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Les deux Macaires.
Süp.l. x i i i . ». 58,
T a ll. Lanf. c. 19.
V it a Patr. c. li.
Sup. I. v i i r . ». 16,
V i t a Patr. c. z f .
T a ll. c. 20.
V i t a Patr. c, xx.
Tail. c, éÿ.
n o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
gouverna l’hôpital d’Alexandrie. Il avoit des fceurs vierges
, qui vivoient dans une communauté de foixante &
dix filles, Ôc quoiqu’il fût riche, il ne leurlaiffa rien en
mourant.
Les deux Macaires étoient celui d’Egypte , ôc celui
d’Alexandrie. L’Egyptien ou l’ancien fut le premier qui
habita le défert de Scetis. Dès fa jeuneife, il fit paroître
une telle difcrétion, qu’on le nomma l’enfant vieillard;
ôc a l’âge de quarante ans il reçut le don des miracles,
pour chafferles dénions Sc délivrer les poifedez. Il fut
ordonné prêtre & vécut jufqu’à l’an 391. On remar-
quoit trois morts qu’il avoit reiTufcitez : un entre autres
pour convaincre un hérétique Hieracite qui moitla re-
furreélion. S. Macaire d’Alexandrie demeuroit tantôt à
N itr ie , tantôt à Scetis une journée au-delà, ôc fut prêtre
du monaftere dès Celles, au-delà du mont de Nitrie
a dix milles ou trois lieuës. On avoit ainfi nommé ce
lieu,àcaufe delà multitude des çellifles qui y étoient
repanduës : mais fi éloignées,que de l’une â l’autre on ne
pouvoit fe voir ni s’entendre. Les moines qui les habi-
to ie n t , s’affembloient dans l’éghfe le famedi ôc le dimanche.
Si quelqu’un y manquoit,on jugeoit qu’il étoit
malade, les autres l’alloient voir , Sc lui portaient des
rafraîchiifemens. Ils ne fe vifitoient point hors de ce cas,
ôc un grand filence regnoi,t dans ce défert.
S. Maqaire d’Alexandrie eft fameux pour fa mortification.
Aïant un jour defïré de manger des raifins, on
lui en envoïa de très-beaux , mais il les envoïa à un autre
moine qui étoit malade. Celui- ci par le même ef-
prit les envoïa' à un autre , ôc ce troifiéme à un quatrième.
Ils fe lès envoïerent ainfi tous jufques au dernier,
qui les rapporta à S. Macaire , fans fçavoir qu’ils
fufTent venus de lui, Pendant fept ans il ne mangea
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rien qui eût paffé par le feu : pendant trois ans il vécut
de-quatre ou cinq onces de pain trempé dans l’eau. Pour
vaincre le fommeil,il paifa vingt jours & vingt nuits à
découvert, expofé à l’ardeur du toleil d’Egypte , ôc au
froid de la n u it , qui eft te l, que la régie de S. Pacome
ordonne d’allumer du feu. S. Macaire aïant oiiiloüerl’in-
ftitut du monaftere de Tabenne , prit l’habit d’un ouvrier
, traverfa le défert de quinze jours de chemin , ôc
fe prefenta à S. Pacome , le priant de le recevoir. Saint
Pacome lui dit : Vous êtes trop âgé pour entreprendre
notre maniéré de vivre ; c’eft tout ce que peuvent faire
ceux qui s’y exercent dès la jeuneife : vous en ferez choqué
ôc vous retirerez, nous chargeant de maledièfions.
S. Macaire continua de poftuler fept jours durant fans
manger ; ôc lui dit enfin : Recevez-moi , mon pere ;
fi je ne fais comme les autres, vous me chafferez. S. Pacome
perfuada aux freres de le recevoir. Or ils etoient
quatorze cens dans ce monaftere.
Après qu’il y eut été quelque temps, le carême vint.
S. Macaire vit que les freres pratiquoient diverfes aufte-
ritez : l’un mangeoit le foir , l’autre au bout de deux
jours, l’autrq au bout de cinq,l’autre étoit debout toute
la nuit, ôc demeuroit tout le jour affis à travailler. Ma-
cairë aïant fait tremper des branches de palmier pour
les mettre en oeuvre , fe tint debout en un co in , ôc demeura
en cette pofture pendant tous les quarante jours
jufques à pâques : fans prendre ni pain , ni eau., ni fe
mettre à genoux, ni s’alfeoir, ni fe coucher. Seulement
pour toute nourriture , il prenoit le dimanche quelques
feüilles de chou cruës ,pour paroître manger ôc fuir la
vanité ; les autres jours il demeuroit en filence , priant
ôc travaillant. Les moines l’aïantvûen murmurèrent, ôc
dirent à S, Pacome : D ’où nous avez-vous amene cet
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