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traverfer que clans le fens oîi elle eft mobile. En
cet état, il faut placer une poule vivante au milieu
de la trape, & l’y attacher. Si alors il vient
un renard ou un loup pour la devorer, a peine
aura t-il paffé le bord de la trape que fa pefanteur
la fera enfoncer, & l’animal tombera dans la forte
où il demeurera enfermé, la trape reprenant tout
de fuite la fituaiion horizontale. On voit dans la
figure un renard qui tombe dans la fofle,.& plu-
fieurs autres qui le regardent.
x. Autre fofle découverte pour le même ufage. Sur
le bord de la fofle & dans l’alignement de la coulée
où on la fuppofe placée, on établira une planche
en équilibre, enforte qu’une des extrémités
réponde au centre de la folie. C’eft à cette extrémité
que l’on placera la poule; & un renard ou
un loup venant pour s’en faifir, & ne trouvant
d’autre chemin que la planche, l’animal paflera
deflùs, & tombera dan< la fofle d’où il ne pourra
fortir : là on pourra le fufiller à fon aife.
3. Autre piege , nommé traquenard, pour prendre
les loups ou les renards. On ajufte ce piège avec
un morceau de charogne, fuivant la forte d’animal
que l ’pn efpere y prendre. Voye{ lesPl.fuiv.
4. Autre forte de piège ou d’hameçon que l’on fuf-
pend à quelques branches d’arbre. On ajufte ce
piège avec quelque morceau de charogne ; & 1 a-
nimal vorace venant pour s’en faifir, engueule la
barre inférieure du piège, laquelle étant tirée en
en-ba#, laiffe détendre la piece fupérieure qui eft
pouffée par un reflort. Cette piece terminée par
deux crochets aigus, tombe lur le nez de l’animal
qui ne peut s’e'n débarraffer, & y demeure ainfi
fufpendu. On voit dans la figure un renard pris,
& le fécond qui faute après l’appât.
On charte aufli le renard avec des chiens. Cette
charte, outre qu’elle Ce fait à peu de frais, & qu’elle
eft allez divertiffante, eft extrêmement néceffaire;
car cet animal fait un dégât étonnant de gibier
dans les endroits où il fe retire. Il prend les lapins au
gîte,il déterre les petits îapreaux dans les garennes
& les dévore; il découvre les nids de perdrix, les 1
furprend fur les oe ufs, mange les perdreaux, quand
il en trouve, & fe jette même fur les levreaux dahs
les plaines. Cet animal eft fort vite & court bien; il
eft très-adroit d’ailleurs, & quand il guette fa proie,
il eft bien rare qu’il la manque. Il eft encore plus redoutable
lorfqu’il a famille ; car il va dans les fermes
& dans lés villages, & s’il trouve de la volaille, il
ne manque pas de fe jetter deflùs, & l’apporte à fes
petits dans fon terrier. Lorfque fes renardeaux font
un peu forts, il les mene au long des haies pour leur
apprendre à y attraper oifeaux ou gibier, & pour les '
former de bonne-heure à l’art d’attraper leur proie.
Il eft donc important, pour fe conferver le plaifir
de la chafle du lievre & de la perdrix, de détruire
ces animaux qui ne s’attachent qu’à nous les enlever.
Il eft inutile de vouloir les forcer avec des chiens
courans : les braques fuffifent. Dès que le renard eft
chafle par les chiens, il court au plus vîte à fa tanière
pour s’y terrer ; mais pour l’attraper, voici ce
qu’il faut faire.
