«S C f l A
cireffe tin poteau fur lequel on met une roue de
•carrofl'e ou autre fur laquelle on attache une brebis
vivante, dont le bêlement attire les loups; on
•recouvre la foffe avec de menus branchages ou
feuillages, & lorfque les loups veulent fauter juf-
qu’à la brebis ils «retombent dans la foffe, où on
les tu e , ou bien on peut lès prendre vivans : cette
maniéré eft pratiquée en Allemagne.
Mais il y a une autre manière de chaffer le »loup
:-ià force ouverte , ite. dont l’appareil égale celui de
-la chaffe du cerf & dufanglier ; cette chaffe que nous
n’avons pas jugé à propos de repréfenter, a cet
^avantage fur ^toutes les autres , ' qu’étant par elle-
même affez divertiffante, elle eft toujours très-utile
fouvent même néceffaire ; rien de plus pernicieux
•que ces animaux, fouvent ils ont défoie les cam- ;
'pagnes, foit en fe jettant fur les troupeaux; foit
même en s’attaquant aux enfans qu’ils emportent ..
•pour les dévorer-; ceux qui ont pané quelque tems
-hors des grandes villes, lavent combien eft redou- ;
-table le voifinage de loups , fur-tout lorfqu’ils ont •
■ tles petits à nourrir. Lorlque ces animaux qui font .
extrêmement carnaciers, & prelque toujours affamés
, ne trouvent plus rien dans les bois-à manger ; <
ils fe répandent dans les campagnes, entrent même
»dans les villages, & fe faififfent avec une adreffe
incroyable de ce tout ce qui eft propre à affouvir
deur faim , ils guettent habilement leur proie , ils .
font comme à l’affût pour attendre l’occalion favo- ;
>rable & ils ne la manquent gueres lorfqu’elle fe présente
; ils font d’ailleurs, fur-tout pendant l’hiver,
am dégât étonnant dans les forêts en dévorant autant
-fie bêtes fauves qu’ils peuvent en furprendre.L’inté-
«rêt public & particulier-doit donc porter les ama-
lîeuf-s de la chaffe à faire la guerre à ces fortes d’animaux.
Termes propres à La chajfe du loup.
On difttngue les loups par rapport à l ’âge, en jeunes
loups,en vieux loups & en grands vieux loups;
«on en connoît ordinairement par-les piés , que l’on
^appelle les voies du loup-; on dit, les loups Je fuirent
à la pifie..
Quand le loup va fon pas doucement fans être
preffé, on dit, le loup va d'ajfurance.
Lorfqu’il vient de chercher à manger, on doit di- i
tre, il vient de chercher pâture , il vient de fe repaître
•de carnage , il a donné à te carnage , il s ’ejl repu à -cet
•abbati.
Laiffée du loup , c’eft fa fiente.
Lorfqu’ils font en amour , on dit, les loups font
•en chaleur. Quelques veneurs ont voulu leur attribuer
le terme de rut; mais il ne doit fe dire que du
c e r f , du chevreuil & du fanglier.
.Lorfque le loup a couvert la Iouye , on d it , le
loup a couplé, le loup a joint la louve, le loup a couvert
, le loup a Ligné la louve.
Quand ils ont des louveteaux, on doit dire, défi
une portée de jeunes loups. Elle eft ordinairement de
cinq, fix & fept, la moindre eft de trois.
On dit la tête , les dents , la peau du loup.
Les tettes d’une louve fe nomment fes alletes.
Les égratignures qu’ils font à la terre avec leurs
piés s’appellent déchaujfures; on dit, le loup a déchaujfé
-en tel endroit.
Sa couche fe nomme liteau.
On dit les piés du loup ; quelques-uns les ont voulu
appeller traces ; on dit auffi grands piés de loup,
grandes voyesAe loup, grandes allures.
Lorfque l’on voit le loup que l ’on chaffe , on
c r ie , veltlau, velelau , harlou chiens harlou, veleci
■ aller, veleci aller.
