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Sicile. C’eft une efpéce particulière à ce Pays, & elle y eft rare. Audi peu
d’Amateurs ont l’avantage de le pofféder. M. Fuefly en a reçu deux individus
dont il a enrichi les fuperbes Collections de M. le Général Rengers à la
Haye , & de M. Gerning à Francfort. Soulzers donne le portrait de ce
Papillon dans fon Hiftoire abrégée des Infeâes, Tom, II, PI. XVI. fig. 8 ÿ.
Il l’appelle Arge.
Même P l.j suite d u N um. Gz .P l. XXXI.
il ^ A N .S l’embarras où nous fommes de concilier les fentimens oppofés de
MM. Gerning & de Villers, fur les Mars * nous allons les expofer tous deux.
La confiance que méritent ces fçavans Naturaliftes, ne nous permet pas de
décider entr’eux. Us appuient tous deux-leur opinion fur l’expérience ;
comment pourrions-nous les contredire ?
M. de Villers nous reproche d’avoir trop multiplié les efpéces de Mars.
I l dit que des Chenilles venues d’une même couvée d’oeufs pondus chez lui,
lui ont donné des mâles femblables à nos n°s. 6 a a b J, 6 ^ c e J PI. XXXI
6 XX XII ; des femelles femblables à notre 62 c d ; & quelques femelles
changeantes, mais moins que les mâles, & en couleur moins foncée : qu’il a
éprouvé les mêmes variétés une autre année, fur des Chenilles femblables,
prifes dans un même canton fur des Saules. Ces dernieres lui ont de plus
donné mâle & femelle de notre Mars orangé n°. 63 PI. XXXI. Selon lui,
la différence de grandeur entre le <>2 & le 64. ne vient point de diverfité
d’efpéce, mais eft occafionnée par les différentes températures de l’air.
Lorfque la faifon eft froide, les Chenilles fe transforment avant d’être
parvenues à tout l’accroiffement qu’elles prendroient par un tems plus chaud,
& alors les Papillons qu’elles produifent font plus petits. Par la même raifon
leur accroiffement devroit varier fuivant le climat.
Ces Chenilles, félon le même Naturalifte, fe nourriffent du Saule , du
Peuplier & du Tremble ; mais il a éprouvé que celles auxquelles il avoit
d’abord donné du Saule, avoient enfuite refùfé le Tremble, au lieu que celles
dont le Tremble avoit été la première nourriture, avoient indifféremment
accepté le Saule & le Peuplier,
A ce fentxment de M. de Villers, M. Gerning répond qu’à la vérité les
Chenilles de tous les Mars ont de fi légères différences entr’elles, qu’il eft
bien aifé de les confondre, & que c’eft-là ce qui a caufé tant d’erreurs & tant
davis oppofés fur ces efpéces, parmi les Naturaliftes qui les-ont décrites. Ce
n’eft, dit-il, qu’après des expériences fouvent réitérées, qu’il a claffé les
différens Mars de la maniéré fuivante.
62 a b PI. XXXI, eft le mâle du grand Mars. '6$ a b , PI. X X X I II ,
!en eft la femelle. 6$ c ù_, 67 a b, font des variétés du 62 a b.
<54 e ƒ j PI- XX XII, eft le mâle du petit Mars que nous appellerons à
taches blanches, pour le diftinguer du fuivant. 62 c d j PI. X X X I , eft fa
femelle.
64 font des mâles d’un autre petit Mars à taches jaunes, dont nous
donnerons la femelle PL LX X n°. 64 h.
Nous nous permettrons, fur ce fyftêmeune feule réflexion. Le 65 a b ,
PL XX XIII, que M. Gerning dit être la femelle du 62 a b Pl. X X X I , eft
très-rare. Il ne fe rencontre pas partout où l’on voit des ' Mars. M. de
Villers dit-que parmi le grand nombre de Chenilles de Mars qu’il a élevées,
aucune ne lui en a donné de femblable à celui-là. Il en a un dans fa
Collection, mais il lui a été envoyé comme une rareté. Aucun Naturalifte
ne l’a décrit ni repréfenté. Ces objeâions cependant ne font pas inconciliables
avec le fentiment de M. Gerning. Il eft très-poflible que le <5y a b. s’accouple
avec le 62 a b. Ses caraâeres font les mêmes, & il n’a pas d’autre différence
que la grandeur. Or cette grandeur peut conftituer une variété, & non pas
une diverfité d’efpéce. Sa rareté alors ne confifteroit que dans cette grandeur.
Cette opinion eft d’autant plus probable, qu’on ne lui connoît point d’autre
mâle.
La différence des deux opinions que nous venons de rapporter doit exciter
les Amateurs qui cherchent la vérité , à faire eux-mêmes des éducations de
Chenilles de Mars, afin de fe fixer un fyftême d’après leur expérience
perfonnelle. Il faut convenir que l’on trouve dans celui de M. Gerning une
vfaifemblance qui engage à l’adopter. Les trois efpéGes de Mars qu’il indique
ont chacune des caraêteres particuliers. La première eft non-feulement plus
grande que les deux autres, mais elle n’a pas fur les ailes fupérieures cette
tache oculaire que l’on remarque aux deux autres. Les deux petites différent