4 ALPHÀBÊÏS
N d. 1 . Alphabet phénicien d’après des inscriptions
Confervées à Malte depuis long-tems, & d’après
dès médailles de Sy rie .
N°. 3. Autre alphabet phénicien d’aprcs des médailles
de Sicile.
N°. 4. Troifieme alphabet phénicien d’après les
infcriptions confervées en C h y p r e , 6c rapportées
par Pococke.
N°. 5. Quatrième alphabet phénicien d’après une
infcription découverte tout récemment à Malte.
Palmyrènien.
N°. 6. Palmyre ainfi nommée à caufe de la quantité
de palmiers qui é toient dans Ses environs , eft la
même v ille que l’Ecriture-fainte nommeTadmor -, 6c
dont elle attribue la fondation à Salomon. C e tte
v ille étoit lituée à l’entrée du deSert, fur les confins
de la Sy rie. Elle devint célébré fous les régnés d’O -
denat 6c de Z é n o b ie , qui étendit fes conquêtes depuis
les bords du T ig r e jufqu’à l’Hellefpont, & prit
le nom de reine d’O r ie n t , lorîqu’elle fe fut affujetti
l ’E g y p te , par Zalb a , l’im de les généraux. Cette
reine fut depuis vain cue par Aurélien , chargée de
chaînes d’or & conduite à R om e , oit elle mena une
v ie privée près de T ibu r , & dans une maifon dont
on v o it encore les ruines. La v ille de Palmyre , c a pitale
des états de cette reine , étoit dans le voifi-
nage de l’Euphrate, 6c limitrophe de l’empire des
Perfes à l ’o r ien t , & de celui des Romains à l’o cc ident.
Cette fituation étoit extrêmement avantageufe
pour le commerce ; en e ffe t, Palmyre devint très-
opulente en diftribuant dans ces deux grands empires
les marchandifes qu’elle tiroit de la Perfe &
des Indes, par le moyen des caravannes. Elle fut
aulfi célébré par fon négoce , que Batne , v ille de
l ’Anthémifie, lituée près de l’Euphra te, au nord de
la Méfopotamie ; que Diofcuriade ou Prezonde.,
port de la C o lch id e , dans lequel ,au rapport de Pline
& de Strab o n , on v o y o it aborder des négocians de
300 langues différentes ; enfin que T y r 6c Ale xandrie.
Les ruines de P a lm y re , deflinées par quelques
•voyageurs an g lo is , prouvent fon ancienne fplen-
deur ; elles offrent de fuperbes colonnades, d’une magnificence
6c d’une richefleT qui paffe tout ce qu’on
peut v o i r en ce genre. Les inlcriptions palmyré-
niennes ont relié long-tems fans pou vo ir être d é chiffrées
; aufli les premières copies étoient-elles
fort défeélueufes ; enforte que plufieurs favans ang
lo is , tels qu’ Edouard B e rn a rd , Sm ith , Robert
Huntington , H a llifa x , ont tenté vainement d’en
donner des explications. Rhenferd crut être plus
heureux que les An glo is , & il hafarda un alphab et;
mais la gloire de cette découverte étoit rélervée à
M . l’Abbé Barthelemi ; il trou va le moyen de lire
6c d’interpréter les infcriptions palmyréniennes,
copiées fidèlement par MM. d’A v k in s & Robert
W o o d , & il fixa l’alphabet de cette langue ; c’elt
le même que nous donnons dans cette Planche. Les
élémens de cet alphab et, qui tiennent de l’héb reu ,
s’écrivent de même de droite à gauche.
Syro-Galiléen.
N°. 7 . C e que nous appelions fyro-galiléen, eft à
proprement pa rle r, l’ancien ch a ld é en , familier aux
prétendus Chrétiens o rien tau x ,q ui prennent le titre
de Mendai lahia , ou difciples defaint Jean- Bapùjle ;
ils étoient plus connus anciennement fous les noms
de Charaniens & de Subis. Ils habitent en grand nombre
dans la v ille de Baffora & dans les environs. Ces
chrétiens prétendent avo ir con fervé parmi eux les
liv res qu’ils attribuent fauffement à A d am , & qui
font écrits dans les caractères que l’on v o i t fous ce
A N Ç ï t N S; .....
