diflinétions font dcfignées par les trois chiffres, & celles
qui ne font qu’initiales & médiales n’ont précifément
que les nombres qui indiquent leur ufàge. R elie encore
à 'dire que l’R brifé 8c tous les Z Z fe font fur la troifie-
me fituation, 8c que la troifîeme S ainfi que le troifîeme
T fe terminent en mettant la plume fur la première. Pour
ce qui regarde la pratique des lettres mineures bâtardes,
on fuivra ce que j’ai dit aux explications de la planche
précédente. Quoique l’écriture foit différente,les mêmes
préceptes pour l’exercice peuvent lui fervir.
D u majeur.
Les lettres majeures bâtardes fo font de l’aétioü libre
des doigts , l’avant-bras coulant avec facilité fur la table.
On fe fert aulfi du bras pour jetter ces fortes de lettres j
mais je né confeillerois qu’à une main exercée long-
tems de s’y expofèr, par la difficulté qu’il y a de les foire
juflcs 8c fuivant les réglés. Dans la planche dixième, ces
lettres font mefùrées 8c enfermées dans les quatre lignes
horifontales A B. Elles ont trois corps mineurs deleva-
t iô n , chaque corps étant de fept becs de plume. Il fout
pourtant excepter de ce principe la deuxieme M , qui n a
que deux corps 8c un bec de plume ; le deuxieme V , qui
n’a que deux corps, ai n i que la première partie de l’Y
grec , qui ne poffede qu’un corps. A l’égard des queues ,
elles ne paient que d’un corps 8c demi, 8c quelquefois t
davantage, fuivant la place 8c les circonftances. Pour ce
l qui efl delà largeur de ces lettres, elle efl exprimée par
des lignes obliques tracées fur chacune, lefquelles marquent
la quantité de corps quelles ont ; ce corps de largeur
efl de cinq becs de plume, comme je l’ai déjà démontré.
On remarquera que tous les caraéteres où il fe
trouve une étoile, fè font de la troifîeme fituation. Que
les deux dernieres parties de l’N & de l’V fe jettent du
bra s, ainfî que les queues de l’Y grec & des Z Z . Ces
principes font ce qu’il efl le plus intérelfant de favoir fur
les lettres majeures bâtardes qui doivent être d’une très-
grande fîmplicité dans leur forme , 8c d’une précifion
délicate dans los parties courbes. On parvient à la belle
formation de ces lettres, comme de toutes les autres,
par un grand exercice.
De P alphabet lie.
L ’alphabet lié demande beaucoup de travail. On doit
être perfuadé que plus on l’exécutera regulierement, 8c
plutôt on réuffira dans les mots. On a eu l’attention de
le mefurer pour la facilité de ceux qui voudront l’imiter
; par ce moyen on diflingucra toutes les différentes
largeurs, hauteurs des têtes, longueurs des queues, 8c
plufieurs autres principes.
Sur le dégagement des doigts.
Pour écrire de fuite 8c de maniéré que la main ne
change pas de pofition, il fout dégager les deux doigts
de deffous, qui font ceux que l’on nomme annulaire &
auriculaire. Ce dégagement fè foit en retirant ces deux
doigts fur la droite , & toujours dans la direétion derfk
ligne horifontale. Le point effentiel confifle à fovoir de
combien l’on doit dégager •, l’expérience a fait connoître
que l’on devoit fe régler fur les largeurs des écritures,
plus pour la bâtarde & la coulée, & moins pourlaronde.
Le dégagement qui tranfportc la main de gauche à
droite, ne fe'fait que dans les parties angulaires, 8c jamais
dans celles qui font courbes. Pour dégager, il faut
que la main s’arrête , cè qui feroit dangereux dans les
rondeurs , puifque par - là , elles acquerroient de la dureté
& du talon.
L’avantage que l’on -retire du dégagement efl de former
des lignes droites 8c fort longues , & d’empêcher
que la main ne fc renverfe en-dehors, & que la plume
ne porte fur l’angle des doigts.
P L A N C H E XI .
Des alphabets des lettres coulées.
L ’écriture coulée efl aujourd’hui la plus en ufàge,
parce qu’elle s’écrit plus vite que les deux autres écritures.
