
6 P A P I L L O N S
'François dans les endroits cités ont décrit deux Phalènes différentes.
Cependant fi l’on rapproche leurs defcriptions , & fi on les compare
■ avec les figures de Réaumur , on ne peut douter qu’ils n’aient eu en vue
les mêmes individus. La bande jaune longitudinale qui fuivant l’un &
l ’autre , régne fur le dos de la Chenille depuis la tête jufqu’à la queue,
eft un cara&ère trop frappant pour pouvoir s’y méprendre , & appartient à
celle delà Phalène Fjy de Geoffroy. Réaumur lui a donné le nom de Chenille
demi-velue de VAbricotier, que nous avons adopté avec les Viennois ; mais
dont ceux - ci ont appliqué mal à propos la dénomination à leur efpèce
Tridens. Cette Chenille vit non-feulement fur l’Abricotier , mais encore fur
le Pommier, le Prunier, & fur les autres efpèces d’arbres fruitiers, même
fur le Rofier. On en trouve rarement plus de cinq ou fix fur un arbre,
& elles font toujours ifolées. Elles éclofent peu de tems après que la
Phalène a dépofé fes oeufs, ce qu’elle fait en Juin & Juillet. Leurs
couleurs en naiffant, ne font point aulïi foncées que quand elles ont
pris toute leur croiffance , elles s’avivent à mefure que l'infecte change
de peau ; le fond noir de la Fig. 2 8 6. a , n’eft dans le premier âge
que brunâtre , & les traits rouges dont plufieurs forment des efpèces
d’yeux , dur la plus grande partie des anneaux, font alors d’une couleur
orangée rougeâtre. La bande jaune dont nous avons parlé plus haut eft
interrompue par une pyramide charnue que la Chenille porte fur le
quatrième anneau, & qui eft faite des mêmes fibres que la peau, dont
elle eft une excroiffance. Cette pyramide lui fert d’arme défenfive; elle
la prélente & cache fa tête dès qu’elle fe fent attaquée. De chaque
,côté de la bande , & fur chacun des anneaux, eft une aigrette de quatre
ou cinq poils bruns, ôc au deffus des pattes tout le long du ventre font
implantés d’autres poils blanchâtres qui fe dirigent en bas : le deffous du
ventre eft grifâtre.
S E C O N D É T A T ,
N o u s n avons point obfervé nous-mêmes la manière dont ces Chenilles
font leur coque : mais Roefel qui paraît avoir fuivi leurs manoeuvres avec
attention , dit quelles fon t, fur une branche d’arbre , un tiffu entremêlé
de brins d’écorce, ce qui lui donne l’air d’une excroiffance de bois ; il
en a la couleur , aufli eft il difficile à découvrir : Roefel ajoute que
dans fes éducations , elles rongeoient la boëte où il les tenoit renfermées,
& fe fervoient des copeaux pour fortifier leur cocon : cependant Réaumur
qui les a élevées à plufieurs reprifes, & dans dès années différentes,
affure quelles entrent en terre pour leur métamorphofe , & forment une
habitation dont l’intérieur eft tapiffé de foie. La première année qu’il les-
obferva, elles ëtoient très-multipliées dans fon jardin, & il avoit cru inutile de
les nourrir en chambre ; mais quand il voulut avoir quelques Crifalides pour
obferver les Phalènes , il ne put découvrir ni^ coques ni Crifalides. L ’année
fuivante il en éleva un grand nombre dans des vafes, & négligea d’y mettre
de la terre, mais s’étant apperçu que plufieurs périffoient il effaya de donner
de la terre à celles qui lui reftoient : elles ne tardèrent point à la percer ,
& y bâtirent leurs coques, dans lefquelles elles, furent bientôt transformées
en crifalides , ce qui lui apprit ,• dit-il , que quand on ignore l’hiftoire
d’une Chenille , il faut toujours lui donner delà terre dans les éducations
que l’on en fait. On ne peut douter, en comparant' les figures que donnent
Ges deux Sçavants obfervateurs , qu ils n ayent décrit 1 un ôt 1 autre la même
efpèce, cependant, cette partie de leur defcnption paraît abfolument
contradictoire. Gomme- nous n avons aucune obfetvation particulière,'nous
ne chercherons point- à les-accorder.
La Crifalide, Fig. 28 6. L e f t d’un rquge brun foncé, & eft terminée
'.par une pointe fort courte : elle fe remue pour peu qu’on, la touche. Le
Papillon relie dans cet état pendant dix mois environ , & éclot vers le
mois1 de Mai ou de Juin.
É T A T F A K F A I F.
O n voit que la difpofition des lignes ■ & des traits’ , eft à très - pem
de'chofe près la même dans les ailes fupérieures du male & de la femelle
en deffus , Fig. 2 8 t . c , d ; dans nos deffins le fond des inférieures eft
brunâtre dans le. mâle, & blanc dans la femelle mais ces couleurs fe