Il faut d’abord chercher les terriers, dans les bois
& dans lesbuiflons où ces animaux vont fe retirer,
& lorfqu’on en a découvert, il faut s’y tranfporter
de grand matin, même avant le jour, c’eft à-dire,
avant que les renards foient rentrés dans les bois,
& faire bien boucher les terriers. Cependant les
chaffeurs fe difperfent ; les uns montent fur des arbres
pour les guetter au partage ; d’autres s’embuf-
quent auprès des terriers ; & il faut que ceux qui
choififfent ce porte, foient bons tireurs, parce que
c’eft l’endroit le plus sûr pour les rencontrer. Lorf- I
que tout le monde eft porté, un valet va découpler I
les chiens pour les faire quêter, afin de lancer en-
fuite les renards. Les chiens d’ordinaire aiment à les
chafler, parce qu’ils ont affez de fentiment & qu’ils
ne rufent pas comme les lievres» En effet, ils percent
toujours, ils battent un buifl'on d’un bout à l’autre,
& à plufieurs fois, retournant fouvent à leurs tanières
pour s’y terrer; c’ert là que les chaffeurs,
pour peu qu’ils tirent bien, ne les manquent guere.
Lorfque le renard eft tué, on le fait fouler aux
chiens, pour les animer à le mieux charter dans la
fuite.
On peut encore, fi l’on veut, détruire les renards
fans les chafler. C’eft ordinairement vers la fin d’ A-
vril & au commencement de Mai que ces animaux
forment leur ménage : ils cherchent dans ce tems-là
des terriers commodes ; ils les préparent eux-mêmes,
& les nettoyent afin d’y être plus à leur aife. Lors
donc qu’on aura remarqué ces terriers, on préparera
de petites boules compofées de noix vomiques
nouvelles. Enfuite on prendra un poulet mort
ou un pigeonneau , que l’on plumera, en le fletrif-
•fant le moins qu’il fera poflible : on le fendra par-
deffus le dos, fans y toucher de la main ; & avec un
petit bâton on introduira ces petites boules, en les
enduifant un peu de graille, dans le corps du poulet
ou du pigeonneau, qu’on ira porter à l’entrée du terrier.
Les renards ne maqueront pas de le prendre &C
de le manger : ils mourront sûrement, & par ce
moyen on fera délivré de toute la portée.
" Jufqu’ici nous avons extrait ces explications, du
Traité de la venerie du fieur de Chappeville,gentilhomme
de la venerie du roi.
Bas de la Planche.
Plan d’un chenil propre à contenir tout ce qui
concerne un grand équipage de chafle.
Le chenil que nous propofons, confifte en une
grande cour entourée de bâtimens fur deux faces,
& fermée fur les deux autres par deux murs de clôf
ture,au milieu defquels il y a une grille. Dans le milieu
de cette cour eft un baflin avec jet-d’eau qui eft
entouré de quatre pièces de gazon. Les de*ix corps
de bâtimens font terminés par quatre pavillons, dans
lefquels font les logemens des piqueurs, des valets
de limiers, valets de chiens, &c. aufli-bien que le
fournil où on fait le pain qui fert de nourriture aux
chiens. L’étendue du rez-de-chauffée eft divifée en
plufieurs chambres dans lefquelles font les différentes
meutes deftinées foit pour le cerf, chevreuil ,
fanglier1, loup & le vautrait, compofées les unes
de grands levriérs, lévriers, dogues, &c.
A y porte d’entrée.
B , une des chambres du chenil.
C C C , tolas ou lits des chiens, fur lefquels on
étend de la paille fraîche.
D , cage de fer au-deflùs de laquelle eft le logement
du valet de chiens : c’eft dans cette cage
de fer ou retranchement que l ’on fait entrer les
chiens qui font trop gras, pendant que les au-,
très mangent une partie de la mouee.
F, cuvette ou fontaine où les chiens vont boire.
G G , efcaliers pour monter à l’étage au-deflùs
qui fert de logement.
H H , partages fermés par une grille pour entrer
dans le cnenil.
Les autres falles font diftribuées de la même ma-,
niere.
P L A N C H E V I I .
La vignette repréfente l’intérieur d’une des falles
du chenil, laquelle eft décorée de fculptures repré-
fentant, foit des têtes de cerfoufanglier,6*c. A, porte
d’entrée. CC,tolas. D , cage de fer où on enferme les
chiens gras. B, fupente où couche.le valet de chiens.
C H A S
Ce font les valets de chiens ou des gardes-chartes
qui font ordinairèment chargés de l ’éducation des
chiens : or voici la maniéré.
