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îong-tems, ils en deviendroient malades. Ils n’en
mandent que par néceflité , 6c n’en veulent point
«lu tout à la mûe.
Le chat-huant eft une viande ■ douce, légère, bien
ipafl'ante 6c peu nourriffante.
L’allouette 6c le coche vis font une bonne & ex-
■ cellente viande ; ils font bien nourriffans & tiennent
votre oifeau en haleine 6c en fanté.
L’hirondelle & le martinet font une viande fort
chaude , & ne font bons que pour le tems de la
■ mue , encore faut-il les écorcher, parce qu’ils ont
3a peau très amere.
Le moineau eft une viande chaude qui ne vaut
tien pour les oiféaux malades, 6c ne leur eft propre
•que dans la mue.
La pie-grieche & la poule d’eau ne valent rien.
Le vieux ramier eft de la fubftance du vieux pigeon
, fi ce n’eft que le fang en eft encore plus grof-
ifier & plus chaud. ^
Il en eft de même du bizet, dont néanmoins k
•fang n’eft pas fi groflier ni fi chaud. II faut bien laver
toutes ces viandes chaudes.
La tourterelle eft une bonne viande, légère, délicate
6c bien paffante.
La poule eft une bonne viande, légère & paffante ;
«lie tient l’oifeau en bon état & en fanté.
Le perdreau eft de même fubftance , encore plus
léger & plus paffanr.
La huppe eft une mauvaife viande qui eft aigre.
La bergeronette eft une bonne viande.
Le lievre avec le fang tout chaud eft une viande
■ aigre, paffante & légère ; elle tient l’oifeau en bon
•état ; mais à la longue elle l’amaigrit.
Le lapin eft une viande légère, paffante & peu
mourriffante ; il faut en donner à un oifeau qui fait
■ de mauvais émeux.
Le mulot rouge des champs eft une bonne viande
, affez délicate 6c bien paffante.
Quant 4 la viande de boucherie, le mouton eft
chaud , bien nourriffant, remplit votre oifeau, lui
donne de la craye 6c la courte haleine. Il le rend
encore pefant , 6c fouvent même malade. Cette
viande , pour en ufer, veut être bien lavée. Le
coeur de mouton n’a pas de fubftance.
Le boeuf eft une viande grofliere 6c paffante, qui
ne donne guere de nourriture. Quand elle eft mouillée,
elle élargit les boyaux de l’oifeau, 6c lui caufe
des maladies. S’il en ufoit continuellement, il per-
droit fon corps. Il eft bon de lui en donner une fois
la femaine. Le coeur du boeuf eft une mauvaife viande
fans fubftance.
Le veau eft une viande légère, fans fubftance,
douce & paffante ; elle n’eft propre qu’à mettre un
oifeau en appétit, 6c ne vaut rien pour fa nourriture.
Le porc eft une viande grofliere qui falit les oi-
■ feaux , 6c leur ôte l ’appétit ; il ne leur en faut guere
donner, ou quelques gorges tout au plus, lorf-
qu’ils commencent à perdre leurs corps , ou quand
il fait un froid exceflif, parce que cette viande eft
une nourriture forte.
Des maladies qui arrivent aux oifeaux.
On connoît qu’un oifeau a le rhume , lorfqu’on
lui voit fermer un oe il, qu’il a la vûe changée, Je
coin des yeux enflé, la tête hériffée, & qu’il éternue.
On connoît qu’un oifeau a le chancre , lorfqu’on
le voit mâchonner & baver en mangeant, & qu’il
allonge le col pour avaller.
On connoît la craie 6c les filandres, quand l’oi-
feArfait de grands baillemens ; qu’il émutit en allongeant
le col j qu’il porte fouyent la tête fur les
rems , 6c qu’il a les yeux enfoncés & la tête hérif-
fee.
Il y a mêmes fymptomes pour les aiguilles.
Le haut-mal fe connoît aifément par toute l’action
de l’oifeau.
Le mal fubtil fe manifefte par une grande envie
de manger, 6c lorfque l’oifeau ne profite point.
Le panthois fe connoît, quand l’oifeau bat fur la
croupe ; lorfqu’on lui préfente de la viande, il mâchonne
6c fait le niquet.
Pour connoître quand un oifeau eft en fanté, il
faut en le découvrant l’examiner. On brûle à cet
effet un fagot, de maniéré qu’il voie le feu , 6c que
rien ne lui faffe obftacle. Si alors on le voit enduire
, s’éplucher, bander, faire l’ange, & fe fecouer
fouvent, on peut compter qu’il fe porte bien.
Remedes convenables à toutes les maladies & aux acci-,
de ns qui J'urvienntnt aux oifeaux.
Il arrive fouvent que les oifeaux en volant fe
bleffent les mains, 6c qu’elles deviennent enflées.
Le premier remede à cet accident eft de les faigner,
de leur couper la ferre, 6c la laiffer faigner une heure
ou même davantage ; puis on brûle légèrement
le bout delà ferre, afin d’en étancher le fang. Si ce
remede ne les guérit point, on ufe du fuivant.