N°. La bibliothèque roy ale poliedè pîuuèiir's hlàhiu-
crits fabiens , qui contiennent des efpeces de fermons
& des litanies que feuM . l’Abbé Fourmont, dë
l ’académie des Belles-Lettres , 6c profeffeur de fy -
riaque au college ro y a l * a traduits en partie. L e fa-
bien eft à proprement p a r le r , du fy r ia q u e , mais mélangé
de mots empruntés du perfan 6c de l’anciennë
langue chaldaïque. La religion dë ces peuples më
femble encore plus mélangée que leur langue ; e lle
tient de l’idolâtrie indienne, dujudaïfrrte 6c du Maho-
métifme ; car ils n’ont de chrétien que le nom, & u i l
certain baptême qu’on leur conféré lorftju ils naif-
ferit , baptême qu’on renouvelle enfuite tous les ans
à trois grandes fêtes différentes , 6c même lorfqu’ils
fe marient. Ils obfervent outre cela une forte d ’a-*
blution foir & ma tin, à la façon des Mahométans.
Ils font un facrifice a v e c de la fleur de fa rin e , dit
vin de paffe & de l’h u ilë , dont le fehek ou facrifi-
cateur fait un gâteau , qu’il diftribue au x afliftans
après en avo ir mangé un peu. Leu r fécond facrificë
ëft celui de la p o u lë , que l ’on la v e dans de 1 eau
claire , 6c à laquelle le fehek coupe le c o l , étant:
tourné du cô té de l’o r ien t , en prononçant ces paroles
: A u nom de D ie u , Cette chair foie pure à tous
ceusi qui la mangetout. Leur troifieme facrifice eft celui
du m o u to n , qui fe fait a v e c les mêmes céré*
monies.
C e s Sabis ont ëffuyé plufiëurs perfécutions ; ils
comptent Mahomet, Omar 6c Tamerlan an nombre:
de leurs perfécuteurs ; ils les accilfent d’avo ir brûlé
leurs liv res & abattu leurs temples. Ils furent encorë
perfécutés par le calife Almartion, qui furpris dë
l'habillement étroit & de la longue chevelure de plufieurs
d’entr’eüx , qui l’étoient venu fa lu e r , leur
demanda s'ils étoient alliés ou tributaires ; ils répondirent
, nous fommes Harraniens. Ê tes-vous chrétiens
, ju i f s , ou mages , leur demanda encore le'
c a life ? ce qu’ ils nièrent. A v e z -vou s des écritures &
un prophète , répliqua le calife ? ils tergiverferent
dans ce qu’ils avo ien t à répondre à cette demande ,
6c ne furent que dire. Vo us êtes d o n c , reprit le
c a life , des fadducéens , des adorateurs d’idoles , 6t
des compagnons du puits qui fut comble de pierres
fous le régné d’A lrafchid. Si cela eft a in fi, ajouta
le c a life , nonobftant que vous promettiez de pa ye r
le tr ib u t, il faut que v ous choififliez de deux chofes
l’u n e , ou dë fiiiv re le Mufulmanifme, Ou l ’une des
religions dont il eft parlé dans l’alcoran ; fans cela ,
je v o u s exterminerai tous. L e Calife vou lut bien différer
fa décifion , jufqu’à ce qu’il fût revenu du
pa y s de R o um , pour lequel il partoit alors. Pendant
cet in te rv a lle , nombre de ces Harraniens coupèrent
leurs longs c h e v e u x , prirent d’autres h a b its , & fe
firent oü chrétiens o u mufulmans. C eu x qui relièrent
attachés à la religion de leurs p e r e s , rëfolurent
de fe dire de la religion des Sabiens, dont il eft parlé
dans l’alcoran. Le calife mourut dans cette expédition
, 6c cela n’a point empêché que depuis ce tems-
là , ils n’aient été connus fous le nom de Sabiefls.
Ben Schohnah les appelle Chaldéens ou Syriens^
Pour m o i, je fuis porté à croire que leur religion
eft celle des anciens E g yp tien s , des Phéniciens 8t
des C ha ld éen s , à laquelle ils auront ajouté quelques
cérémonies extérieures pour en impofer aux Chrétiens
6c aux Mahométans, av e c lefquels ils font obligés
de v iv r e .
Ils effuyerent encore une violente perfécution de
la part des P ortugais, qui maîtres d’Ormous, 6c amis
du pacha de Baffora , obtinrent de ce gouverneur
qu’on forceroit les Sabis d’aller à l’églife portugaife,
bâtie à Baffora , fous pe in e ,d’amende pécuniaire &
de punition corporelle ; perfécution qùi ne finit que
lorfque les Portugais perdirent Ormous.
