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8c leur ôte toute eiperance d’être rétablis en leur premier
état, quelque repentir qu’ils témoignent.
Après le départ de Theodofè, Valentinienqui n’a-
voit encore que vingt ans, ne fe trouva pas allez fort
pour réfifter à la puifïànce des païens. Il y en avoit encore
plulieurs à Rome dans le fenat, entre autres le fameux
Symmaque conlul la même année 3 g i . Mais le
plus puifïànt de tous étoit le comte Arbogafte. Il étoit
Franc de nation, homme de coeur, grand capitaine, def
intereiïe ; mais feroce , hardi, ambitieux. L’empereur
Gratien l’avoit emploïé avec Bauton 5 il étoit devenu
général des armées de Valentinien. Il eut la meilleure
part à la défaite de Maxime, dont il tua le fils Viétor,
& fit la paix avec les Francs en 3 8g. D’epuis ce tems il
fut tout-puiffant auprès de Valentinien : il lui parloit
avec une entiere liberté, & diipoioit de plufieurschoies,
même malgré lui: parce qu’il étoit maître des troupes.
Il donnoit à des Francs toutes les charges militaires
, & les civiles à des gens de fa faélion : aucun officier
de la cour n’eût oie executer les ordres de l’empereur,
iàns l’approbation d’Arbogafte. Le jeune prince
ne pouvoitiouffrir ce joug : il écrivoit continuellement
à Theodoiè , iè plaignant des mépris d’Arbogafte ; le
conjurant devenir promptement à fon fecours, finon
qu’il iroit le trouver.
MBf.it. £.17. Valentinien étoitaiméde tout le monde, hormis des
païens. Juftine ià mere étoit morte quelques années auparavant
; & îes mauvaifesimpreifions qu’il avoit re-
cûës d’elle , étoient effacées par les inftruéfions & les
exemples de Theodoiè. Il avoit déjà beaucoup de gravité,
& iàvoitiè vaincre lui-même. On l’accufoit d’aimer
les jeux du cirque, & de s’occuper aux combats des
belles : il s’en corrigea fi bjen, qu’il ne faiioit pas celcjbrey
Sulpi. \Alex.
Creg. Tur.lib.u.
fhilofl. 11. c* T,
Amb■ de ob Valent.??.}
L iv r e d ïx -n e u v ie ’ m e. dbg gj
brer ces jeux, même aux jours folemnels, 8c qu’il fit tuer 7 7 7 T T 7
t 1 a. .a I . /~\ . , A N * 1 Q 2 , * toutes les betes en meme tems. On trouvoit qu il man-
geoit de trop bonne heure; il iè mit à jeûner fouvenr,
fans ceifer de tenir fa table, & d’y recevoir fes comtes,
comme la bien-féance le demandoit. Il aprit qu’il y a-
voit à Rome une comedienne, qui par ià beauté, fe faiioit
aimer éperduëment de la jeune nobleiïè : Il donna
ordre qu’elle vint à ià cour. Celui qui étoit chargé de
l’ordre, iè laifla corrompre par argent, & revint iàns
rien faire. Valentinien voulut être obéi, 8c en envoya
un autre : mais cette femme étant venue, il ne la vitni en
public ni en particulier, 8c la renvoya, fe contentant d’avoir
montré l’exemple aux jeunes gens. Toutefois il n’étoit
point encore marié.
Il écoutoit les affaires de fon confiftoire, 8c fouvent l(
redreiîbit les vieillards, qui doutoient , ou qui avoient
trop d’égard pour quelque perionne. Il aimoit tendre- ,7.
ment iès foeürs ; néanmoins ayant pris connoiflance
d’une affaire, où il s’agifloit de quelque héritage, que
leur mere leur avoit laiile, 8c que l’on prétendoit apar-
tenir à un orfelin: il renvoya l’affaire au juge public;
& en particulier, il perfu'ada à iès ièeurs, de fe défifter ». 1*.
de leur prétention. Quelques perionnes nobles & riches
étant accufez de crimes d’eftat: il fit différer le jugement,
à eaufè des iàints jours qui ie rencontroient :
enfuite il déclara l’accufàtion calomnieufè; & voulut
que l’accufé fe défendît en liberté , jufc|u’à ce que -le
préfet l’eut jugé. Ainfi perfonne ne craignit fous ion
regne ces fortes d’accufàtions. Il ne fouffrit point que
l’on impofat rien de nouveau fur les provinces. Ils ne ir,
peuvent, difoit-il, acquitter les anciennes charges, com- I
ment en porteront- ils de nouvelles ? 8c toutefois il
avoit trouvé le tréibr épuifè. Tel étoit Valentinien
Tome I V, H h h h