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tentée, ne comprend pas moins de 6803 espèces (dont 570 dicotyl
et 836 nionocot.) distiibnées en 131 ordres et 967 genres ce rjui
sans doule constitue des éléments capables de fournir des hases
solides à une flore de ces contrées. En effet, quoique peu connues
encore dans leurs détails, elles ont été cependant suffisamment
exammées poui- qu'aucun type saillant et caractéristique ait
échappe à l'attention des botanistes; et d'ailleurs, quelque large
part que l'on fasse aux différences que les diverses régions de
notre globe doivent offrir entre elles sous le rapport de la variété
et de la richesse de la végétation, ce serait pour ainsi dire rompre
les proportions de la symétrie générale de la nature, que de vouloir
supposer en faveur de l'Asie Mineure des anomalies encore
plus considérables que celles qui y sont déjà constatés, et qui lui
assurent une supériorité marquée sur toutes les régions connues^
II est donc permis d'admettre que l'immense répertoire que je suis
parvenu à réunir représente assez exactement l'inventaire de la
richesse réelle de l'Asie Mineure; ce que l'on y ajoutera plus
tard ne changera pas sensiblement la physionomie générale de sa
flore, car l'acquisition de nouvelles espèces se trouvera souvent
neutralisée par l'abrogation de plusieurs autres qui y avaient été
accueillies comme telles.
On conçoit aisément qu'il ne pouvait entrer dans mon plan de
remplir rigoureusement toutes les conditions d'une FLORE, en
donnant la diagnose de chaque espèce. Une telle tâche aurait porté
I. N'appartenant nullement à l'école des spécialistes, je ne crois pas
m ' ê t r e exposé au reproche d'avoir trop multiplié les espèces, et par conséquent
d'avoir reproduit les mêmes formes sous des noms différents - je
crains plutôt d'être tombé dans l'excès contraire, en réunissant fréquemment,
a titre de synonymes ou de variétés, des espèces généralement admises
comme autant de types spécifiques distincts.
'1 i)'après le Sylloge floroe Europeoe de Nyman , la totalité des espèces
que contient l'Europe, prise dans le sens le plus étendu, est de 9000. Or,
SI l'on en retranche les espèces appartenant exclusivement à la Rumélie là
Grèce et la Crimée, la flore européenne proprement dite se trouverai't
r e d u i t e à 8699 espèces, et par conséquent elle n'aurait que isgo espèces
d e plus que l'Asie Mineure qui, cependant, ne constitue qu'un tout petU
canton comparé à la vaste étendue du continent européen, dont plusieurs
r e g i o n s, comme l'Espagne et l'Italie méridionale, se trouvent à peu près
sous les mêmes latitudes que la péninsule anatolique.
mon ouvrage à cinq ou six volumes ; de plus, dans le cadre général
de mon ASIE MINEURE, la partie botanique aurait figuré d'une
manière par trop disproportionnée comiiaratlvement aux autres
parties destinées à la Géographie, à la Ghmatologie, à la Géologie
et à l'Arcliéologie. A l'exception de certaines espèces dont je vais
parler tout à l'heure, je me suis donc borne à signaler les autres
seulement par leur nom, en indiquant avec la plus grande précision
les autorités qui en constatent l'existence dans les contrées
qui m'occupent. Cependant, lors même que mon ouvrage ne fait
que citer des espèces déjà observées en Asie Mineure par mes prédécesseurs
ou par mes contemiiorains, il élargit toujours l'aire
d'expansion (jui leur avait été assignée dans cette région, et il fournit
aux botanistes l'avantage de trouver rattachées à des localités
précises un grand nombre d'espèces dont l'habitat n'avait pu être
signalé dans le Prodrome de De Gandolle ou dans les Index de Fischer
que par le mot vague « en Anatolie * » (in Anatolia ou Natalia),
ou par l'expression plus vague encore « en Orient » (in Oriente),
Je ne parle point ici de plusieurs espèces de M. Boissier, qui jusqu'à
ce jour n'avaient figuré que comme exclusivement propres à
la Syrie, à la Perse ou à l'Asie centrale et méridionale, mais dont
la présence et souvent même l'extension assez considérable en Asie
Mineure ont été révélées soit par mes propres recherches, soit par
'1. Rien ne donne une idée plus frappante de l'ignorance complète où
l'on se trouvait à l'égard de l'Asie Mineure, même à une époque assez rapprochée,
et, dans tous les cas, très-postérieure aux voyages de Tournefort
et d'Olivier, que la manière dont cette contrée est mentionnée dans les
premiers volume du Prodrome de De Gandolle. Je n'en finirais point si je
voulais citer les erreurs, les contre-sens et les expressions vagues qui s'y
rencontrent presque chaque fois qu'il s'agit de l'Asie Mineure, de la Syrie
et de la Perse, Irois contrées qui souvent y sont tellement confondues
qu'il devient impossible de les dist inguer l'une de l'autre. Ainsi la province
persane Adjerbedjan et le lac turc Urumia y sont censés apparteni r à la Russie.
(Voy. Centaurea squarrosa, Cent, ustulata, etc. Prdr. VI, 76.) D'autres
fois, une portion de l'Asie Mineure est citée comme un pays ne faisant
point partie de la péninsule; ainsi le Cordopatium corymbosum Pers.
( P r d r . VI, 5"28) a pour habitat : campis Barbarioe, Natolioe et Troadis, exactement
comme si l'on disait qu'une plante habile les trois pays suivants :
la France, l'Italie et la Bourgogne-, enfin le Thymus punctatus Vis. est
signalé : circa Angoram ad Mare Nigrum (Prdr. XII, 206) et Achillea
microloba (DC. Prdr. VI, 32) Anatolia : pr. Ancyram (Angora) ad Mare