H * P L A N C H E -
A L P H A B E T
P L A N C H E V I .
Alphabet Ethiopien & Abyjjln.
L a langue éthiopienne a eu le même fort que la
langue la tin e , c’eft-à-dire, qu’elle eft devenue une
langue morte qui ne s’acquiert plus que par l’étude,
& qui eft confacrée pour les livres de religion; aufli
ces Peuples l’appellent-ils Lefan ghaaç , langue d’é tude
; Lefan mat^haph, langue des liv res. La langue
amharique ou abyfline a pris fa p la c e ; elle eft ainfi
nommée de la province d’Arahar la principale du
roy aum é d’A byflinie; c ’eft pourquoi on l’a appellée
Lefan neghus, la langue roy ale : ce n’eft pas qu’il
n’y ait plufieurs autres langues différentes & quantité
de dialeéles qui fe parlent dans les différens
pa ys fournis à l’Ethiopie ; mais la langue amharique
feule eft entendue par-tout, parce qu’elle eft
la langue de la C ou r . Elle ne l’eft devenue que
depuis l’extinélion des rois d’Ethiopie de la famille
des Zagée qui tenoient leur fiege à Axuma; c a r ,
comme la nouv e lle famille qui les remplaça fur
le trône parloit la langue amharique,tout le monde
fe fit un devoir de parler cette langue.
Au jugement de L u d olf, cette langue abyfline eft
très - difficile : 6c il confeille à ceu x qui voudront
l ’apprendre, de commencer par s’adonner à l’étude
de la langue éthiopienne, qui eft à l’égard de la
langue ab ifline, comme le latin à l’égard du françois
& de l’efpagnol.
Qu ant à la langue éthiopienne, elle dériv e mani-
feftement de la langue arabe dont elle ne femble
ê tre qu’une d iale éle , non-feulement par rapport à
l ’identité d’un très grand nombre de radicales, mais
encore par rapport à la grammaire qui eft prefque
g g même. Cette langue éthiopienne n’admet que
vingt-fix lettre s , les Abyflins en ont ajouté fept que
nous avons diftinguées dans la planche.
O n remarquera que les chiffres éthiopiens qu’on
a eu l’attention de marquer dans cette planche,
font à proprement parler les caraéleres grecs que
les Ethiopiens auront probablement empruntés des
Cophtes leurs voifins.
Les fept lettres que les Abyflins ont ajoutées à l’alphabet
éthiopien prouvent encore l’étroite analogie
de la langue abyfline av e c celle des Arabes qui,comme
on l’a remarqué c i-deffus, ont ajouté également un
pareil nombre de lettres à leur ancien alphabet.
Les Ethiopiens font connus dans l ’Ecriture-fainte
fous le nom de C hu fites , parce qu’ils tiroient leur 1
origine de Chus frere de Mefraïm & fils de Cham.
C e s peuples avoient dès les premiers tems de leur
monarchie, des lettres facrées ou hiéroglyphes, dont
le s prêtres feuls poffedoient la leé lure , & des le ttres
vulgaires communes à tous les Ethiopiens.Dio-
dore de Sicile même prétend dans un endroit de fon
hifto ixe , que les E gyptiens avoient reçu des Ethiopiens
ces lettres fa crées, prétention que feuM. l’abbé
Fourmont a vou lu appuyer par uneDiffertation imprimée
dans le cinquième volume des mémoires de
l’académie des Belles-Lettres; mais je ne v o is pas
q u ’il y détruife les témoignages de Sanchoniathon,
d e C ic e r o n , d’Anticlides cité dans P lin e , de P la to n ,
d’Eufebe de C e fa r é e , de Lucain ; enfin de D io -
dore même , qui font honneur de cette invention
au fondateur d elà m onarchie égyptienne,qu’ils nomment
M ené s , M e rcu re , T h o t , O firis , &c.
P L A N C H E V I I .
Alphabet Cophte 9 ou Egyptien & Grec.