La promptitude avec laquelle on agit dans cétte
écriture 8c fouvent trop tôt recherchée, foit que dans
le général elle manque de forme, que les liaifons n’y
paroiffent pas, 8c que la plume ne trace que des lignes
droites & courbes. Ce qui contribue encore à la défec-
U R E S.
tuofîté de ce caraétere , c’cfl que l’on a introduit dans
les bureaux le goût fîngulier de l’écrire plus droite 8c
plus longue que fon principe ne le permet, 8c prefque
toujours fons queues ni têtes. Ce n’efl pas là afTurement
l’efprit d’un art fi utile pour la propagation des fciences,
8c qui n’a été afTujetti à des réglés que pour le rendre
plus beau à la vue 8c plus facile à la leéture. Ne devroit-
on pas fovoir que les chofès ne font correctes, qu’au-
tant qu’elles font exécutées dans les principes reçus, 8c
fuivant les modèles que les grands maîtres nous ont
laides. Je veux bien que l’on prenne quelques licences
que la vivacité peut permettre, mais ces licences ne doivent
jamais détruire le fond ; or le fond de l’écriture confifle
dans l’exécution de la forme particulière à chaque
lettre. Lacaufè ordinaire desmauvaifes écritures efl que
l’on ne travaille pas avec aflTez d’affiduité chez les maîtres
, que l’on néglige la connoiffonce des réglés 8c la
pratique des gros caraéteres. Elles viennent encore de
l’abus où l’on efl de placer les jeunes gens chez les Procureurs.
C ’cfl là que le meilleur f&raétere fè corrompt,
c’efl là que fè gâtent les mains qui promettoient le plus.
L’étude de la pratique efl à la vérité néceffoire, mais je.
voudrois que les humanités faites, on commençât par
ce genre d’occupation avant d’apprendre à écrire. C ’en
efl affez for les caufès qui rendent les écritures difformes,
& fur-tout la coulée. Entrons dans le détail fonple des
principes de cette derniere.
Du mineur.
Les lettres mineures de l’alphabet cou lé , meforées à
la onzième planche, & renfermées dans les lignes horifontales
A B , fe font toutes de l’aétion fimple des doigts,
pliant 8c allongeant. Le corps de hauteur en cette écriture,
ainfi que je l'ai dit aux explications de la fèptiemc
planche, efl de fèpt becs de plume ou de fix , 8c celui
de largeur efl de cinq ou de quatre 8c demi. Toutes les
têtes en coulée font doubles, à deffèin de les lier plus ai-
fément, & portent d’élévation un corps 8c un bec de
plume, à l’exception pourtant des deux D & du T , qui
n’ont qu’un demi-corps. Les points forts à côté de toutes
les lettres expriment aux yeux cette hauteur, ainfî
que les longueurs. Les queues n’ont de longueur qu’un
corps 8c demi, 8c quelquefois davantage lorfqu’on les
rend foillantes 8c que l’ouvrage le permet. Pour ce qui
efl de la largeur, les têtes n’ont fïmpleraent qu’un corps,
8c les queues tantôt un corps, tantôt un corps 8c demi,
quelquefois deux corps & demi. Les lignes obliques tirées
for toutes les lettres font diflinguer ces diverfes largeurs.
Les autres lignes obliques placées au-deflùs 8c
au-deffous de tous les caraéteres, annoncent que la foliation
de la plume efl oblique. Les chiffres i. z. & 5.marquent
les lettres initiales, médiales 8c finales dans lè
même ordre qu’il a été dit aux explications des planches
précédentes. Je répété que l’X finale & tous les Z Z fè
font fur la troifîeme fituation ; 8c que l’L finale, la fin
des SS finales, & le T final fè terminent fur la première
fituation. On fuivra ce que j’ai dit aux deux dernieres
planches pour l’exercice, en foifont obferver que la plume
en coulée fè tient plus longue dans les doigts, que dans
les autres écritures.
D u majeur.
L’alphabet majeur coulé que la planche onzième pré-
fonte , n’expofe fîmplement que les lettres qui font proprement
de cette écriture ; on peut y fubflituer les lettres
majeures bâtardes. Ces caraéteres fe font d’une aétion
prompte des doigts, l’avant-bras coulant avec vîteffe
for la table. On peut auffi les jetter du bras. Toutes ces
lettres qui n’ont que trois corps mineurs de hauteur,
font meforées & enfermées dans les quatre lignes horifontales
A B. On exceptera de cette réglé la première
M ; la première partie du Q , la deuxieme X , 8c la première
partie de l’Y grec, qui n’ont que deux corps. Les
queues ne paflènt que d’un corps 8c demi. A l’égard des
corps de largeur, ils font exprimés par des lignes obliques
tirées fur chaque lettre. L’étoile annonce comme
dans les planches précédentes, les majeures qui fo font
for la troifieme fituation. Voilà le précis le plus néceffoire
de toutes ces lettres que l’exercice fera exécuter
avec jufleffe.
Sut,
E C R I ' Sur P alphabet des lettfes brifées.
