
objets venant tous des Moluques. Gette espèce paraît cependant être plus rare que le
Limulus moluccanus et rester constamment plus petite. Ces considérations, qui sont
les résultats de la comparaison des individus que nous avons pu examiner par nous-
méme, nous ont amenés à distinguer les espèces avec plus de certitude et avec moins
de peine, que si nous nous fussions bornés à la description donnée par les auteurs.
Mais il était nécessaire aussi de connaître plus exactement les différences sexuelles.
Nous avons déjà vu que le Limule mâle des Moluques se distingue de la femelle par
un doigt unique à deux paires de pattes (la seconde et la troisième selon nous) et
par le renflement du second article de la jambe à ces mêmes pattes. Tous les individus
qui nous montraient cette structure étaient des mâles ; ceux qui avaient tous
les pieds didactyles étaient toujours des femelles. Il ne restait donc aucun doute
à cet egard pour que le Limulus hétérodactylus ne fut le mâle du Limulus moluccanus.
Nous avons trouvé la même structure chez les mâles de la grande espèce nouvelle du
Japon. Chez le Limulus rotundicauda au contraire, toutes les pattes étaient didac-
tyles chez les deux sexes, mais le mâle se distingait toujours par le grand renflement
et la figure ovalaire du second article de la jambe à la seconde et troisième
paires de pieds. Notre Muséum ne m’offrait que des femelles de l’espèce d’Amérique;
niais M. duvernoy, dont j ’ai eu plus d’une fois occasion dans mes recherches de louer
la complaisance, m’a envoyé un dessin fait d’après un individu mâle, qui provenait de
l’ancien cabinet de hermanr, et ce savant m’écrit qu’il en existe un autre, chez lequel,
comme dans celui-ci, la première paire de pattes (la seconde selon nous) est seule
monodactyle (1). L’origine de ces deux specimens est incertaine, mais le dessin que nous
ajoutons à notre ouvrage ne laisse aucun doute que c’est au Limule d’Amérique
que nous devons les rapporter.
Nous avons par conséquent toutes les données désirables pour résoudre les difficultés
et les incertitudes qui pouvaient résulter des indications vagues, que nous
trouvons dans les auteurs. On pourrait même ranger les espèces selon ce caractère,
à peu près de la manière suivante:
A) . Pedes cephalothoracis omnes utroque in sexu didactyli.
Sp. LIMULUS ROTUNDICAUDA, LATR. .
B) . Pedes secundi paris in maribus monodactyli, reliqui didactyli '; in feminis
omnes didactyli.
Sp. LIMULUS POLYPHEMUS, LATR.
C) . Pedes secundi et tertii paris in maribus monodactyli, reliqui didactyli;
in feminis omnes didactyli.
Sp. LIMULUS MOLUCCANUS, LATR.
LIMULUS LONGISPINA, NOB.
(1) Cette observation n’est pas nouvelle comme j ’ai vu depuis peu en lisant l’article sur les Limules de rànzani
dans ses Memorie d i Storia naturale. Il cite PARRA dont l’ouvrage espagnol (Description de diferentes piezas de
kistoria natural, las mas del ramo maritimo) , imprimé à la Havane en 1 7 8 7 , contient déjà l’observation de ce
caractère sexuel. Je n’ai pu consulter cet ouvrage excessivement rare.
Cette dernière espèce indique le Limule du Japon, que nous n’avons pu découvrir
chez aucun auteur systématique. Il est bien probable qu’on devra y rapporter la
figure qu’a donnée kaempffer de son Kabutogani, mais elle ne montre pas les caractères
distinctifs qui font reconnaître l’espèce.
Les différences de sexe ne se bornent pas là. Ainsi chez les femelles, qui ont
atteint une grandeur considérable, les trois dernières épines de chaque bord de l’abdomen
prennent souvent une forme arrondie, courte et renflée (PI. I. fig. 2 a, a, a.)
J’ai observé cette disposition chez les femelles du Limule des Moluques et du
Limule du Japon qui avaient pris toute leur croissance, mais je ne crois pas que
cette particularité se voie dans leur jeune âge. On la retrouve fort bien dans la figure
de Ruaipn, qui est celle d’une femelle du Limule des Moluques.
Le mâle du Limule du Japon a le premier bouclier divisé sur son bord antérieur en
trois lobes, et nous l’aurions pu distinguer par le nom de Limulus trilobus, comme
nous en avons eu d’abord l’intention, si nous n’avions senti que cette dénomination,
fondée sur une particularité qui n’appartient qu’à un sexe, offrait quelque inconvénient.
(PI. Y.)
Il paraît que o. f. müllek a observé chez les mâles la première paire de pattes,
ainsi que les deux suivantes, monodactyles;, et, qu’il a rencontré la seconde monodactyle
chez quelques femelles (1). C’est à regret que je mets en doute l’exactitude
d’un si bon observateur; mais il est certain que dans le grand nombre d’individus que
j ’ai examiné, j ’ai toujours trouvé la première paire de pattes didactyles chez l’un et
l’autre sexe, tandis que la seconde paire n’était jamais monodactyle que dans les seuls mâles.
Ces observations pourront donner à la description que nous allons faire des diverses
espèces reconnues ou établies par nous comme bien distinctes dans le genre Limule,
plus de clarté et de précision.
1. liim u le d es Moluques.
Limulus moluccanus, L atr. (PI. 1.)
Limulus dente ultimo marginis lateralis abdominis mucrone laterali; cauda trigona,
corporis fere longitudine, carina dorsali aculeis rever sis, acutis; scuto primo in
utroque sexu margine anteriori integro.
Polyphemus gigas. Lam.
Clus. Exotic. p. 127.
R umph. M us. Tab. XII.
Schaeffer, Der krebsartige Kiefenfuss. Tab. VII. fig. IY. V.
Hab. in Ind. Orientali ad insulas moluccas.
Mas pedibus secundi et tertii paris monodactylis.
Limulus hétérodactylus. Latr.
(1) »Pedes primi paris (palpi pQtius dicendi) reliquis angustiores et breviores, in majoribus, seu feminis rumphii,
»forcipe, in minoribas, seu maribus ejusdem, chela monodactyla instructi ; secundi et tertii in minoribus itidem, in
»majoribus vero secundi tantum, chela monodactyla.” Entomoslraca p. 126. M. guéri* parle aussi de »deux
»petites serres de crabe, didactyles ou monodactyles selon les sexes, composées de deux articles.” Dictionnaire
classique d'ffist. nat. IX. 1826. p. 426.
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