On dit hurlement de loup, hurler les loups, c’eft pour
les faire venir à foi, afin de les tirer le foir.
S S E S.
Placer les lévriers aux accoutres^ c’eft lès porter
dans un endroit, ou entre deux bniffons , de l’un
defquels le loup doit fortir pour entrer dans l’autre.
Maniéré de difiinguer par le pié un loup d'avec une
louve.
Le loup a le pié plus grand & plus gros que la louve.
Lorfque le loup eft jeune, fon pié(fig. i . du bas
de la Planche V ) s’élargit en marchant; & quand il
devient vieux , il a le pié ferré devant & derrière ,
les ongles gros, longs & ferrés, le talon gros & large,
& le pié de devant toujours plus gros que celui
de derrière : lorlque le loup va d’affurance, c’eft-à-
dire, lorfqu’il va fon pas ordinaire , il met ordinairement
le pié de derrière dans la voie ou pifte du pié
de devant. Il eft aifé d’en juger par des tems humides
, *ou en hiver fur la neige ; mais quand il va le
trot, le pié de derriere eft toujours à trois doigts de
celui de devant.Pourla louve, elle a le pié plus long
& plus étroit que celui du loup, le talon plus petit
&L ferré , & les ongles plus menus ; c’eft en obler-
vant ces différences, que le veneur pourra connais
tre s’il eft fur la voie d’un loup ou d’une louve.
Fig. i . Piés de jeune loup.
A, pié de devant.
B , pié de derrière.
i . Piés de jeune louve.
■ A, pié de .devant.
B, pié de derrière.
3, Piés de vieux loup.'
A , pié de devant.
B, pié de derrière.
4. Piés de vieille louvei
A , pié de devant.
B, pié de derrière.
ç. Pié de renard.
6. Pié de blaireau.
7. Pié de lievre.
8. Pié de lapin.
9. Pié de chat.
Les airs notés qui occupent le refte de la Plan-’
che ,-ainfi que le bas des Planches précédentes, fervent
dans les occafions qui font marquées au-deffus.
Equipage de chaffe pour le loup.
Il-n’eft pas néceffaire de faire de grands frais pouf*
cet équipage ; car vingt-cinq ou trente chiens fuf-
fifent. 11 faut qu’ils foient de bonne taille, de poil
gris & marqués de rouge aux yeux & aux joues ;
c’eft à ces marques que l’on connoît le plus ou le
moins d’ardeur qu’ils peuvent avoir ; on doit avoir,
aufli fix ou huit laiffes de grands lévriers bien choi-;
fis & quelques bons doguins. Ils s’animent les uns
les autres & donnent fur le loup avec plus de vigueur.
Il faut fur-tout un bon piqueur, deux valets
de limiers, deux valets de chiens, & un bon valet
pour la conduite des lévriers.^
On ne peut avoir de trop bons limiers pour chaffer
le loup, il faut qu’ils foient hardis, v ifs , pleins
d’ardeur. Lorfqu’ils ont toutes ces qualités, on en
retire un double avantage ; car outre celui qui réi
fuite de la chaffe même, ils fervent encore à former
d’autres chiens. Un bon veneur fera prudent
, par rapport au fervice qu’il exige de fes chiens^
& il doit extrêmement les ménager ; car la chaffe du
loup eft plus fatigante pour les limiers que toute
autre chaffe ; le loup eu naturellement fin , rufé
méfiant; dès qu’il fent qu’on lui en veut, il eft toujours
fur pié; & lorfqu’une fois il fe voit pourfuivi,
il change de demeure & fait des traites extrêmement
fatigantes pour ceux qui le pourfuivent ; il eft donc
à propos, pour ménager les limiers, de les faire fervir(
C H A S
vir alternativement : un jour de repos leur donne
une ardeur nouvelle & met les veneurs en état de
chaffer avec plus de fatisfaâion.
De la quête du loup.
