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Les membranes des Ouies ont six rayons; la nageoire de la poitrine
en a dixsept; celle dn ventre, six; celle dev l’anns douze; celle de la queue;
seize;1 la première dorsale en a quatre et la seconde en a neuf.
La tête est large par ehhaut, comprimée des "deux côtes, et toute
couverte d’écailles. Ces dernières sont grandes",'particulièrement celles du
tronc, et à chaque rangée de ces écaillés 011 apperçoit une des lignes
mentionnées. L ’ouverture de la bouche est petite, les mâchoires sont
d’égales longueur et armées de fort petites dents. Au milien de la mâchoire
d’embas, en dedans, on apperçoit une espèce de coin ou de quille,
qui emboite dans la cavité de la supérieure. Les lèvres sont charnues,
la langue est rude, et dans la gorge il y a deux os en forme de rappe.
Les os des lèvres sont étroits et se terminent en pointes recourbées. L ’os
de la tête, se termine en plusieurs pointes, comme aux Milans. L ’ouverture
des ouies est large; leur membrane est libre, et au côté intérieur
de l’opercule de devant, on apperçoit une demi branchie. L ’àniis est une
fois plus éloigné de.la têté que dè la nageoire de la quëüë. La première
nageoire du dos n’a que des rayons durs; celles du ventre un, et celle
de l’anus trois; tous les autres rayons sont moux et ramifiés. Les bases,
de la nageoire de l’anus, de celle de la queue et de la seconde du dos,
sont couvertes d’écailles.
Le dos est brun; les flancs sont rayés de noir et de blanc; le ventre
est argentin; et les nageoires sont bleues.
Ce poisson se trouve dans toutes les quatre parties de la Terre. Mr.
Pennant en fait un poisson anglois; Gronov, un poisson hollandois; Getti,
un sardinien et un néapolitain; Jovius, un poisson romain; Willughby, un
génois et un vénitien; etForskàl en fait un poisson deMalthe, de Turquie
et d’Arabie: Duhamèl le dit, habitant de plusieurs rivières et côtes - de
France. Haselquist le trouva à Smime, et, en grande quantité, dans le
Nil. Valentyn le trouva aux Indes-orientales.; Brown à la Jamaïque; et
Plumier, aux Iles-Antilles. Ce poisson est du nombre de Ceux, qui, dans
de tertains temps, passent de la mer dans les rivières. Il se montre par
multitudes à la superficie de l’eau près des côtes, sur tout prés des embouchures
des rivières. Quand les pêcheurs voient que, l’eau paroit bleuâtre,
ils savent d’abord qu’il y a une grande quantité de ces poissons. Ils
les entourent alors, aussi-tôt que possible, et tâchent en les resserrant
avec leurs filets, de les ressembler dans un circuit étroit; cela se fait peu
à peu et avec grand bruit; mais si les poissons s’apperçoivent de la ruse,
il cherchent une issue au dessous du filet, et s’il réussit à quelques uns
de. se sauver, toute la bande suit. Si le poisson ne trouve point dissue
par embas, il se sauve en sautant par dessus le filet; êt il n’arrive que
trop souvent, que le pêcheur, d’une bande qu’il estimoit à cinq cent, n’en
prenne qu’à peine une douzaine. Mais l’homme,, qui. sais se rendre maître
des animaux les plus rusés, n’a pas non plus été inactif dans ce cas-ci;
les pêcheur de Bausigues ont inventé un filet, où le poisson saute lui
même et se trouve dans le piège. Ils attachent, au filet ordinaire, ce
filet, qui est fait en forme de sacs ou de verveux. Ils nomment ce filet
sautade ou cannat. Duhamel en a donné un ample déscription a).
Ce poisson, dans le mois de-Mai, Juin et Juillet, entre dans les rivières;
et comme le Saumon, il y remonte fort haut vers leur source.
Prés de l’embouchure de la Loire on remarque de deux sortes de ces
poissons, quant à la couleur; il y en a de couleur pâle et de couleur
foncée. Ces derniers restent toujours dans la mer,' les premiers sont ceux
qui remontent les rivières.r Comme il est très connu que certaines sortes
de poissons n’entrent dans les rivières, que principalement pour continuer
leur race; il ne serois pas" inutile d’examiner exactement, si ceux qui restent
dans la mer, forment une espèce séparée, ou, '-si le penchant à la
propagation n’est pas encore développé en eux. L ’eau douce convient fort
bien au Mulet; c’est pourquoi on préfère celui dé. l’eau douce â celui de
la mer, parce qu’il est plus gras que celui-ci. On peut les transplanter
. dans les lacs qui ont un fond de sable. On les cuït ordinairement au
bleu, et on les mange avec de l’huile et du jus de citron. On les fait aussi
frire. Quand la pêche de ce poisson est abondante, on sale et on enfume
. ce que l’on ne peut pas manger frais. On fait, des oeufs de ce poisson,
une' espèce de Caviar, qui est connu sous le nom de Boutargue. Voici
comment on l’appréte: Dès que le poisson est ouvert, on en prend les
oeufs on la résure; on singe cette résure avec du sel; après quatre ou
r cinq heures on la presse entre deux planches pour en faire sortir l’eau;
' ensuite on la lave avèc une légère soumure et la fait sécher au soleil. Comme
cela se fait, ainsi qu’il a été,, dit, pendant les mois d’été, ce Caviar se
trouve parfaitement sec, dans huit ou quinze jonrs; la nuit,, on a soin
de le mettre à couvert, crainte qu’il ne souffre de la pluie ou de la rosée;
* Ce mets est fort estimé en Provence et en Italie.
Ce poisson, ainsi que la carpe, se nourrit' dé plantes et de vers. •
Le péritoine est noir; l’estomac petit et charnu; le canal des intestins
fait plusieurs sinuosités, et l’on remarque sept appendices près de son oua)
Trait, de pêch. IU.- p. 145*