
M ême P l a n c h e , N u mé r o %8G.
C H E N I L L E D E L A U N EL
’ A U N E T T E.
P R E M I E R É T A T .
J_ j A Chenille, Fig. 3 8 6\ a, d un noir luifant, eft fort remarquable
non-feulement par les grandes taches couleur de citron qui. JoHt-fur. chacun
de fes anneaux , mais encore par la forme des deux poils noirs qui fortent
de chacune de ^ ces taches. Ils font longs , minces , & à leur extrémité
groffilîent & s’apj 1 itiffènt de manière qu’ils reffemblent à des avirons,
comme dit de Géer qui le premier a fait connoître cette Chenille. Ce
Naturalifte ne l’a trouvée qu’une feule fois en Oftrogothie près de
Finfpong au mois d'Août en 1740 , mangeant les feuilles de l’Aune. Un
de nos correfpondans qui s’occupe beaucoup de la recherche des Chenilles
dans le Dauphiné, a long-tems & inutilement cherché celle-ci fur l’Aune,
mais il l’a trouvée au mois de Juillet fur le Noyer ; il n’eft pas étonnant
qu elle parbiffe .plutôt dans ce pays qu’en Suede dont le climat eft plus
froid. - V
Ceft auffi en Juillet que Fuesfly l’a trouvée en Suiife. Il indique pour
fa nourriture , dans fes différens Ouvrages , le Coudrier - noifettier,
Corylus avellana L. le Tilleul , & l’Herbe des prairies. Quand elle
change de peau , elle mange fa dépouille , à l’exception de la partie de la
tête. Lorfqu’eile eft près de fe transformer , elle perd fes belles couleurs
& devient méçonnoiffable, .
S E C O N D É T A T .
C êST aux mois Je Juillet ou d’Août , fuivant les climats, que cette
Chenille
Chenlle file fa coque dans laquelle , au bout de quelques jours, elle fe
transforme en une Çrifalide d’un brun rougeâtre, Fig. 3 8 6. b.
Dans les éducations particulières, on remarque que lorfquelle veut fe
transformer, elle fe retire dans un coin de la boëte où on la tient enfermée,
ronge cette boëte, & en mêle les rognures dans fon cocon, en telle
quantité qu’il devient dur au point qu’on ne pourroit l’ouvrir fans le
fecours d’un couteau. Un travail aulfi folide , la met à l’abri des rigueurs
de l’Hyver , & des piqueures des Infectes deftrutteurs. Le Papillon n en
fort pas moins facilement ; il fait amollir fon tilfu de maniéré qu il fe
fait aifémçnt jour à travers , fans endommager aucunement fes ailes. Il
paroît ordinairement au moi.s ' de Mai de l’année fuivante , cependant
l ’amateur que nous avons cité pour la Chenille., en a vu éçlbre dès le
mois d’Août de la même année.
É T A T P A R F A I T .
L es couleurs de cette Phalène ainfi que de plufieurs des précédentes,
»’offrent rien de brillant. Divers gris & du brun noirâtre en font tout
l’ornement. Celle-ci'a Je fond des ailes liipérieures dun gris très-clair ,
couvert de brun à peu près dans la moitié inférieure, & cette couleur
remontant dans le milieu jufqu’au bord d en haut , forme de la partie
claire comme deux taches féparées.
La femelle-, Fig. 3 8 <5". d, a de plus que le mâle, Fig. 3 8 <?. c, une
teinte jaunâtre qui perce à travers le brun.
La figure 38 6. e , eft le deffous dés deux fexes, Les ailes fûpérieùres,
dont le fond eft gris jaunâtre , ont une teinte bleuâtre dans leur partie
inférieure. Les ailes inférieures font blanches comme en-deffu$, & ont
de plus quelques petits points noirâtres.
Cette Phalène qui fe trouve dans différentes contrées d’Europe n’eft
commune nulle part. Nous l’avons-vue , mais très-rarement, aux environs
de Paris. Plufieurs de nos Correfpondans dans différentes Provinces ne la
connoiffent point. Elle eft également inconnue des Auteurs du Catalogue
Syftématique des Papillons des environs de Vienne, à ce qu’ils difent eux-
mêmes dans une note de leur Ouvragç , pag. 54. Torri? VI- 179Ü1 Y