On prend une poignée de joubarbe , fenouil,'
graine de lin , rofes de Provins à proportion, 6c
une chopine de vin blanc, le plus couvert qu’il fe
peut trouver. On fait bouillir le tout dans un pot
neuf, jufqu’à ce qu’il foit réduit en marc, & on en
étuve les mains de l’oileau deux ou trois fois le
jour. S’il ne guérit pas, il faut laiffer réfoudre le
mal ; 6c quand on le verra apoftumer, y mettre fo
feu avec un ferrement , puis avoir des limaçons
rouges , les prefler, & de ce qui en fort , les en
frotter pour amortir le feu, 6c enfuite y mettre de
la graillé de poule.
Il arrive aufli que les oifeaux s’arrachent une
ferre en volant. Pour les guérir, il faut avoir de la
térébenthine de Venife avec des crottes de chevre ,
faire un petit doigtier bien jufte , & le remplir de
cette compofition. On laiffera ce doigtier a l’oifeau
Tefpace de trois femaines , & au bout de ce tems il
fortira un ongle qui fera bientôt en état de fervir ,
6c l’oifeau ne fouffrira plus de mal.
Quelquefois encore les oifeaux s’arrachent la
panne des aîles en volant. Or il faut remarquer que
ce qui tient les aîles, eft une chair nerveufe qui enveloppe
le tuyau des plumes, & qu’aufli-tôt que ce
tuyau eft découvert, le trou fe bouche ou fe retire ,
6c bientôt la panne fe deffeche. Pour remédier à
cet accident , on prend un grain d’orge avec du
baume, qu’on introduit dans le tuyau le plus avant
qu’il eft poflible, mais prenant garde de le faire faigner.
Par ce moyen la panne qui revient, fait for-
tir le grain d’o rge, & quand l’oifeau mue, les vielles
pannes ne tombent point que les jeunes ne les
pouffent, en forte que le tuyau n’eft jamais vuide.
Quelquefois les oifeaux font des oeufs à la mue,1
principalement quand ils font bien nourris. On en
a vû faire des oeufs plus de cinq ans de fuite à chaque
mue. Quatre jours avant que de pondre, ils
font bien malades , ils crient, 6c ne veulent point
manger ; ce qui les affoiblit beaucoup. Pour les empêcher
de faire des oeufs , on prend de l’eau d’endive
, de l’eau de vigne, 6c de l’urine d’un enfant
mâle ; le tout étant bien mêlé enfemble, on détrempe
leurs viandes de cette compofition ; & il
eft d’expérience , qu’après cela ils ne font plus
d’oeufs.
Les oifeaux , tant à la mue qu’en volant, font
I fujets aux tignes. C ’eft une vermine femblable aux
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inittes, qui s'attache ait tuyau des grofles pannes ,
6c qui les tourmente fi fort, qu’ils coupent quelquefois
leur pannage. Pour prévenir cet inconvénient,
on fait avec la cendre de farment une leflive , dont
on lave le pannage de l ’oifeau, 6c il eft bientôt guéri.
Ces tignes proviennent de faleté 6c du peu de
foin qu’on a des oifeaux»
Les oifeaux qui foutiennent en faifant des def-
centes, font fujets à fe donner de grands chocs, &
tombent quelquefois comme s’ils étoient morts. Il
faut dans ces fortes d’accidens avoir de la momie
ou mumie toute prête, leur en faire avaller dans un
coeur de poule, 6c, félon l’état oît ils fe trouvent,
les faire repofer. On ne leur donne à manger que
long-tems après , 6c il faut que ce foit une viande
fort légère 6c bien paffante. Si l’oifeau fe trouve
mal, on lui fait avaller des pilules douces , oit l’on
met un peu de rhubarbe, 6c on ne lui donne à manger
que quatre ou cinq heures après, de maniéré
qu’il refte fur fon appétit. Si c’eft un oifeau de paf-
jage, il faut lui donner une cuiffe de poule , parce
que fa chair approche plus de celle de l’oifeau paf-
lager. Si c’eft un oifeau niais ( c’eft-à-dire pris au
n id ) , on lui donne cUi filet de mouton, parce qu’il
en a été nourri en général. Lorfqu’on a un oileau
malade ou dégoûté, il faut fe fouvenir quelle efpe-
ce de viande il aime 6c digéré le mieux , 6c lui en
donner.
Les tignes caufent aux oifeaux de fauconnerie un
mal qui s’attache d’ordinaire au bec.
Quand leur bec devient blanc & pâle, cela provient
de féchereflë. II faut, pour guérir cette maladie
, faire abattre votre oifeau, 6c lui ôter jufqu’au
v if tout ce que vous lui verrez de blanc au bec.
Lorfque les oileaux font trop long-tems fans manger
, il leur furvient une maladie qui les empêche
d’enduire & de rendre gorge. Ils mangent avec beaucoup
d’avidité, & paillent la viande à groffes bec-
cades ; mais par la débilité 6c le refroidiffement de
leur eftomac, ils ne peuvent faire la digeftion , tellement
que la viande s’entaffe, & ne peut paffer.
