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PRÉFACE
Le nombre des plantes connues s'est accru depuis un siècle, et s'accroît
encore tous les jours avec une si grande rapidité, qu'il n'iest. plus maintenant
que quelques têtes heureusement constituées qui puissent embrasser
l'ensemble du règne végétal, sans perdre de vue les détails. Dans l'état
actuel de la botanique, la marche la plus sûre pour y répandre quelque
clarté et quelque précision, est d'étudier une famille en particulier avec
persévérance.
La singularité des formes qu'offrent les plantes grasses, la beauté des
fleurs dont quelques miçssont parées, les circonstances extraordinaires de
leur végétation, tout a contribué- à attirer sur elles les regards des botanistes
; mais l'impossibilité de dessécher ces plantes, d'en former des herbiers
, et par conséquent de les étudier dans le silence et le loisir du cabinet,
et de les comparer ensemble; a depuis long-temps été sentie par tous ceux
qui se sont livrés à l'étude du règne végétal.
Bradley, dans ses Plantoe succulentoe, avait entrepris de donner une monographie
de ces plantes, mais il n'en a fait paraître que cinquante dont les
gravures, sont souvent peu correctes, et dont les descriptions se ressentent
d'avoir été faites, avant la régénération de la botanique par Linnée. Dillen,
dans son Hortas Elthamensis, a donné des descriptions et de. bonnes gravures
d'un assez grand nombre de ces plantes ; on en retrouve encore dans
les ouvrages dé Gommelin, de Burman, de Knorr, et de quelques autres :
mais, comme on le voit, ces descriptions sont éparses dans un grand nombre
de volumes, et leur synonymie a été souvent embrouillée, parce qu'on
ne peut étudier ces plantes que pendant leur vie seulement.
Tels sont les motifs qui ont déterminé la composition de cette Histoire
des plantes grasses : et j'ai osé l'entreprendre, quoique je sentisse et la difficulté
de cette tâche, et la faiblesse de mes moyens. Mais je me suis enhardi
en considérant l'habileté du peintre-naturaliste dont les dessins devaient
se trouver accolés à mes descriptions ; je me suis fondé surtout sur
la complaisance du sieur Desfontaines, qui veut bien me servir de guide
dans cette carrière épineuse, et diriger mes pas dans les routes d'une
science dont il a lui-même parcouru les sentiers avec gloire. Je le prie
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