Maniéré de bien élever , de dreffer les chiens d?arrêt,
de les mettre au comipandement, de les faire chqffer
de pris , de leur faire arrêter le. gibier , de leur apprendre
à rapporter par force , fe tenir à cheval &
aller à eau.
Au bout d’un mois ou de fix femaines , on retire
les petits chiens de deffous la mere , & on les fait
élever à la campagne dans des baffes-cours, parce
qu’ils s’accoutument avec les beftiaux & les volailles.
Il y a deux efpeces d’animaux auxquels ils s’attachent
ordinairement. Ils courent la volaille en
iouant, & la tuent. Il eft aifé de les en corriger,
fur-tout dans les commencemens , en les faifant
fouetter ; mais le moyen le plus fûr eft de fendre
un bâton qui foit long d’environ un pié , de paffer
la queue du chien dans la fente du bâton , & de lier
le bout qui eft fendu avec une ficelle , de maniéré
que la queue'du chien fe trouve affez preffée, pour
qu’il fente de la douleur. Il faut attacher à l’autre
bout du bâton une poule par le gros de l’aîle près
du corps avec une ficelle , & lâcher le chien en _jui
donnant quelques coups de fouet. Le chien edurt
de toute fa force , à caufe de la douleur qu’il fent à
la queue, & comme la poule qu’il traîne bat de l’aile
& crie, il croit que la douleur qu’il reffent eft cau-
fée par la poule. A force de la traîner, il la tue ; &
las de courir , il va fe cacher en quelque lieu de la
bafle-cour. Alors on va lui détacher le bâton, &
on lui bat la gueule avec la poule morte. Ordinairement
cela les corrige la première fois ; mais ils ne
fouffrent point qu’on le réitéré plus de trois fois.
L ’autre animal auquel les jeunes chiens s ’attachent
& qu’ils courent, c’eft le mouton. Rien n’eft encore
plus facile , que de leur faire perdre cette habitude.
Il faut prendre un bélier,qui eft le mâle de la brebis, le
plus fort que l’on peut trouver, & on le couple avec
le chien. En les lâchant, on fouette le chien tant
qu’on peut le fuivre. Ses cris font peur au bélier qui
fuit de toute fa force & entraîne le chien. A la fin
cependant il perd fa peur ; & ennuyé de traîner le
chien , il le charge à coup de tête. En réitérant ce
moyen , il n’y a point de chien qu’on ne corrige &
qui ne fuie les moutons, quand il les rencontre.
Il y a trois fortes de chiens propres à dreffer pour
arrêter les perdrix, les cailles & les lievres. La première
efpece eft le braque, qui eft un chien ras de
p o il, bien coupé & fort léger. Il convient dans les
plaines, parce qu’il réfifte à charter pendant la chaleur
, & qu’il a dans ce tems le nez meilleur que tout
autre chien. La fécondé efpece eft ¥ épagneul, qui
eft un chien plus chargé de poil que le braque : il
convient mieux dans les pays couverts. La troifieme
efpece eft le griffon , qui vient de Piémont & d’Italie
: il a le poil hériffé & droit ; il eft très-docile,
arrête plume & poil, va à l’eau, & charte de gueule
toutes fortes de bêtes , comme le chien courant. La
race en eft rare en France , & il eft très - difficile
d’en trouver.
Il faut qu’un chien d’arrêt foit bien fait & léger,
qu’il foit plus haut du devant que des hanches, qu’il
ait l ’épaule ferrée, le poitrail étroit, le col court &
un peu gros , peu d’oreille & haute , le nez gros &
ouvert, le pié de lievre, c ’eft-à-dire long , étroit
& maigre, ou bien fort court, rond, petit & maigre
, la côte plate, le rein large , enfin que le fouet,
quand il quête , rafe les jarrets en croifant. Les
chiens qui ont le devant haut & le col court, portent
le nez haut , & ne fouillent point, c’eft-à-dire
S E S . 1 1
qu’ils ne mettent point le nez à terre, & ils font toujours
fort vîtes. Ces chiens conviennent dans les provinces
où le gibier eft rare , parce qu’ils quêtent
légèrement & battent beaucoup de pays. Par cette
raifon, ils trouvent plus de gibier que les chiens
pefans , qui ne conviennent proprement que dans
les terres confervées , comme font les plaifirs du
roi.
