Quant à nous,, la nation Portugaise nous a paru aussi polie, aussi
hospitalière qu’aucune de toutes .celles parmi lesquelles nous avons vécu;
Nous n’oublierons jamais les palais des Grands, où reçus avec complaisance,
nous passions des , jours pleins d’allégresse. Nous ne perdrons pas non plus
le souvenir des modestes cabanes, où entourés de troupes affables et
joyeusesy nous rencontrions des laboureurs et des bergers, mais nulle part
des paysans.
Voilà les voyages que nous avons entrepris dans l’intention de contribuer
aux progrès de la Science, en présentant au Public la Flore d’un des plus
beaux Pays de l’Europe, mais dont les richesses botaniques étaient restées
comme enfouies jusqu’aprésent.
Lbrsque nous fumes de retour dans notre patrie, le célèbre B r o t e r o
lit paraître un Recueil intitulé:
Phytographia Lusitaniae selectior. Faseic. I. Olisipone,
1801. Fol. min. c. Tab. aen. 8•
contenant les descriptions de 3 5 plantes; et trois ans après il publia un
travail plus étendu, sous le titre de:
Flora Lusitanica. Olisipone. 1804 Tom. 2. 8vo.
Cet ouvrage de B r o t e r o contenant un grand nombre d’objets qui y sont
très-bien traités, on pourrait croire superflu de publier, une nouvelle Flore
du Portugal,^ ët nous devons au public la communication des motifs qui
nous ont conseillé de poursuivre malgré cela notre entreprise.
D’abord cet Auteur n’a accompagné son texte d’aucune figure, et quant
à celles qui se trouvent dans son Phytographia, la manière en est un peu
dure. Ensuite il a omis presque par-tout les synonymes, qui pourtant, selon
notre opinion, contribuent singulièrement à la connaissance exacte des
plantes, Il mentionne en outre, comme nouvelles, nombre ■d’espèces que
le célèbre D e s f o n t a i n e s a déjà divulguées dans son F lo ra Atlantica par
des descriptions complètes et des figures excellentes; d’autres se trouvent
dans le F lo ra Britannica de S m i t h . Il lui arrive encore fréquemment,
faute d’avoir pu comparer ses espèces avec des échantillons de plantes
septentrionales, d’imposer des noms connus à maintes espèces qui en effet
sont nouvelles et non décrites. Enfin, et ée st-là le motif le plus fort, il
n’indique que par de courtes différences spécifiques plusieurs espèces, que
nous lui avons communiquées nous-mêmes, et dont il nous savait intentionnés
de donner des' descriptions plus détaillées. * Voilà les raisons qui nous ont
décidés à ne point abandonner notre projet de publier la F lo re Portugaise.
Entre tous les arrangemens méthodiques des végétaux, c’est pour le
Système naturel, proposé par le célèbre J u s s i e u , que nous sommes le
plus portés. Laissant de côté ~ les graves discussions à l’égard du Système
naturel et artificiel, sur lesquelles nous sommes fort loin de vouloir nous
ériger en juges, nous avouons pourtant franchement que le système sexuel
de L i n n é nous déplaît à cause de la trop grande variabilité de ses
caractères. Qu’y a - t - i l en effet de moins constant que le nombre des
étamines et des pistils, surtout sous un climat chaud et dans un terrain
fertile? Quelle variété n’avons-nous pas observée dans les pistils des Ficoïdes
(MesembryantheMum), desNigelles (Nigella), des Dauphinelles (Delphinium)
du Portugal ; quelle inconstance dans les étamines- du Polycarpe (Polycarpon),
des Morgelines (Alsine), des Chênes (Quercus), etc.! L ’on possède, il est
vrai, des catalogues des plantes placées dans le système sexuelt aux endroits
qui ne leur conviennent point; et combien ne faudrait-il pas les augmenter,
si l’on voulait suivre toutes les exceptions qu’offrent les variations des pistils
et des étamines! Il sera même presqu’impossible de les mentionner-toutes,
parce que la plus légère différence du sol ou du climat suffit pour en faire
naître. Mais un système qui n’indique pas les' exceptions auxquelles- il est
sujet, ne pouvant conduire avec sûreté à la connaissance des individus, il
est évident que celni - là ’ s’éloigne entièrement dé son but. Comme d’un
autre çô.té il n’existe presque rien au monde qui ne souffre ses exceptions,
il ne reste qu’à choisir celui des systèmes qui en sera le moins défiguré.
C’est dans ce cas que .se trouve sans contredit celui qui s’appuie sur la
situation des parties, caractère le moins chancelant de tous. Tel est le
Système, dit naturel, établi par J u s s i e u , çe profond connaisseur du Régne
végétal. Nous l’avons en effet adopté pour base, en tâchant cependant avec
le soin le plus scrupuleux* de donner à chaque Classe et à „chaque Ordre
des caractères ' exacts, faciles à saisir, et aussi courts que possible. C’est
par cette raison que nous avons rejeté pour les premières divisions, les
différences difficiles à démêler entre les Monocotylédones et Dicotylédones,'
les distinctions ambiguës entre la corolle monopétale hypogyne et périgyne etc.
L a série des Ordres a de même souffert un changement, parce qu’il nous a
paru peu avantageux de commencer par les Champignons, plantes, pour
ainsi dire, imparfaites, ou du moins peu- connues. Au lieu de cela,
nous débuterons par les M o n o p é t a l e s ; k elles seront suivies par les
P o l y p é t a l e s , dont ensuite'les A p é t a l e s se, rapprochent facilement:, et
ces dernières donnent une transition commode aux C r y p t o g a m e s .. Il
nous a , en outre, semblé préférable de définir les Ordres par des caractères
tranchans et concis plutôt que par ceux appelles naturels.
Quant aux Genres, nous les avons changés là où nous avons cm
devoir le faire selon notre persuasion; c’est aux maîtres de l’art à juger si
cette entreprise nous a réussi. Un des points les plus essentiels c’est d’avoir
soin que le caractère générique convienne à toutes les espèces; chose que
l’on regrette souvent de ne point trouver, même dans les Auteurs les
plus classiques.
Pour rendre l’arrangemènt plus clair, il sera placé, un tableau général
de la méthode à la tête de l’ouvrage, un' aperçu des Ordres à la tête de