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peu connues, j'ai indiqué en détail les localités de l'Asie, de
l'Afrique et même de l'Aiiiérique habitées parles espèces appartenant
à l'Asie Mineure, à l'Arménie et à l'Archipel, en sorte que
celles qui ne se trouvent que dans ces dernières contrées ainsi que
dans d'autres parties du monde, mais non en Europe (prise dans
le sens restreint), n'ont aucun signe particulier. Enfin, la figure
d'un croissant ( c ) a été choisie pour indiquer les espèces qui
jusqu'à ce jour n'ont été observées qu'en Asie Mineure, en Arménie
et dans l'Archipel '.
I V
Après avoir indiqué le but, la tendance et les limites de mou
ouvrage, j'ai à rendre compte des matériaux dont je me suis servi
pour sa rédaction, ainsi que de la méthode systématique que j'ai
choisie. DepuisTOURNEFORT, le nombre des botanistes qui ont visité
l'Asie Mineure n'a présenté un chiffre notable que de nos jours,
où l'on a vu successivement descendre dans l'arène : SIBTHORPE,
AUCHER-ÉLOY et MONTBRET, JAUBERT, GRISEBACH, KOTSCHY, BOISSIER,
HELDREICH, G . KOCH, M. WAGNER, CLEMENTI, BALANSA, HUET DU
PAVILLON, etc. Malgré les remarquables services que ces savants,
mais surtout Kotschy et Balansa, ont rendus à l'étude de la végétation
de l'Asie Mineure, leurs belles récoltes ne pouvaient suffire
aux éléments d'un tableau général de la flore de iowie la péninsule
anatolique, tant que cette vaste contrée continuerait à offrir des
lacunes nombreuses constituant une véritable lerra incognita nonseulement
pour la botanique, mais encore pour toutes lés branches
des sciences exactes; en sorte que les localités explorées
par les savants que je viens de citer représentaient autant d'oasis
fleuries au milieu d'immenses surfaces stériles. Ce sont ces dernières
que j'ai tenté de faire disparaître en rattachant le connu à
1. Je n'ai dévié du principe do n'admettre dans mon répertoire que
des espèces constatées entre les limites sus-mentionnées, qu'en faveur des
genres PUÏSALINIUM et GH Ï - P T O S P E R A , tous deux ne renfermant (|uo des
espèces caucasiennes et persanes; mais comme ces genres faisaienl. partie
d u manuscrit de Jt, t^enzl, je n'ai pas voulu les en exclure et priver les
botanistes d'un travail très-important.
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l'inconnu. Malheureusement, l'inconnu composait encore la majorité
de l'Asie Mineure. Ainsi, à l'époque où, il y a treize années,
j'ouvris ma première campagne, les parties intérieures du PONT, de
l a PAPHLAGONIE, d e l a CARIE, d e l a MYSIE, d e l a GALATIE, d e l a GILICIE
PÉTRÉE, de I'ANTI-TAURUS, de I'ARMÉNIE BORÉALE, etc., étaient plus
ou moins un sol vierge pour les botanistes, ce qui constituait des
lacunes d'autant plus importantes que l'on savait exister dans ces
coirtrées des massifs montagneux aussi considérables que nombreux,
et entre autres I'ARGÉE, le BINGOELDAGH, le PARYADRÈS, I'ALADAGH
GALATIEN [Olympus Galaticus des anciens), le YULDUZDAGH, I'AKDAGH
(en Galatie), le KHODJADAGH (chaîne qui borde la rive orientale
du grand lac salé de la Lycaonie), I'EMINDAGH, le SULTANDAGH, les
chaînes du LATMUS et de LIDA en Garie, et tant d'autres systèmes
de montagnes vaguement indiqués sur nos cartes, ou seulement
connus par le témoignage des anciens dont les noms grecs et latins
étaient à peu près tout ce que l'on en possédait. Ge sont
donc ces massifs montagneux que je me suis attaché à explorer
ainsi que les vastes espaces intermédiaires qui les relient, espaces
qui ( les massifs sus-mentionnés y compris ) constituent plus du
tiers de la superficie de la péninsule anatolique. Grâce aux efforts
des botanistes cités plus haut et à douze années d'explorations,
pendant lesquelles j'ai sillonné l'Asie Mineure dans tous les
sens les matériaux se sont accumulés à un tel point, qu'en ce
moment il est permis d'aborder une entreprise qui, il y a douze
ans, eût été impossible, savoir : celle d'ébaucher un tableau botanique
non de quelques portions, mais de la totalité de l'Asie Mineure,
en donnant une énmiéraiion complète de toutes les espèces
spontanées phanérogames et cryptogames qui y ont, éiè observées jusqu'à
ce jour. Or, cette énumération, la première qui ait jamais été
1. Le nombre total d'espèces ( en y comprenant celles de Constantinople,
d e Brousse, de l'Olympe et deSmyrne quine se trouvent point représentées
dans mon herbier) que j'ai recueillies de mes propres mains pendant mes
explorations en Asie Mineure peut être évalué à environ 4500, parmi lesquelles
70 nouvelles ainsi qu'un genre nouveau (Tchihatchewia ). Quant
au nombre (les localités dont j'ai mesuré l'altitude, il se monte à 800, dont
6'I4 indiquées dans le premier volume de l'Asie Mineure (p. 554 ), et
environ '200 encore inédites, eti'ectuées postérieurement à la publication de
ce volume. Il est probable que ma prochaine campagne portera le grand
total de mes déterminations hypsométriques à près de mille.