
connaît dans le commerce sous le nom de Cochenille (Coccus cacti coccinelliferi,
L. ) et dont on tire la belle couleur ccarlate ; mais cet insecte,
au défaut de l'espèce dont nous traitons ici, peut vivre sur diverses varie'tés
du Cierge raquette, et peut-être sur quelques autres espèces voisines
; la culture et l'histoire de ces divers Cierges n'offrent pas de différences
relativement à l'éducation de la Cochenille. Nous réunirons dans
cet article les principaux détails relatifs à cette culture importante.
Le Cierge à Cochenille porte chez les Américains le nom de NopalJ
et on en distingue plusieurs variétés sous des noms différents ; la couleur
de safleur, varie comme nous l'avons d i t , du rouge pourpre au rose
et au lilas; ses épines varient beaucoup pour le nombre et la grandeur,
quelquefois même elles manquent entièrement ; c'est cette dernière variété
qui est préférée pour l'éducation de la Cochenille, à cause de la facilité
qu'elle offre pour les récoltes et les divers soins qu'exigeât cette culture.
Le terrain dans lequel 011 cultive des Nopals porte au Mexique le
nom de Nepalerie; son exposition et sa disposition influent beaucoup
sur le succès de la plantation ; elle doit être enfermée dans une forte
palissade, afin que les grands animaux ne puissent pas s'y introduire et
renverser les Nopals, ou brouter les jeunes pousses comme font les chiens.
Les Nopaleries n'ont pas en général plus d'un arpent ou un arpent et
demi d'étendue , et cette dimension est suffisante pour occuper entièrement
un homme actif pendant six mois de l'année. Si la Nopalerie est
fermée de haies, on a soin de laisser un espace entre la haie et la première
rangée de Nopals , afin d'éloigner les insectes ; les plans sont ordinairement
disposés en quinconce, et toujours rangés en lignes qui vont
de l'est à l'ouest : dans les pépinières , les Nopals sont à deux pieds de
distance; dans les Nopaleries, à six pieds : on doit avoir soin que les
plants soient bien exposés au soleil levant; et si on laisse des arbres à
l'entour de la Nopalerie , on les place de manière à l'abriter du vent
et du soleil couchant. Le sol doit être sec, nullement marécageux, et
disposé de manière à faciliter l'écoulement des eaux pluviales; d'ailleurs,
toute espèce de terrain convient aux Nopals : la seule chose vraiment
importante est de les placer à l'abri du vent qui les déracine , de les défendre
contre l'humidité qui les pourrit, et de tenir le terrain bien
propre pour éviter les insectes.
La multiplication du Nopal s'opère par boutures et sans aucune difficulté
• on débarrasse le terrain de toute espèce d'arbuste et d'immondices
, soit par des extirpations, soit surtout par le feu; on laboure la
terre, puis on la nivelle, on la ratisse , et on y plante des articles de
Nopal : on choisit pour cela l'époque où les Nopals sont à demi-llétris
parla chaleur, et ofi les pluies sont prêtes à commencer; en général,
on choisit les articles les plus grands et les plus vigoureux pour boutures;
le plus souvent on met dans chaque fosse deux ou trois articles,
et l'on arrache ensuite ceux dont la pousse est la moins belle.
Après la plantation, on a soin d'extirper les mauvaises herbes clans
la Nopalerie, et de labourer la terre à la surface avec un couteau ou
tout autre instrument assez court pour ne pas toucher aux racines des
Nopals ; en deux ans, les jeunes plants atteignent la hauteur d'un homme;
on les maintient à la même hauteur pendant six ans ; puis on les arrache,
et on se sert alors des jeunes branches comme de boutures pour une
nouvelle Nopalerie.
Les Nopals sont sujets à plusieurs maladies locales, telles que la pourriture,
la dissolution subite et l'exsudation de la gomme; il suffit de
couper la partie attaquée pour sauver la plante. Plusieurs animaux attaqueut
cette plante; les rats la mangent lorsqu'ils sont réduits à la disette
; la blatta lucifugaXa. ronge aussi quelquefois ; une espèce de coccus
fait surtout de grands ravages dans les Nopaleries au rapport de Thierry.
Barrow dit qu'à Rio-Janeiro elles sont attaquées par une espèce d'ichneumon
; au reste , il est probable que la Cochenille et le Nopal de Rio-
Janeiro sont des espèces différentes de celui de Guaxaca.
On distingue deux espèces de Cochenilles ; savoir, la Cochenille fine
et la Cochenille silvestre ; la première donne un produit beaucoup plus
beau que la seconde, et se plaît particulièrement sur le Cierge à Cochenille;
la seconde, qui est très-inférieure, vit surtout sur les variétés
du Cierge raquette. Il est hors de mon sujet d'entrer dans aucun détail
sur la structure et l'histoire de cet insecte : ces détails appartiennent à
lEatomologie; ceux qui desireront les connaître, trouveront une histoire
très-complète de l'éducation de la Cochenille, dans le second volume
du Voyage de Thierry de Menonville à Guaxaca. On sait que ce zélé