Les lettres brifées.ne font point gothiques , Cômme
beaucoup de perfonnes l’ont penfé. Ce font des élémens
où l’on affeéte de produire des angles dans le haut 8c
le bas, lefquels élémens forment une écriture qui tient
fouvent la place d’un titulaire ou d’une groffe bâtarde»
Pour l’ordinaire, cette écriture efl perpendiculaire-, elle
efl quelquefois penchée, mais rarement. La hauteur de
ce caraétere efl de fept becs de plume for cinq de large
6c trois de pente lorfqu’elle efl couchée. La plume efl
tenue fur la fécondé fîttfation pour favôrifor les angles,
ôc le bras éloigné du corps de même qüe dans la ronde.
Les têtes ont un corps 8c un bec de plume d’élévation-, -
6c les queues un corps & demi de longueur. Ces principes
généraux & plüficurs autres, foront aifés à remarquer
dans l’alphabet de la planche onzième, où il efl
mefurç 8c enfermé dans les lignes horifontales A B. On
peut aïïurer qu’un titre ou un fous-titre de cette écriture
foit un très-bel effet ; c’efl pourquoi je confeille à ceux
qui font ufoge de la plume, de la mettre en pratique
dans leurs ouvrages.
Sur l’ordre dans l écriture»
Savoir écrire félon les réglés ; mais n’avoir point l’e f
prit d’ordre, c’efl ne pofféder qu’une partie de l’art. Pour
acquérir cette qualité, il faut a v o ir , ainfî que je l’ai ob-
fervé en plufieurs occafions, de l’invention 8c du goût.
L’invention embellit, augmente & donne de l’effet»
Le goût examine, difpofè & empêche que cet effet ne
déplaifo à la vue. T ou t l’ordre efl renfermé en ce peu de
mots. Ainfi tout fujet qui poflederâ ces talens , fora fûr
d’exécuter avec beaucoup plus de régularité qu’un autre.
Son ouvrage fera fuivi, foutenu dans fon corps , correét
dans la diflancc de fes mots & de fes lignes, recherché
dans le choix de fes letttes, & dégagé de cette fuperfluité
de parties qui laiffe prefque toujours aux yeux la repré-
fontation d’objets irréguliers ou difformes»
P L A N C H E X I L
De la plume a traits. ^
Là plumé à traits efl ainfi nommée parce qu’elle fort
à produire les lettres capitales ou majufcules, & les traits
que l’on appelle cadeaux. C ’eil au commencement du»
fiécle dernier qüe cette plume a été employée pour les
traits. Elle fe taille différemment que les autres, & elle
efl plus convenable qu’aucune pour les grands coups de
main, c’efl-à-dire pour ceux que le bras exécute, parce
qu’ils ont plus d’apparence 8ç de complication. L’encre
étant la nourriture de cette plume , on a coutume de l ’y
laiflèr tremper, afin qu’elle foit plus obéiflante à la conf-
truélion des traii6, en obforvant pourtant qu’elle n’y
trempe pas tro p , parce qu’elle s’amoliroit plus qu’il né
fout. Le point jufie de cette plume pour opérer confifle
à n’être ni trop dure ni trop foible par le bout > l ’un 8c
l ’autre étant contraires à la correétion des traits. Après
avoir ’donné une idée légère de cette plume, il faut parler
des réglés de fo taille 8c de fes pofitions particulières,
car fans cette connoiffonce il efl impoffible de bien exécuter
8c les traits 8c les lettres capitales.
Sur la taille de la plume à traits»
La plume à traits fo partage, ainfique les autres plumes,
& comme la planche douzième le fait vo ir, en trois parties
égales, & entre les quatre lignes horifontales A B.
La première depuis 1. jufqu’à 1. où font les carnes •, la
fécondé depuis 1. jufqu’au 3. milieu de la grande ouverture
, 8c la troifîeme depuis 3. jufqu’au 4. Commencement
de cette grande ouverture. Le canon de cette plume n’efl
point cavé ; il efl en fauffèt, 8c fo termine en pointe,
comme on peut le remarquer au chiffre 1. Les angles de
l’extrémité du bec font égaux, tant en largeur qu’en longueur.
La fente fi effontielle à cette plume doit être nette,
8c ne contenir que toute la longueur de la première partie.
Cette plume fert auffi pour l’écriture expédiée, avec
cette différence qu’elle efl un peu moins fendue, & que
les carnes font un peu plus cavées.
Sur la première pofition.