Il eft important de ne pas commencer à dreffer
un chien pour arrêter le gibier avant qu’on l’ait fait
charter ; ca r , s’il porte le nez à terre & qu’il fouille,
il eft inutile de l’entreprendre , ce fera toujours un
mauvais chien d’arrêt. Il faut qu’il charte le nez
haut, & qu’il en ait beaucoup.
On doit donc le mener pendant quelque tems
pour lui apprendre à connoître fon gibier & à quêter.
Il court d’abord après tous les oifeaux, les corneilles
, pigeons, &c. Il faut le laiffer faire fans lui
rien dire, & bientôt il quitte cette habitude pour ne
s’attacher qu’à la perdrix, qu’il s’ennuie pourtant à
la fin de courre, aufli-bien que les autres oifeaux.
Pour-lors il faut fonger à le mettre au commandement
: & voici comment. On lui met un collier, &
on lui laiffe traîner un cordeau de vingt ou vingt-
cinq braffes de long ; on ne l’appelle jamais pour le
faire revenir , qu’on ne foit en état de prendre le
cordeau. Quand on le tient, pour-lors on appelle
le chien. S’il perce & continue toujours fa quête,
& qu’il donne dans le collier, on lui donne une façade
en l’appellant , ce qui lui fait fouvent faire
une culbute, le chien revient aufli-tôt à vous , ôc
il faut bien le careffer. Il eft même à propos de porter
dans un petit fac des os & d’autres friandifes pour
les lui donner ; car c’eft une maxime indubitable
que toutes les fois qu’un chien vient vous retrouver
, lorfque vous l’avez appelle , il ne faut jamais
manquer à le careffer , fur-tout quand on le veut
bien dreffer.
Quand votre chien eft accoutumé à revenir lorfqu’on
l’appelle, il faut l ’accoutumer encore à croi-
fer & barrer devant vous ; car rien n’eft plus defa-
gréable qu’un- chien qui perce fans ceffe en avant.
Or voici comme il faut s’y prendre. Lorfqu’il perce,
vous lui tournez le dos , & marchez d’un fens contraire.
Quand le chien s’apperçoit qu’il ne peut vous
v o ir , & que vous êtes trop éloigné , il vient vous
chercher, pour lors vous le careffez , & vous lui
donnez quelques friandifes. En continuant toujours
cette manoeuvre , le chien devient inquiet , craint
de vous perdre, & ne quête jamais long-tems fans
tourner la tête pour vous obferver, ce qui l’oblige
à croifer devant vous. Vous en venez ordinairement
à bout dans huit jours de chafle. Le chien réduit à
ce point, il eft tems au dreffeur de l’entreprendre
pour le perfectionner. Il faut alors le mettre à l’attache
, ne le déchaîner que pour lui donner à manger
, & ne pas lui donner un morceau de pain qu’il
ne l’ait bien mérité , ce quife fait de cette maniéré.
On le tient par la peau du col , on lui jette devant
le nez un morceau de pain, en criant, tout-beau ; 6c
lorfqu’il a été un moment devant, on erre,pille ; on
lui laiffe prendre le pain , & on le careffe. Il arrive
fouvent qu’il eft impatient, & qu’il fe jette fur le
pain avant qu’on ait crié pille ; pour - lors on le
corrige du fouet, mais avec modération, de peur
de le rebuter. On le replace & on lui rejette du
pain, on le flatte, afin qu’il comprenne ce qu’il doit
faire quand on le careffe, & ce qu’il doit éviter
quand on le fouette. On eft peu de jours à venir à
bout de le faire garder. Quand on eft à ce point-là,
on tournes tout-autour avec un bâton, on ajufte le
pain comme fi l’on avoit un fufil, & on crie , pille.
Il faut que le chien ne mange jamais qu’il n’ait gar«
d é , foit à la maifon, fpit à la çampagrje, Biéntôt