Alexis, second empereur byzantin du nom do Comnène, était
fils de Jean, mêgadomtsticus à la cour de son frère Isaac Gom-
nène; nè à Constantinople en 1(148, il avait aussi été revêtu
de la dignité de mégadomesHcus par Nicôphoro Botaniato,
qu'il détrôna après s'ètro fait proclamer par l’armée ; il fut
couronné sous le nom d’Alexis fw Gomnène le 1" avril 1081.
De graves désordres signalèrent à Constantinople l’avènement
de ce prince, qui entra violemment dans cette capitale à la
tète de Grecs indisciplinés et de barbares attirés par l’espoir du
pillage. L’armée d’Alexis se précipita dans les églises, les
palais, les monastères, dans les maisons, insultant outrageusement
les femmes et les filles, traitant Constantinople en ville
ennemie. Prince habile et rusé jusqu’à l’astuce, comme il le
prouva du reste dans maintes occasions, mais surtout pendant
le passage et le séjour des croisés dans sa capitale, Alexis, soit
par politique, soit peut-être par un sentiment de repentir,
voulut expier publiquement les crimes commis en son nom :
il mit un terme au pillage en jetant à ses troupes l’or et l’argent
qu’il trouva dans les caisses de l’État ; puis, en présence du
patriarche, des sénateurs et des principaux officiers, il fit la
confession de ses fautes, demanda pardon à Dieu, et subit la
pénitence que lui prescrivit le synode; revêtu d’un cilice sous
sa robe de pourpre, il coucha sur la terre et jeûna pendant
quarante jours.
Si, comme général, Alexis, avant son avènement, avait
par son courage défendu l’empire, il e u t, comme empereur,
à repousser les attaques des Dâlmates, des Gomans
et des Scythes, qui dévastèrent la Thrace en 1088 et 1089 et
dont il vint à bout par la ruse et le fer; mais il fut moins heureux
contre Robert Guiscard, qui enleva à l’empire grec ses
dernières possessions en Italie et en Illyrie. De leur côté, les
Turcs s’étarit rendus maîtres de Nicomédie et de N'icée, Alexis
attire à Constantinople 1« sultan Abou-Kasern, le comble d'honneurs
et de présents et lui fait signer un traité de paix; mai*
pendant ces trompeuses démonstrations, la flotte impériale
s’empare de Nicomédie et la guerre ne tarde pas à recommencer.
Alexis, pressé de toutes parts, appelle à son secours les
croisés de l’Occident, qu'il se bâte bientôt de faire traverser le
lîosphoro pour s’en débarrasser, et finit par s’allier contre
eux avec les Infidèles.
Après la mort d’une fille de la famille des Argyre qu’AIexis
avait épousée avant son élévation à l’empire, ce prince prit
pour seconde femme Irène, fille d’Andronic üucas, dont il
out une nombreuse postérité, trois fils et quatre filles, parmi
lesquelles Anne, l'aînée, naquit le 1er décembre 1083, reçut le
diadème peu de jours après et écrivit plus tard YAlexiaie, ouvrage
destiné à célébrer le règne de son père. Des trois
fils, Jean, Andronic et Isaac, Jean, l’aîné, né en 1088, fut
couronné par son père en 1092, et les deux autres furent
promus à la dignité de sébastocrator. Andronic fut tué à la
fleur de l’âge dans un combat contre les Turcs, peu de temps
après la mort de son père; Isaac devint la souche de laquelle
sortit la lignée des empereurs de Trébizonde. L’impératrice
Irène survécut à son mari et prit le voile sous le nom de
Xène.
Alexis Comnène, en montant sur le trône, appela prés de
lui le jeune Constantin Porphyrogénéte, fils de Michel Ducas
et de Marie, et lui rendit les prérogatives des augustes; il lui
fiança sa fille Anne Comnène, mais la mort prématurée de
Constantin empêcha la consommation de ce mariage. Les historiens
sont d’acCord sur ce point que le jeune Constantin occupait
le second rang, signait les actes impériaux et était nommé
après Alexis dans les proclamations publiques. Ce fait du reste
se trouve confirmé par l’existence de monnaies sur lesquelles
Alexis I" et Constantin sont représentés ensemble et nommés.
Ce fut sous le règne d’Alexis que s’accomplit la première