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Cette espèce est décrite en détail dans notre second chapitre. Elle atteint une longueur
de quatre décimètres et davantage. Sa couleur est verdâtre. Les arêtes sur le
dos du bouclier sont peu prononcées. Chez les femelles, du moins quand elles sont
adultes, les trois épines postérieures du bord latéral de l’abdomen sont courtes, larges,
et finissent brusquement en pointe.
3. Ltmule Kabutoganl.
Limulus longispina nob. (PI. V. fig. 1, 2. et IV. fig. 4, 5.).
L. dente ultimo marginis lateralis abdominis mucrone laterali ; cauda trigona cor-
poris longitudine aut ipso longiori, carina dorsali tota marginibusque lateralibus ad
tertiam fere longitudinis pai'tem aculeis acutis, reversis ; scuto primo in maribus an-
tice margine utrinque sinuato, hinc trilobo.
Habit, ad littora partium meridionalium Japoniae et in mari Sinensi.
Cette espèce, apportée du Japon par M. de siebold, n’a été encore, que je sache,
décrite par aucun naturaliste. Elle surpasse en grandeur la précédente et atteint une
longueur de six décimètres. Sa couleur dans les individus desséchés est d’un brun verdâtre.
Les grandes épines des arêtes sur le dos du test sont plus prononcées qu’elles ne sont
d’ordinaire chez le Limule des Moluques; il y en a sept sur le premier bouclier,
savoir: trois sur l’arête médiane, et deux de chaque coté. Le second bouclier montre
outre les trois épines de l’arête médiane, dont la première est la plus développée, une
grande quantité d’épines plus petites, éparses sur toute son étendue, très pointues et très
dures. Le bord de la dernière dent marginale de l’abdomen est aussi hérissé d’épines
fort résistantes. Les six épines latérales et mobiles de l’abdomen sont longues, excepté les
trois dernières chez les femelles qui sont courtes et larges comme dans l’espèce précédente.
L’étendue de ces épines m’a fait donner le nom de L. longispina à cette espèce.
Leur longueur varie chez un mâle adulte de 0,044 à 0,046.
Les pattes de la seconde et de la troisième paires sont monodactyles chez le mâle
(PL IY. fig. 5.) comme dans l’espèce précédente, et l’on pourrait rapporter à notre espèce du
Japon le Limulus heterodactylus de l a t r e il l e , qu’il croit venir des cotes de la Chine,
l’ayant, trouvé figuré dans des dessins chinois qui sont à la Bibliothèque du Muséum
d’Histoire naturelle de Paris. Mais la forme trilobée du premier bouclier n’aurait
certainement pas été omise dans la description de l a t r e il l e , s’il avait eu cette espèce
sous les yeux. N’ayant trouvé quatre pattes monodactyles que chez les mâles de ces
deux espèces, nous croyons ne pas nous tromper en rangeant l’hétérodactyle de
latr e il l e dans notre première espèce.
Dans l’échancrure terminale de la dernière pièce du test sont placées deux épines latérales,
qui quelquefois dans les grands individus sont usées et semblables à des tubercules.
Dans un specimen à l’état sec, qui était un mâle, j ’ai trouvé les mesures suivantes:
Longueur du céphalothorax....................0,160.
Largeur du même.............................. 0,280.
Longueur de l’abdomen.......................... 0,124.
Largeur du même.............................. 0,070.
Longueur du stylet caudal................... 0,308.
Les grands yeux étaient écartés l’un de l’autre de 0,145.
M. de siebold m’a communiqué quelques notes sur cette nouvelle espèce dont il m’a
permis de faire usage. Le nom japonnais est Kabuto-gani, et c’est surtout à cause de ce
nom que nous croyons devoir rapporter à elle la figure de kaem pfer. Ce nom signifie crabe
à casque. Le nom chinois est Un-kiu (prononcez Ounquiou), dont l’étymologie est fondée
sur la manière dont cet animal porte son stylet, qu’il relève comme un mat quand il se
trouve dans l’eau. On le nomme aussi Umi-dô-game (Oumidogame) c’est-à-dire tortue
de mer chinoise. Il paraît être certain que cette espèce vit aussi sur les côtes voisines
de la Chine. On voit ce crustacé dans les parages des côtes méridionales et au sud-ouest
de Kiusiu (prononcez Quiousiou), la plus méridionale des trois grandes îles de l’empire
Japonais, pendant la partie la plus chaude de l’année, au mois de Juillet et au commencement
d’Août. Ces Limules sont souvent en sociétés assez nombreuses. On ne mange
pas ce crustacé, car sa chair est d’un goût fade et douceâtre, mais on le prend à
cause de sa forme bizarre et on le conserve quelquefois comme objet de curiosité.
M. hoffmann, le savant collaborateur de M. de s iebo ld , pour la partie linguistique
de son grand ouvrage sur le Japon, a pris la peine d,e consulter pour moi l’Histoire
naturelle chinoise intitulée P en tshao kang mo et l’encyclopédie japonaise Wa kan san
zai dsou e. Les extraits qui m’ont été communiqués par lui contiennent divers noms
de ces animaux; le nom chinois serait Heou yu, et Unkiu ou Ounquiou serait un nom
chinois-japonais. Au reste les observations sur les moeurs de ces animaux se bornent en
général au fait que les mâles sont portés sur le dos de leurs femelles et qu’ils paraissent
inséparables; quand le mâle a perdu sa femelle il reste immobile sur la place.
D’après un ancien conte populaire des Chinois la femelle est aveugle et doit être
guidée par le mâle; quand elle perd celui-ci, il faut qu’elle meure.
3. Limnlc à queue ronde.
Limulus rotundicauda latr. (PI. IV. fig. 1 , 2 , 3.)
L. dente ultimo marginis lateralis abdominis mucrone laterali, cauda obtuse trigona,
laevi, subtus gibba, corpus longitudine superante ; scuto primo in maribus margine an-
teriori medio sinuato, subrecurvo. . -
S eba Thesaur. III. Tab. 17 fig. 1 ?
Habit, in India Orientali ad insulas Moluccas, et ad littora Malaccae (1).
Cette espèce a le port et la couleur de la première, dont elle est cependant très
distincte par sa queue ronde et sans dentelures.
Le mâle n’a pas de pieds monodactyles, mais se distingue seulement par les pinces
renflées de la seconde et de la troisième paires et par une légère sinuosité du bord antérieur
de son test, qui se relève un peu.
Il y a un grand nombre de petites épines sur la surface supérieure des deux boucliers,
mais on ne voit presque pas de grandes épines sur les arêtes, lesquelles sont
aussi ellesrmêmes peu manifestes. Les épines mobiles du bord de l’abdomen sont très
courtes, les plus longues ne surpassent presque pas un centimètre. Les bords latéraux
du céphalothorax sont munis de petits poils soyeux d’un jaune pâle et l’on en aperçoit
(1) M. wiegmann noos apprend que éette espèce paraît être circonscrite au voisinage du continent de l’Inde ; le
Muséum de Berlin l’a reçue de l’île Bintang. Archiv fiir Naturgeschichte, IV te r Jahrgang 1838. p. 336.
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