
parée, et qu’ayant éclairci plusieurs points de mon sujet, je trouverai des lecteurs
indulgents sur les faits que je n’ai pas été assez heureux de découvrir. La matière
qui m’a occupé, loin d’être épuisée, peut encore occuper plusieurs autres observateurs,
qui perfectionneront ce que je n’ai qu’imparfaitement décrit et rempliront les
lacunes de mon travail.
Avant d’exposer le résdltat de mes observations anatomiques faites sur deux exemplaires
du Limule des Moluques, conservés dans l’esprit de vin (1), je vais donner
un aperçu historique des animaux qui nous occupent. L’énumération des espèces
connues de ces Crustacés et la discussion de leurs caractères distinctifs sera l’objet
d’un troisième chapitre, qui terminera notre opuscule.
(1) Je les dois à la complaisance de B. Herbert , Candidat en Médecine à l’UniTersité de Leyde.
CHAPITRE PREMIER,
EXPOSITION HISTORIQUE.
O iiarles de l’écluse ou clusius parait être le premier qui ait donné une description
d’un Limule accompagnée d’une figure en bois assez bonne. Mais comme il
n’avait sous les yeux qu’un exemplaire sec, il n’a pu faire qu’une description imparfaite,
et il s’est trompé en prenant le stylet ou la queue pour une espèce de
corne, et renversant l’animal, il a décrit comme partie antérieure le test abdominal.
Ceci l’a empêché de reconnaître les yeux, quoiqu’il les ait vus, et qu’il paraisse douter
du nom qu’il aurait dû leur donner (1).
Après clusius , jea n de laet ( 2 ) , qui vivait à Leyde au commencement du dix-septième
siècle, a fait la description d’un Limule de l’Amérique, accompagnée de
deux figures en bois, représentant l’animal vu sur le dos et sur sa face ventrale.
Il ne se méprend pas sur sa véritable position,, et parle de deux yeux placés
sur le test antérieur. Selon lui les indigènes de cette partie de l’Amérique, les
Almouchiquosi, faisaient usage du stylet corné pour leurs flèches et nommaient
l’animal Signoc ou Siguenoc. (3). Cette nation habitait la côte orientale de 1 Amérique
septentrionale, vers l’embouchure de la rivière Kennebeck, dans le district
du Maine. Comme l’exemplaire de clusius provenait des Moluques, on a ici
(1) c . clüsii E xoticorum Libri X . E x officina Plantiana Raphelengii (Anvers) 1605 fol. p. 127-129. Cancer
Moluccanus. .Voici comment il s’exprime sur les yeux. » Media quasi parte testae in dorsi lateribus orbiculatae
» quaedam conspiciebantur eminentiae, oculorum paene formant referentes, durae tamen et testaceae.”
Bontius qui fut Médecin à Batavia, a donné ensuite deux figures assez mauvaises du Limule des Moluques dans son
traité intitulé: Historiae naturalis et medicae Indiae orientalis Libri V I , L. V. c. 31. p. 83 (imprimé à la suite du
livre de G. pis on , de Indiae utriusque re naturali et medica. Amstelaedami 1658. fol.) Il n’ajouta à ses figures
que les mots suivants. » Cancrum qruem tibi depictum hic damus coloris est virtdis dilutions, scuto laévt supra
dorsum et orbiculari ; caudam praelongam f e r t, atque fine, spiculi in sta r, acutam qua si imprudentem piscato-
rem laeserit, ei non minorem quant Scorpvus dolorem infert. Caro ejus non tam delicata est quam reliquorum
Cancrorum.”
(2) Un des Directeurs (bewindkebbers) de la Compagnie des Indes occidentales et Géographe laborieux, né à Anvers.
(3) Novus orbis seu Descriptions Indiae occidentalis Libri X V III» L. B. 1633. folio; L. II. c . 19. p. 5 6 , 57.