On fait la quête du loup différemment, félon la
différence des faifons : fi‘ c’eft en hiver, il faut aller
au bois quelque tems avant le lever du foleil,
parce que c’eft à-peu-près dans ces tems-là que les
loups y rentrent : eh été l’on n’a pas befoin d’y aller
de fi bonne heure, parce que ces animaux s’arrêtent
fouvent dans les blés, & ne reviennent au ,
bois que vers le haut du jour ; c’eft pourquoi fans
trop fe preffer il fuffit de faire deux fois les de vans
du bord des buiffons du côté des b lés, & fi l’on
n’en rencontre point, il fera bon en s’en retournant
de prendre les devans du côté du bois qui eft vis-
à-vis des blés.
II y a bien de la différence entre la quête du loup
& celle du cerf. Celui-ci demeure long-tems dans
les buiffons, quelquefois même il n’en fort point
pour faire fa nuit dans les gagnages; mais le loup
fait tout le contraire , la faim ( comme on dit ). le
chaffe hors du bpis, & comme il ne v it que de carnage
il s’approche fouvent des fermes, des villages
& même des villes, & il fe jette fur ce qu’il rencontre.
Si par lïafard il s’arrête long-tems dans un
buiffon fans en fortir même pendant la nuit, ce n’eft
que lorfqu’il a attrapé quelque bête fauve qu’il s’occupe
à dévorer.
Lors donc que le veneur fera arrivé au bord de
fa quête avec fon limier , il tiendra le trait déployé
tout prêt, & fera aller fon chien devant lui plus d’une
demi-longueur de trait, toujours en le careffant &
en difant, va outre ribaut hau mon valet ; hau Lo lo lo
lo, veleci, veleci aller mon petit. Il eft bon de répéter
fouvent ces termes, parce que rien n’anime plus le
chien & ne l’encourage mieux à fuivre. Il faut bien
prendre garde que le limier ne fur-alle quelque loup
qui feroit rentré dans le buiffon par quelque coulée ,
ou par de grands chemins fur l ’herbe , & lorfqu’on*
remarque que le chien fait mine de fe rabattre , &
qu’il met le nez ou à des branches, ou à des touffes
d‘herbe, on aura foin de le r ’animer; parce que les
chiens naturellement n’ont pas beaucoup d’ardeur
pour le loup, & ils en rabattent toujours affez froidement
: d’ailleurs le fentiment du loup ne dure
qu’environ deux ou trois heures , & pour venir à
bout de le détourner , il ne faut pas qu’il aille plus
de deux heures : autrement les limiers ont de la peine
à emporter les vo ies, fur-tout fi e’eft dans un
chemin frayé ; car lorfqu’il fait route fur l’herbe,
ou à-travers des bruyères, il laiffe plus de fentiment
après lu i, parce qu’il touche alors du corps &
des jambes à ce qu’il rencontre, ce qui aide les limiers
à la pourfuite.
Lorfque le veneur s’apperçoit que fon chien fe
rabat d’un loup, il doit lui parler en ces termes :
qu ejl-ce là mon valet, hau l'ami après, veleci il dit
vrai , & il les répétera fouvent pour animer le limier
qu’il fuivra toujours , foit ail long du chemin,
foit dans le faux-fuyant ; on ne fauroit faire trop
de diligence dans cette occafion ; parce qu’il eft
toujours à craindre que les voies ne vieilliffent -
<k que le limier .ne les abandonne au premier carrefour
où le loup auroit donné. Il eft à obferver
que lorfque le loup paffe un carrefour, il s’y arrête
toujours quelque tems, foit pour y fianter, foit pour •
y piffer contre quelques genetsou quelques fouches
d herbe : aulfi-tôt après il fe déchauffe, c’eft-à-dire,
« gratte la terre & en enleve la fuperficie de la largeur
de quatre piés en grattant avec fes ongles en
SES. j7
arriéré fur l’herbe ; enfuite il reprend le chemin &
perce quelquefois bien loin ; -quelquefois aufli il
cherche à rufer ; & au lieu de fuivre le chemin , il
en reprend un autre & tourne du côté du fort pour
y rentrer. Il faifit pour cela le premier faux-fuyant
qu’il rencontre, ou quelque coulée favorable , ce
qui arrive principalement lorfque la terre eft mouillée,
c’eft alors que le veneur doit avoir foin de dref-
fer le chien fur les voies, environ d’une demi-longueur
de trait, & de bien careffer fon limier pour
l ’animer toujours de plus en plus ; s’il eft encore
matin, il pourra brifer les voies à petit bruit & fe
retirer fecretement pour prendre de grands devans.
