
Ruf,c.nti 7* iS .
Sup. /. VI, n% 10.
XXX.
Raine de l’idolâtrie
eaEgypte.
Ruf, u . c . 14.
Se»r. v. f. i i .
Jheod, r. r. 11.
U .c . 2 j .
é o z H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
La place du temple de Serapis étant nettoyée , on y
bâtit deux églifes, dans l’une defquelles l’on mit les reliques
de iàint Jean-Baptifte, qui avoient été apportées à
iàint Athanale du tems de l’empereur Julien , environ
trente ans auparavant. Un lavant homme nommé So-
phrone, compolà un livre confiderable de la deftruc-
tion de Serapis, comme témoigne S. Jerôme , dont il
avoit traduit en grec plufieurs ouvrages. Et c’eft par
lui que S. Jerôme finit l'on catalogue des écrivains eccle-
fiaftiques, compofé, comme il le témoigne, là quatorzième
année de Theodofe , quieft l’an 392.
Après la chute de Serapis, il n’y eut plus de temple
ni d’idole qui pût tenir, non feulement à Alexandrie ,
mais dans tout le refte de l’Egypte. Chaque évêque en
procura la deftruétion dans les villes & les bourgs, dans
la campagne, fur les bords du N i l , jufques dans les de-
ferts. En ruinant les temples d’Alexandrie , on découvrit
les cruels myfteres deMithra : on trouva dans les
lieux fecrets, qu’ils appelloient Adytes ,des têtes d’en-
fans coupées, avec les levres dorées, comme à des victimes
; & des peintures qui reprefentoient diverfes morts
inhumaines ; car ils égorgoient des enfans , particulièrement
des petites filles, pour regarder dans leurs entrailles.
A la vûe de ces horreurs, les payens furpris &
confus, fe convertifibient en foule.
On découvrit auffi les artifices dont ufoient les prêtres
des faux dieux, pour abufer les peuples. Il y avoit
des idoles de bois ou d’airain,qui étoient creufes 8c adof-
fées contre les murs, dans lefquels on avoit pratiqué des
palïàges lècrets. Les prêtres y montoient par des conduits
foûterrains, entroient dans les idoles & les fai-
ibient parler comme ils vouloient. Un prêtre de Saturne
nommé Tyran, abufa ainfi de plufieurs femmes des
L i v r e d i x - n e u v i e ’ m e . 6 0 3
principaux de la ville ; il difoit au mari, que Saturne
avoit ordonné que fa femme vînt palier la nuit dans le .
temple. Le mari ravi de l’honneur que le dieu luifaifoit;
envoyoit là femme parée de fes plus beaux ornemens ,
8c chargée d’offrandes. On l’enfermoit dans le temple
devant tout le mondé : Tyran donnoitles clefs des portes
& fe retirait. Mais pendant la nuit, il venoi.tpar fous
terre, & entroit dans l’idole. Le temple étoit éclairé, &
la femme attentive à là priere , ne voyant perfonne 8c
entendant tout d’un coup une voix fortir de l’idole ,
étoit remplie d’une crainte mêlée de j oïe. Après que T y ran
, fous le nom de Saturne, lui avoit dit ce qu’il ju-
geoit à propos, pourl’étonrier davantage ou la dilpo-
fer à le làtisfaire : il éteignoitlubitement toutes les lumières
, en tirant des linges dilpofez pour cet effet. Il
delcendoit alors, & faifoit ce qu’il lui plaifoit à la faveur
des tenebres. Après qu’il eut ainfi trompé des femmes
pendant long-tems, une plus làge que les autres eut
horreur de cette aétipn ; écoutant plus attentivement,
elle reconnut la voix de Tyran, retourna chez-elle , 8c
découvrit la fraude à fon mari. Celui-ci le rendit accu-
lateur. Tyran fut misa la queftion, & convaincu par
là propre confélïion ; qui couvrit d’infamie plufieurs
familles d’Alexandrie, en découvrant tant d’adulteres,
& rendant incertaine la naiflance de tant d’enfans. Ces
crimes publiez contribuèrent beaucoup au renverlè-
ment des idoles 8c des temples.
Théophile fit fondre les idoles de métail, pour en
faire des chaudières, 8c d’autres vafes à l’ulàge de l’é-
glife d’Alexandrie ; car l’empereur lui avoit donné ces
idoles, pour les befoins des pauvres. Ce qui donna prétexte
aux payens, de dire que l’évêque avoit excité cette
guerre par intereft. Il referva une feule idole des plus
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