I l I I I
qui joignit l'exemple au précepte, que des l'égioiis inhospitalières
et inconnues furent intei'rogées poui' la première Ibis
au nom de sciences dont la voix ne s'était encore fait entendre
que dans l'étroite enceinte de l'Europe. Pendant plus
d'un demi-siècle, les voyageurs de toute uationalité et de
toute position sociale étaient réunis sous le drapeau fraternel
portant pour devise le nom prestigieux de HUMBOLDT, devise
qui leur rappelait sans cesse que. quelque éloigné que fût le
théâtre de leur activité, ils étaient constamment l'objet de la
sollicitude vigilante d'un génie tutélaii'e qui, du fond de Berlin,
suivait et quelquefois dirigeait leurs mouvements, assistait
et compatissait à toutes ,leurs peines, à toutes leurs souffrances,
et réservait à chacun d'eux le prix de ses travaux.
Aussi, quelle n'a pas dij être la douleur du monde savant,
et surtout des naturalistes voués aux explorations lointaines,
lorsqu'ils virent disparaître de l'horizon l'étoile polaire à
laquelle leurs regards comme lem^s coeurs se trouvaient invariablement
attachés !
Ne pouvant plus, hélas! t'ofirir, comme ils en avaient la
douce habitude, les dépouilles des régions qu'ils parcouraient
en qualité de tes missionnaires, ils viennent aujourd'hui, ô
ombre vénérée! les déposer sur ta tombe. Qu'il me soit donc
permis, à moi aussi, de dédier à ta mémoire ces feuilles fugitives,
fruits de douze années de pénibles pèlei'inages à travers
les classiques contrées de l'Orient où tes conseils m'ont conduit,
et où, d'après tes inspirations, j'ai cherché de nouveaux
matériaux pour la GÉOGRAPHIE BOTANIQUE , l'aîné et le plus
chéri de tes enfants !
Ce n'est qu'à ces titres que mon humble offrande réclame
sa place au milieu de toutes celles qui pourront orner plus
dignement ton urne cinéraire.