
Barbades, du lieu où il est le plus renommé, se trouve dans plusieurs
pays : au Brésil, à Malabar, dans les îles d'Amérique, aux Antilles; •
dans le midi de l'Espagne et de l'Italie, dans le royaume de Tunis
dans l'Archipel, dans le Levant, etc.
Cette plante croît en général dans un sol sablonneux, pierreux et très
sec; elle est cultivée dans plusieurs pays, entr'autres à la Jamaïque et aux
Barbades. Dans ce dernier pays particulièrement on multiplie l'Aloès de
graines; on les sème à sept ou huit centimètres de distance. Une plantation
établie de cette manière dure sept ans; mais déjà au bout de la première
année ( i ) la plante a acquis un développement suffisant pour devenir utile.
L'Aloès a été transporté des Bermudes à la Jamaïque: dans ce dernier pays
on le multiplie au moyen des rejetons qui poussent sur les côtés de la
souche; on les plante à un ou deux décimètres de distance; au bout de
deux ou trois ans on commence à recueillir le suc, et cette plantation peut
se conserver douze ans et même davantage (2). C'est aussi par les rejetons
qui naissent sur la souche, qu'on le multiplie dans les jardins du nord de
l'Europe où il se trouve très communément.
Tout le monde sait que l'Aloès fournit un suc précieux en médecine.
Ce suc se trouve dans toute la plante; mais comme il est plus abondant
dans les feuilles, c'est d'elles qu'on le retire.
Au cap de Bonne-Espérance l'Aloès porte le nom de Gorebosh, nom
qui lui vient ou de la rivière Gorée, ou d'un esclave appelé Gorèe (3), qui
en révéla, dit-on, les propriétés à un colon de la famille de VJ^itt; on en
accorda alors le privilège exclusif à cette famille. Pour recueillir le suc d'Aloès
on coupe les feuilles très près de la tige, on les place les unes sur les autres,
comme les tuiles concaves dont on couvre les toits en quelques pays ; 1a
première feuille laisse couler son suc dans un vase et sert de canal pour le
suc de la seconde, tandis que celle-ci joue le même rôle pour la suivante.
Quand le suc a cessé de couler ainsi spontanément, on presse les feuilles
entre les mains pour en obtenir encore. Ce suc est d'un vert jaunâtre; on
en récolte une grande quantité par le procédé que je viens de citer; les
feuilles étant plus succulentes pendant l'hiver, c'est dans cette saison qu'on
en recueille le suc.
A la Jamaïque, où la culture de l'Aloès est un objet important, les
laboureurs coupent les feuilles et font couler le suc dans des vaisseaux
adaptés à cet usage; ce premier suc est d'une qualité supérieure; quand il
a cessé de couler, on délaye la feuille avec de l'eau qui se charge encore
d'un second suc inférieur au premier (4).
( 1 ) riugh. Barb. p. i53.
( 2 ) Brown. Jam. p. 198. Millington• Lond. Med. Journ. v. 8. p. 4* P* 4 - - •
( 5 ) Sparman. uoy. t. 5. p. 2S2.
( 4 ) Brown. Jam. p. 197.
Lorsqu'on l'a recueilli il faut le condenser : à la Jamaïque on le ¡ g
évaporer dans des vases de bois peu profonds, jusqu'à ce quil soit assez
épais traur ne plus couler quand on l'enlève avec une baguette; quelquefoi
T v d e l'eau : aux Barbades on le fait bouillir pendant cinq heures
environ" et on y verse un peu d'eau de chaux quand fébuffition est trop
tee; lorsque k s u c est assez épaissi, on le met dans des boîtes qm 1m
servent de moules, et on le fait évaporer.
Il paroît que depuis l'époque où Bronn éto.t à la Jamaïque , 1 sy est
introduit une nouvelle manière de recueillir le suc dAloes; elle a été
décrite par Wright (i) : on coupe les feuilles en morceaux quorl met
dans un filet ou une corbeille; on les plonge ainsi dans des chaudiere
pleines d'eau, qu'on fait bouillir environ dix minutes; on remet du nouvel
Aloès dans la même eau jusqu'à ce qu'elle devienne noire; on retire alors,
au moyen d'un robinet placé au fond du vase, le suc qm s y est dépose,
on le fait cuire de nouveau en l'agitant, et ensuite on le laisse evaporer.
Par ces différens procédés on obtient le suc d'Aloès usité en medecine ;
comme l'Aloès succotrin fournit un suc qui jouit des mêmes propriétés à
un degré supérieur, je renvoie à parler des variétés et des propriétés du
suc d'Aloès, lorsqu'il sera question de cette plante.
Dans quelques pays comme l'Italie, l'Aloès, quoiqu'il soit indigène, ne
donne pas un suc assez abondant ou assez bon pour qu'on prenne la peine
de l'extraire ; on se sert des feuilles pour consolider les blessures (2) et
guérir les cals des pieds ; on donne aussi à la Jamaïque les feuilles vertes
aux chevaux qui ont des vers ; les Indiens y préparent aussi avec l'Aloès
et la Myrrhe un remède dont ils se servent dans le même but (3). Les
feuilles dont on a extrait le suc servent encore d'engrais à la Jamaïque.
L'Aloès d'Abissinie a été rapporté des sources du Nil par le célébré
voyageur Bruce; lorsqu'on coupe une de ses feuilles on en voit sortir avec
abondance un suc gluant d'un jaune orangé, qui paroît très résineux, et
qui en peu de tems s'épaissit en une matière sèche et roussâtre (4). Les
Arabes le nomment Sabbâre, et les Egyptiens Lohajoe. En Egypte on met
ses fleurs dans les maisons nouvellement bâties, pour en corriger les
odeurs désagréables (5).
( 1 ) Wright. Lond. med. Journ. 1787. v. 8. p. 3. p. 217. Murray. App. Medic. v. 5. p. 246.
(2) Ccesalp. lib. 10. cap. 5i.
(3) Sloan. Jam. Hist. 1. p. 245.
(4) Lam. Dict. n* 5.
( 5 ) Forsk. Fl. jEg. Arab. p. 73.
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