O n a joint dans une même planche les alphabets
cophte 6c grec à caufe de l’étroite liaifon qui
S A N C I E N S. ç fubfifte entre l ’un 6c l’autre. En e ffe t, à l'exception
de fept lettres que les Cophtes ont ajoutées de plus à
leur alphabet , il eft v ifible que toutes les autres
lettres cophtes ne font point différentes des ma-
jufcules greques ; même figu re , même dénomination
, meme valeur : ces lettres greques furent introduites
en Egypte , fous le régné des-fucceffeurs d’A lexandre
dans ce royaume. La langue cophte qui ne
fubfifte plus que dans les livres des chrétiens d’Eg ypt
e , eft un mélange de g r e c , 6c de l’ancienne langue
égyptienne; peut-etre aufli s’y trouve-t-il beaucoup
de termes empruntés des anciennes langues perfanes
& éthiopiennes, car on fait que l’Egypte fut fou-
mife tour à tour aux Perfans & aux Ethiopiens : mais
ce qui rend la langue copht# d ’aujourd’hui particulière
6c o riginale, c ’eft que fa grammaire eft différente
de la greque 6c des langues orientales : nonobftant
cela je fuis fort éloigné d’en con clu re, comme
1 a fait M. l’abbé Renaudot (fu r Vorigine des
lettres greques. Mémoires de l'acad. des Belles-Lettres,
tom% I l . pag. 274.") que l ’ancienne langue é gyptienne
n a v o it aucun rapport a v e c l ’hébreu 6c le
phénicien ; & je fuis très-perfuadé qu’on ne doit
Pas iug er, Pa f la langue cophte d’aujourd’hui qui
eft bien différente de cette ancienne langue é gyptienne.
Sans alléguer d’autres preuves à cet é ga rd ,
je ferai feulement obfe rve r que Mefraïm & C a naan
étoient freres, qu ’ils parloient la même lang
u e , & que leurs partages fe touchoient. O r , comment
penfer après cela que le phénicien & l’é g y -
tien différoient effentiellement l’un de l’autre ? L a
propofition ne paroît pas recevable.
Cadmus, prince phénicien qui conduifit une co lonie
dans la G r è c e , communiqua aux Grecs l’alphabet
phénicien ; mais les Phéniciens eux-mêmes
tenoient cet alphabet des Egyptiens ; & par une
fuite des révolutions qui changèrent la face de
l’E g y p te , les Ptolemées montant fur le trône d’E g
y p t e , introduifirent l’ufage des lettres greques qui
firent infenfiblement oublier l’ancien alphabet égy—
C ’eft à l’idolâtrie des Egyptiens que l’écriture doit
fon origine. Sanchoniathon, ancien auteur phénicien,
dont Eufebe nous a confervé un fragment, dit
que le dieu T h o or ( c ’eft Ofiris ou Mercure Anubis
que l ’on a appelle T h o t par corruption) inventa
l'écriture des premiers cara&eres, qu’il tira les portraits
des dieux pour en faire les cara&eres facrés
des Egyptiens. En e ffe t , ces portraits des dieux
étoient chargés d’emblèmes fignificatifs, & fo r-
moient déjà une forte d’écriture figurée qui pei-
gnoit aux y eu x la v ertu & les differentes qualités
& aérions des grands hommes que l’on repréfentoit.
Cette in v en tio n , grofliere d’abord, reçut bien-tôt
quelque perfeérion : le pinceau & la plume fuccé-
derent au cifeau. O n Amplifia ces portraits 6c ces
figures allégoriques, on les réduifit, pour plus de
fa c ilité , à un très-petit nombre de traits. T e lle fut
l ’origine de l’écriture facrée des Egyptiens : elle fut
imaginée d’après ce que l’on appelloit les hiéroglyphes,
c ’eft-à-dire, les fculptures fa crées, & les gram-
mata, c’eft-à-dire, les lettres ou portraits des dieux.
Il paroît confiant par Socrates cité dans le Phèdre
de Platon, par D iod o re de Sicile, C icéron, Pline
6c par plufieurs autres anciens é criva ins, que l ’écriture
alphabétique eft de l’invention du même prince
nommé par les uns Menés ou Mercure, par les autr
e s , Hermès, T h o t , Ofiris, &c. Suivant le témoignage
de plufieurs de ces é criva ins , le monarque
égyptien avo it le premier diftingué les v o y e lle s des
confonnes, les muettes des liquides ; & il étoit parvenu
à affujettir le langage alors barbare à des réglés
fix e s , & à régler jufqu’à l’harmonie des mots
6c des phrafes. C e qu’il y a de c er ta in , c’eft que ce