Il faut obferver que pendant ce tems-là le chien ne
fur-alle point le loup, foit par quelque faux-fuyant,
foit par des clairières par où il auroit percé jufqu’au
fort ; car les loups ont différentes a llu re s fé lo n
qu’ils font plus ou moins affamés. Lorfque la faim
les tient, ils font fur pié prefque fans ceffe & vont
toujours en avant jufqu’à ce qu’ils ayent trouvé à
manger ; mais quand ils font raffafiés, ils fe retirent
fouvent dans le premier fort qu’ils rencontrent,
pourvu qu’ils y trouvent de quoi faire leur demeure
, comme des houx, des fougères ou d’autres grandes
herbes.
Si le veneur eft au bois un jour de chaffe , il fe
contentera de s’affurer que le loup eft: entré dans le
fort, il cherchera à découvrir la petite avenue, ou
la clairière par laquelle il peut être entré, il caref-
fera bien fon limier, le brilera enfuite à l’entrée du
fo r t , & prendra les devans ; après qu’il fe fera bien
affure d avoir détourné le loup, il fe retirera à l’af-
femblée pour y faire fon rapport ; mais fi le veneur
n’avoit d’autre deffein que d’exercer fon chien, ou
S’il y avoit long-tems qu’il n’eût lancé le loup, il
pourroit aufli-tôt qu’il l’a détourné revenir aux bri-
fées prendre les voies , puis pouffer & lancer le loup
& fuivre les voies jufqu’au liteau en careffant fon limier,
& en lui parlant toujours dans les termes rapportés
ci-deffüs. Si le limier eft jeune , on s’apper-
cevra que fon ardeur fe rallentira aux approches
du liteau , parce que le fentiment du loup infpire
naturellement de la crainte aux chiens , & il y en
a très-peu qui ofent d’eux-mêmes fe mettre à le fuivre
; mais c’eft alors qu’il faut lui parler beaucoup
pour l’animer , l’enhardir & le faire fuivre , & lui
faire bien dès careffes fur les voies. Pour ce qui eft
du liteau , il faut favoir que les loups en changent
fuivant les différentes faifons ; par exemple en été
ils fe mettent dans une place découverte fur de grandes
herbes où le foleil donne un peu ; mais fi c’efl:
en hiver dans un tems un peu rude , ils fe retirent
dans les plus grands forts & dans des bois épais fur
des bruyères ou fur des fougères. Il eft rare qu’ils
fe mettent fous des futaies, à moins qu’il ne s’y
trouve de gros buiffons ou des fougères très-épaiffes.
A quoi on peut reconnaître que le limier rabat du loup.
. Il eft très-difficile de revoir la pifte du loup, à
caufe de fa grande légéreté ; à peine laiffe-t-il après
lui de traces de fes allures, excepté en hiver dans le
tems de la gelée blanche, & en été lorfqu’il y a
beaucoup de pouffiere. Dans tous les autres lieux
on va pour ainfi dire au hafard , & à moins que d’être
depuis long-tems exercé à la chaffe, on fait fouvent
bien des pas inutiles : il eft cependant des indices
par le moyen defquels on peut découvrir où tendent
les mouvemens du limier, & par conféquent
difeerner fi c’eft un loup ou un autre animal dont le
chien veut fe rabattre ; ainfi en obfervant bien la
façon de faire de fon limier, on remarquera que
fi c’eft d’un loup qu’il fe rabat, il ne manquera pas
d’aller fentir les branche« ou les herbes que le loup