substituer à la Latine. Il fallait pour cela suivre des principes justes et
fixes ; les voici : '
Pôuï faciliter aux Botahïsies la recherche des plantes dans le pays,
ainsi' qûe l’intelligence des Auteurs Portugais qui ne les ont désignées ' que
par leur norifs Vulgaires, nous avons recueilli avec soin, et consigné ici,
toùtés' ïés dénominations que nous avons trouvées, en usage dans les
différentes Provinces du Royaume. Mais tout comme ' le grand L i n n é a
senti la nécessité de substituer , aux noms vulgaires Latins des noms
systématiques, qui ensuite furent adoptés par tous les Botanistes, les Auteurs
des Florès particulières furent également conduits à* donner à léurs plantes
dés noms formés d’après de certains principes, et destinés non seulèment à
corriger les défauts dés noms vulgaires, mais aussi à établir entre la Nation
et les SaVans un rapport qui ne saurait pas exister, aussi long-tenis qu’ils
n’auraient pas le même langage.
Cependant la plupart des Auteurs qui ont entrepris un pareil travail,
semblent avoir perdu de vue le véritable motif de leur ouvrage. Au lieu
d’élever ' la Nation à la hauteur de la Science, en vulgarisant les noms
Latins, usités par les Botanistes, ils, ont voulu forcer ceuxrci d’adopter les
noms vulgaires. Au lieu de laisser à chaque,. Genre celui qui lui æ été
consacré par l’usage des Savans, ils lui ont donné la dénomination employée
dans le pays pour une seule Espèce.
Il était pourtant aisé de remarquer, que le nom vulgaire d’une plante
exprime cet ensemble de propriétés qui en constituent le caractère particulier,
et que par conséquent il ne saurait être employé à désigner le caractère
collectif qui réunit sous un même Genre des Espèces d’un, .^aspect souvent
fort différent. Il est vrai que cet inconvénient n’à pas lieu, lorsqu’il ne
s’agit que d’une Espèce, et pas d’un Genre. Mais* même dans ’ce cas, on
trouvera, qu’un nom vulgaire ne saurait être préféré à un nom .systématique,
si? Mon observe, que ce n’est pas en embarrassant les Savans dune foule de
termes nouveaux qu’on obtiendra le but de vulgariser la Science, mais qu’il
faut au contraire accoutumer la Nation à des noms aussi ressemblans que
possible à ceux dont les Sayans. font usage. .
D’après ces différentes considérations, il n’était pas difficile de découvrir,
que pour satisfaire au but qu’on se propose en créant dans un Idiome, tel
que le Portugais, une nomenclature systématique, il faut adopter aussi
littéralement que possible les noms Latins, sans y faire d’autre changement
que l’absolument nécessaire, pour que le mot adopté ait le coin national.
C’est pourquoi nous les avons conservé presque tous> sans autre altération
que celle que le génie de la Langue rendait indispensable. Seulement
lorsqu’ils auraient pu blesser là décence,% ou qu’ils existaient déjà dans la
Langue Portugaise avec'une signification très-différente du sens botanique,
ces deux cas, d is - je , ont été les seuls, où nous avons cru devoir y
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substituer un nom Portugais, qui sans lui ressembler pour la forme, eut la
même signification.
L à ou il y avait plusieurs synonymes, on a choisi celui qui a paru le
plus, expressif^ et toutes les fois que dans la suite le même mot Latin s’est
présenté, il a été rendu constamment par le même mot Portugais, dans la
persuasion, qu’en pareil cas la richesse des expressions n’est qu’un luxe non
seulement inutile, “mais préjudiciable. Nous espérons que la nouveauté des
mots adoptés ne sera pas une raison. pour les rejetter. Il a de tout
tems été permis, et même méritoire, d’enrichir les Langues, pourvu qûe
ce fut d’après *. de justes analogies. Quand aux innovations dans la
Langue Portugaise,- son art grammatical prescrit le Latin comme premier
modèle; ce précepte a été suivi. Nous avouons avec gratitude, ayoir été
considérablement .aidés dans ce travail q>ar un ami, qui étant de la Nation
même, et pourvu de toutes les connaissances réquises, se trouvait juge
parfaitement compétent. L ’unique récompense que nous souhaitons pour
notre peine, c’est que la Nation Portugaise, quittant une fois pour toutes
les dénominations confuses et variables dont elle caractérisait jusqu’aprésent,
et très-imparfaitement, une fort petite partie des végétaux de son pays,
veuille adopter pour la suite, et généralement, les noms de toutes les plantes
que lui suggère notre Flore;/
Une difficulté très-embarrassante qui s’est, présentée* en projettant cet
Ouvrage, ce fut de choisir la Langue dans laquelle il devrait être écrit.
Chacune de celles qui paraissaient y avoir des droits, offrait ses avantages et
ses inconvénient. L e Portugais était l’idiome le plus favorable pour les
habitans du pays <dont nous publions les productions; mais il anullait
l’utilité de notre traité pour la plus grande partie du reste de l’Europe.
Le, Latin mettait tous les Savans à portée d’en profiter; mais il pouvait
déplaire aux personnes^ auxquelles il ne serait pas familier. L ’Allemand,
quoique notre Langue maternelle, et fort cultivé pour la terminologie,
aurait encore' trop circonscrit notre public, au détriment de la Science
même. L e Français au contraire, par son universalité, se présentait sous
un point de vue plus avantageux. Mais sa Terminologie botanique, quoique
traitée avec diligence par plusieurs Auteurs de grand mérite, ne nous
paraissait pas encore arrivée à ce .point d’exactitude et de précision
distinctive, que nos travaux à cet égard ont rendu et possible et nécessaire;
d’un autre côté il était à craindre, que les Savans étrangés ne fussent pas
assez familiarisés avec une nomenclature sur laquelle les Botanistes Français
eux-mêmes ne sont pas entièrement d’accord. Après, avoir long-tems et
mûrement réfléchi sur cet objet, et pésé scrupuleusement-les argumens pour
et contre, il nous a paru qu’un terme moyen remplirait le plus de vues à
la fois. On peut supposer sans balancer, que tous les Botanistes entendent
parfaitement un bon Latin scientifique. Il parait tout aussi probable, que
la plupart des Amateurs, assez curieux et opulens pour se procurer des