Les viandes défendues aux oifeaux malades, font
la caille, le moineau, le vieux pigeon, le ramier &
le b ifet, parce que le fang en eft fiévreux.
Ordre de ce qui fe pratique dans la Fauconnerie*
Quand le roi veut avoir le plaifir de la chaffe aux
oifeaux, 6c jetter lui-même un oifeau, c’eft au chef
du vol à le préfenter au grand fauconnier qui le met
fur le poing du roi.
Après que l’oifeau que l’on vole eft pris, foit perdrix
, foit milan, foit corneille, le piqueur en leve
la tête, & la donne au chef du vol ; celui-ci (a porte
au grand fauconnier, 6c ce dernier la préfente au
roi.
P L A N C H E X .
La vignette repréfente la cuifine oîi on prépare
la nourriture des oifeaux.
Fig. i. Fauconnier qui faigne un pigeon vivantdans
la viande hachée qui eft contenue dans la terrine
e.
Fauconnier qui coupe le gigot avant de le hacher.
a > gigot de mouton.
b f tranche de boeuf. On coupe ces viandes par
morceaux, & o n les hache fur le billot c avec
le couperet d.
c > terrine où on met le hachis.
ƒ , aîle de pigeon détachée du corps, pour donner
1 aîle à l’oifeau qui eft tenu fur le poing.
C eft ce qu’on appelle faire tirer Voifeau, ou
l'acharnerjur le tiroir;
S S E S. , ,
g-, oeuf que 1 on mêle dans la nourriture.
A, cures, petits pelotons de filaffe , longs d’un
pouce, que l’on fait avaler aux oifeaux. On y
attache un petit morceau de viande, quand
l’oifeau ne veut pas les prendre fecs. ^
•k, petits cailloux que l’on fait avaler aux oifeauxi
/, pot à l’eau.
■ m, poulie que l’on mêle dans la nourriture.
n , poîlon pour faire chauffer l’eau en hiver.
o , levrier.
P , épagneul.
q, mâtin. Ces chiens fervent à courre les diffé-
rens gibiers auxquels ils font propres, pendant
que l’oifeau les vole.
Bas de la Planche*
Fig. i . Jet Ou geais. On voit en A B comment le jet
embraffe la jambe de l’oifeau ; & à l’autre ex*
trémité, comment la vervelle eft attachée.
z. Longe.
3. Plate longe.
4. Bride.
5. Maniéré d’enter de nouvelles plumes à un oi*
feau, en place de celles qui font caffées. A B
partie de la plume qui tient au corps de l’oi*
feau. C D , plume que l’on veut enter. Il faut
les couper obliquement, comme il eft marqué
par la ligne a b , & faire entrer l’aiguille \fig*
6 ), dont les deux bouts font affilés triangulai-
rement ; fçavoir, la moitié dans le tronçon
qui tient au corps de l’oifeau ; & l’autre moitié
, dans la plume que l’on veut placer, ayant
préalablement trempé l’aiguille dans du vinaigre
, pour faire rouiller plus facilement. Il faut
obferver que la plume que l’on remplace, foit
du même rang que celle que l’on a ô tée, & d e
la même forte d’oifeau ; c’eft pour cela que
l’on en conferve les aîles lorfqu’ils meurent.
6. Aiguille.
7. Fauconniere, Sacs de treillis , qui font attachés
à l’arçon de la felle du fauconnier, 6c fervent
à mettre tout ce qui fert à la chaffe dans la
plaine, comme pigeons, viande des oifeaux,
&c. Un des côtés de la fauconniere eft à couvercle,
ƒ#. 7. 6c l’autre en forme de bourfe ,
A ? -8.
P L A N C H E X I .
Fig. 1. Chaffe des petits oifeaux à l’abreuvoir.
Elle commence fur la fin de Juillet, tems où les
petits oifeaux ont cefle de nicher, 6c viennent en bandes
boire aux mêmes endroits. Les heures favorables
font depuis dix jufqu’à onze, depuis deux jufqu’à
trois, & une heure & demie avant le coucher du
foleil. Cette chaffe fe fait ou aux gluaux, ou au filet.
Il faut que l’endroit foit découvert & à l’ombre;
rendre l’accès facile où l’on tend le p iège, 6c em-
barraffer les autres par des branches , de l’herbe 6C
de la terre, du chaume, &c. Plus il fait chaud, plus
la chaffe eft sûre. En tems de pluie elle eft mauvaife
; c’eft la chaffe au filet qu’on voit dans cette Planche.
Le filet eft long d’une aulne 6c demie ou environ
, fur trois quarts de large , de fil retors. On
pratiquera dans un lieu tranquille & commode un
petit abreuvoir, à-peu-près de l’étendue du filet,
& large d’un pié, plus ou moins. II faudra que l’endroit
aille du filet à l’autre côté en talud ou glacis ;
que l’eau foit couverte aux environs, & que ces
aifpofitions fe faflent quelque tems avant la chaffe,
afin qu’elles ne paroiffent point étranges aux oifeaux.
Tendez le filet comme vous voyez. Cachez-
vous derrière un arbre, une haie, ou quelqu’autre
couvert; que les extrémités des bâtons qui tiennent