie de l’Angleterre. A Londres, il compara les plantes Portugaises
avec l’herbier du Chevalier Jo s e p h B an k s . Ce Savant distingué à tant
d’égards, et dont la Grande-Bretagne peut véritablement s’enorgueillir,
voulut bien lui permettre avec la plus grande complaisance, l’usage des
trésors précieux qu’il possède dans ce genre. Nous ne saurions lui en avoir
assez d’obligations.
Cependant le C om te d e Ho ffmann e g o , maître d e 'se s loisirs', et
jaloux de porter l’entreprise au plus haut degré de perfection qu’il lui serait
possible d’atteindré, resta en Portugal, où il se'proposait de faire encore de
nouvelles tournées. Il se rendit dans l’été de 1799 à la montagne de Monte-
ju n to , examina les environs des sources salées près de R io -m a io r , sé
transporta à, la ville de Santarem, passa le Tage, et arriva ainsi à
Portalegre et à Marv&o, où d e . vastes bois de Châtaigniers lui offrirent
à leur abri de charmantes promenades. Repassant ensuite la même rivière
un peu plus haut, il së trouva aventuré dans les [plaines arides avant
Castello - branco, où les buissons* de Cistes* dont toute la campagne est
couverte, donnent par leur teinte brunâtre à l’horison entier une physionomie
morne et lugubre. * Ces horriblës déserts firent sur lui une impression
tellement sinistre, qu’i l se hâta de regagner Lisbonne.
Il engagea dans le cours du même été un jeune amateur à faire un
séjour en A lg a rv e , principalement pour compléter la collection des plantes
des environs très - fertiles et rians de Tavira, qui fournirent plusieurs
jolies découvertes,
Mais en vain irait-on durant la belle saison à la recherche des plantes
Cryptogames; c’est en hiver* que celles-ci se trouvent au fort de leur végétation.
Quels que lussent donc les inconvéniens d’un voyage en Portugal
dans cette partie de l’année, où les pluies sont aussi opiniâtres que d’ailleurs
le beau tems est constant, le Comte s’y détermina, et partit encore de Lisbonne
en Décembre 1 ». pour les contrées septentrionales du Royaume.
L e premier objet auquel il s’arrêta, fut la vaste forêt de Pins prés de
M a rin h a -g ran d e , semée par le Roi Denys. Il visita ensuite le couvent situé
à peu de distance de Coimbre sur la montagne élevée de Bussaco. Ce
monastère est remarquable par un bois majestueux de Cyprès glauques, dits
Lusitaniens par Tournefort, mais qui originaires des Indes orientales,
commençérent ici à se naturaliser en Portugal- L a fraîcheur que répand ! leur
abri soif l’ombre épaisse des bosquets, scrupuleusement entretenus par règle
de ces Religieux, soit la ramification d’une infinité de ruisseaux, rend la
promenade attrayante et en même tems les environs abondans en Mousses
et en Champignons.
De' là le 1 Comte monta à la Serra d ’E s tre lla , alors entièrement
couverte de neige, et à celle de M a râ o , où il n’en manquait pas non plus;
ensuite de nouveau au Gerèz, placé* comme nous l’avons dit, à l’extrémité
septentrionale du pays. Il restait encoré à examiner par des travaux réitérés
la province entière de Tras - dos - montes, à peine effleurée dans nos voyages
antécédens; Elle fut donc maintenant très-minutieusement parcourue dans
différentes directions, comme: , du Gerèz par Chaves à Bragan ce; de
Bragance à Miran della et Pezo - d a - R eg o a ; de P e z o - d a -R e g o a à
T orre - de - M oncorvo et encore à Bragan ce; enfin le long du Douro
jusqu’à F re ixo - d’E sp a d ’ acinta.
Ayant achevé cette" tâche, le Comte arriva à la ville de Gua rd a , et
de nouveau à YEstrella, où ayant hasardé de braver les dangers des
abymes dont cette montagne se trouve entrecoupée, et qui dans ce moment,
quoique çe fût au mois de Juin, étaient encore remplis de neige, peu s’en
fallut qu’il ne pérît victime de sa curiosité. Il se tourna ensuite vers une
autre masse de hauteurs appellée S e r ra -d e -L o is â a , et se. rendit de là à
Coimbre. Tout cela ne lui suffit point. Il repassa encore le D ou ro , et
pénétra jusqu’à la rivière du Min ho , qu’il n’avait point encore visitée, mais
qu’il suivit cétte fois aussi loin qu’elle coule sur le territoire Portugais.
Alors, traversant une dernière, fois le T ra z -d o s -montes, il revit de nouveau
Bragance, et se rendant en droiture à la chaîne de YEstrella, rien ne
l’empêcha plus d’examiner en détail ces montagnes élevées dont les chaleurs
d’Août avaient presqu’entièrement fondu les neiges. Enfin la sécheresse
des campagnes le fit souvenir en Septembre 1800, qu’il était tems de
retourner à Lisbonne, d’où, après y avoir encore séjourné quelque tems, il
revint par mer à Hambourg au mois d’Août de l’année 1801.