La première pofition efl celle que l’on appelle à face,
parce que la plume efl tenue prefque vis-à-vis le corps,
8c de maniéré quelle produit fur la ligne perpendicu-
URES. ^
foire ou fur l’obliqué > des pleins én defeendant. Là dc-
monftration expofe non-feulement la pofition de cetté
plume, mais encore les effets qii’elle procure dans les
lignes mixtes -, courbes 8c fpirales, où tous les pleihs
marqués par les lignes perpendiculaires A B , fo trouvent
en defeendant foit fur la gauche, foit fur la droite. Dans
cette pofition le bras efl peu éloigné du corps. Si cependant
on vouloit former des contours plus vafles, il feu-
droit l’écarter davantage»
Cette pofition efl employée dans les traits, 8c fur-
tout pour plufieurs lettres capitales»
Sur la fécondé.
La deuxieme pofition efl de cô té , parce que là plumé
efl tenüe de façon que le bec efl dans la direélion de là
ligne horifontale pour produire des pleins dans cette même
ligne , ainfi qu’au-deffus & au-deffous des parties
courbes. La planche douzième exprime cette pofition &
les effets qui en dérivent, lefquels effets font voir les
pleins qüe les lignes horifontales A B expofent placés
pofitivement comme je viens de le dire. Le bras dans
cette pofition efl un peu éloigné du corps -, les doigts
qui tiennent la plume font dans une formé circulaire. A
l’égard de la main, elle doit être plus oit moins renverfée
en-dehors, fuivant ce qu’on veut lui fair,e exécuter >plus
renverfée pour des lignes mixtes , fpirales, queues d’ÿ
grec & autres traits, 8c moins pour des bouts de lignes
& autres effets de plume» .
Cette pofition efl la plus ufitée ; elle fort dans tous les
traits 8c dans le plus grand nombre des lettres capitales»
Sur la troifiemei
La troifieme pofition efl appellée inverfe, parce que
la plume, de 1a maniéré dont elle efl tenue, produit des
pleins en remontant. On voit dans la planche douzième
la pofition de la plume avec les effets qui en refultent»
Les pleins que ces effets produifent font annonces par les
lignes obliques A B. Le bras efl un peu plus éloigné-du
corps que dans les deux autres pofitions, 8c la main foie
la forme circulaire en avançant fur le devant du papier.
Cette pofition efl la moins ufitée de toutes. Elle for-
voit autrefois pour exécuter l’ecriture a la duchcflè qui
ne fe fait plus actuellement. V o yez ce q u i! efl dit dé
cette écriture au mot Chemise, Ecriture»
Sur les traits.
Les traits ou cadeaux font des coups de plume qui for*
vent aux maîtres Ecrivains pour embellir leurs pièces
d’écritures , 8c aux Commis pour donner de l’éclat à utl
titre 8c à toutes fortes d’ouvrages. L ’origine des traits,
à ce qu’on prétend, vient des Arabes ou des Maures*
Dans les feize 4c dix-feptieme fiecles on les exécutoir
avec ia plume grdflè ou moyenne, mais depuis on s efl
toujours fervi d’une plume taillée exprès pour cela, comme
je -l’ai déjà dit» f . .
Les traits fe font du bras & à la voice ; dn les foit auffi
quelquefois des doigts» Les traits qui mpréfentoient des
figures d’hommes , des oifoaux, ont etc recherches dans
le fiecle dernier, 8c même dans celui qui 1 a précédé;
mais dans celui où nous vivons on les veut plus fimples
8c plus naturels. . ce
La beauté des traits confifle dans une grande ju fieffé
8c dans la néceffité de les approprier au caraétere de cha-
quç écriture. Il faut que dans la ronde ils foient plus riches
8c un peu plus compofés que dans les autres écritures.
Dans la bâtarde, au contraire, ils doivent etre de
la plus grande fîmplicité •, 8c pour la coulee, ils doivent
tenir le milieu entre les deux > elle ne veut rii du trop fîm*
p ie , ni du trop chargé.
Il fout pour réuffir daiis lés traits, avoir de l’invention,’
du g o û t , de l’ordre 8c de l’adrefïè. De 1 invention, pour
varier & ne pas faire des répétitions ; du goû t, pour difo.
cerner ce qui peut être convenable ; de 1 ordre, pour éviter
la confufion ; de l’adreflè enfin, pour placer toutes
chofès dans le tour le plus régulier & le plus agréable.
S’il efl vrai que la jufleffe des traits annonce une main
habile, il efl vrai auffi qu’ils donnent beaucoup d’effet 8c
de luflre à une piece d’écriture. Quand ils manquent tout
paroît nud, 8c ne fatisfait pas les yeux. C ’efl beaucoup
qu’un excellent caraétere, mais il fout qu’il foit décore;
c’efl par les traits que l’on y parvient. Ils font à l’écriture
ce que font les habits à une belle perfonne, qui ajoutent