
dont l’àréte supérieure n’a que des dentelures très petites, d’après la présence de deux
doigts à toutes les pattes et enfin d’après la présence d’une épine au milieu de la
carène intermédiaire de la première partie du test; c’est l’espèce propre au nouveau
monde. Enfin le Limulus rotundicauda se reconnaît, à sa queue sans arêtes, aux deux
doigts de toutes les pattes et aux doigts plus longs et plus menus que ceux des autres
espèces. L a treille ignore la patrie de cette espèce, mais il croit que ce Limule appartient
aux Indes orientales et il y rapporte avec doute la figure qui se trouve dans
le Thésaurus de seba.
L amarck indiqua deux espèces dans son Système des Animaux sans vertèbres,
mais sans les décrire, savoir le Polyphemus gigas, qui est le Limulus moluccanus de
l a t r e il l e , et le Polyphemus occidentalis, qui est le Limulus polyphemus du même
auteur, ainsi qu’il le dit lui-même dans son Histoire naturelle des Animaux sans
vertèbres où il n’a cité que ces deux espèces.
Dans les Généra Crustaceorum et Jnsectorum de latr e il l e on trouve l’énumération
de quatre espèces, dont les trois premières sont le Limule polyphème, le L. des
Moluques et le L. hètèrodactyle ; la quatrième est une espèce qu’il caractérise par
les deux pattes antérieures monodactyles et qu’il appelle L. verdâtre (Limulus
virescens). Comme il ne cite pas le L. à queue ronde, on serait porté à croire que
le Limule verdâtre pourrait être la même espèce, mais desmarest les a insérées
l’une et l’autre dans son Manuel (1).
Nul auteur ne multiplia autant le nombre des espèces que M. l ea ch , mais ses
descriptions courtes et superficielles sont trop imparfaites pour qu’on puisse s’en servir
dans l’examen des objets qu’on trouve dans les collections. Ces espèces sont:
Limulus americanus, L. Sowerbii, L. Macleaii, L. tridentatus et L. Latreillii,
tandis qu’il indique le Limule à queue ronde de latr e il l e comme une sixième espèce
distincte des cinq autres qu’il a vues. Il fait ensuite des Limules qui ont quatre
, pieds monodactyles un nouveau genre qu’il nomme Tachypleus, et il y range le
Limule hètèrodactyle de latreille (2).
Cette distinction générique était d’autant plus malheureuse, puisque latr e il l e lui-
même, tout en conservant l’espèce du Limule hètèrodactyle, avait déjà reconnu que
les quatre pieds mâchoires antérieurs ne manquent de deuxième doigt que dans les
seuls mâles. Chez les autres espèces, latr e il l e parait n’admettre dans les mâles que
deux serres antérieures monodactyles (3).
Dans la première édition du Règne animal, la tr e il l e se borne à citer trois espèces
, le Limule cyclope (le même qu’il nomma auparavant L. polyphème), le L. des
Moluques et le L. hètèrodactyle.
(1) Considérations générales sur la classe des Crustacés, Paris 1825 p. 3 5 5 , 356. M. milne edwards m’a
communiqué la note suivante sur cette espèce douteuse : » Le Limule verdâtre de latreille qui se trouve dans les
»galeries du Muséum ne me paraît pas être une espèce distincte mais seulement un individu femelle du Limule hété-
nrodactyle, dont elle ne diffère que par la forme des pattes-mâchoires de la première et seconde paires et par une
» teinte verdâtre dépendante de son état de conservation.” Cette indication n’accorde guère avec le passage suivant de
latreille : » Z . pedibus anticis m o n o d a c ty lis qui n’est sans doute applicable qu’aux mâles du Limule d’Amérique
comme on le verra plus bas.
(2) Dictionnaire des Sciences naturelles. Tom, XIV. 1819« p. 5 3 7 , 538.
(3) Règne anim. Prem. éd. III. (1817) p. 6 1 , 63. Voyez aussi la sec. éd. IV. p. 188.
Dans la seconde édition il parait croire que la même espèce habite indistinctement
les mers d’Amérique et des Indes orientales, et il présume que le Limule cyclope
est un jeune individu, tandis que le Limule des Moluques appartiendrait à des individus
plus grands. Il continua cependant toujours à considérer le Limule hètèrodactyle
comme une espèce distincte.
Après avoir examiné avec soin les objets qui existent dans les collections du Muséum
royal des Pays-Bas, je distinguai facilement trois des espèces, que la tr e il l e a fait
connaître le premier d’une manière satisfaisante dans son Hist. nat. des Crustacés et des
Insectes, et je reconnus que la quatrième espèce, le Limule hètèrodactyle, ne pouvait
être que nominale, car elle ne repose que sur la différence sexuelle que présente le
mâle du Limule des Moluques.
Les trois espèces que j ’admets sont par conséquent: le Limule des Moluques3 le
Limule polyphème et le Limule à queue ronde. A ces espèces déjà connues j ’en ajoute
une autre qui est nouvelle et que M. de siebold a rapportée du Japon. Quelques
petits limules, conservés tous dans un état sec, et provenant des mers de la Chine,
pourraient peut-être autoriser l’admission d’une cinquième espèce.
Il s’agit cependant de donner d’autres caractères à ces espèces que ceux qui ont
été proposés, et qui sont fondés sur les épines des arêtes ; car on conçoit aisément
que ces épines peuvent être, suivant l’âge ou d’après des causes accidentelles plus ou
moins prononcées dans la même espèce (1).
La dent qui termine postérieurement le bord latéral de la seconde pièce du test
m’a fourni un caractère, qui sépare en premier lieu le Limule de l’Amérique de
toutes les autres espèces. Cette dent est d’une longueur beaucoup plus considérable
et forme un angle plus aigu à pointe terminale. Ce caractère est constant et
très bien rendu dans la figure de de l a e t , la première qui a été publiée sur cette
espèce. On le voit aussi dans la figure qui accompagne le mémoire d’ANDRÉ, dans
les Transactions philosophiques, figure que je rangerais volontiers parmi les meilleures
que nous avons du Limulus polyphemus, si le dessinateur n’avait pas donné
cinq épines à chaque bord latéral de la seconde pièce du test, tandis qu’il y en a
toujours six comme dans toutes les espèces du genre Limule. Si la treille avait remarqué
cette conformation de la dent terminale du bord latéral de l’abdomen, il n’aurait
pas donné la figure d’un Limule d’Amérique comme celle du Limulus moluccanus
(2), encore moins aurait-il confondu dans un de ses derniers travaux les espèces
qu’il avait bien distinguées dans ses ouvrages précédents.
Dans cette espèce d’Amérique la queue ou le stylet qui termine le corps est tri-
gone avec une arête prononcée à sa face supérieure. Il en est de même pour les
autres espèces à l’exception du Limule à queue ronde, dont nous avons vu plusieurs
(1) C’est même à cause de l’incertitude des caractères, qu’on avait proposé, que ranzani refusait d’admettre comme
espèce distincte le Limule des Moluques qu’il croyait être le même que le Limule polyphème. Il rejette aussi le Limule
verdâtre de latreille comme espèce douteuse et n’admet que trois espèces bien distinctes, le Limulus polyphemus
L. (c’est-à-dire le Lim. polyphemus et Z. moluccanus de latr.) le Lim, rotundicauda et le Lim. hele-
rodactylus latr.
(2) Hist. nat. des Crust. et des Ins. IV. PI. 1 6 , 17.
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