
? AVERTIS SE MENT.
table ami de la nature. J’ai vu avec plaisir qu’il avoit éclairci la synonymie
trop embrouillée d’un grand nombre d’espèces y qu’il en avoit
réformé plusieurs * dont les Caractères reposoient sur de simples différences
sexuelles , et qu’il en avoit Récrit > dans ce demi-volume. plus de
quatre-vingt qui avoient échappé aux recherches de Fabricius, de Cramer,
etc. A l’exception des généralités préliminaires , que je m’étois
réservées, cet article P a p i l l o n lui est absolument propre $ et si la justice
ne me eommandoit point cet aveu, je ne Craindrois point d’y mettre
mon nom.
P. A. L a t e e i i l e ,
de VjLcadémie Royale des Sciences.
P A P
P à PILLON. Papilio. Linn. Geoff. de Géer, |
Oliv. Genre d’infeCtes de l’Ordre des Lépidoptères,
& q u i, confidéré dans fon étendue primitive , ou
celte que lui ont donnée les naturaliftes précités, a
pour caraClères : les quatre ailes, ou quelquefois
les fupérieures feulement, élevées dans le repos ;
point de crochet écailleux & en forme d_e crin au
bord antérieur des inférieures pour retenir les deux
autres j antennes plus groffes vers leur extrémité.
Olivier préfenla, dans le quatrième volume de
fa partie de Fhiftoire naturelle de ce grand ouvrage
, le tableau de fa divifion méthodique des
infeCtes. Ce volume parut en 17895 &,, fi l’on en
excepte Scopoli, q u i, dans fon Introduction à
l ’Hijloire naturelle , publiée à Prague en 17775
avoit formé avec les Papillons plébéiens ruraux
de Linnæus, quelques nouveaux genres, mais établis
fur une faulfe bafe, les naturaliftes, à cette
époque , n’avoient rien changé aux limites que le
Pline fuédois avoit afïignées à fon genre Papilio.
Fabricius même , quoique le nombre des efpèces
décrites fe fût fingulièrement accru, avoit juf-
que-là fuivi, à cet égard, fon maître. Olivier les
imita, & , fans avoir égard aux grandes modifications
que ce genre avoit éprouvées depuis, il a
toujours renvoyé au mot Papillon l’expofé de ces
coupes nouvelles.
Il nous a laifîé une dette énorme & qu’il eft difficile
d’acquitter j car il s’agit de remplir un çadie
d’une étendue fans exemple ; de raffembler dans
un même article les defcriptions de plus de quinze
çents efpèces, & de'faire en forte que nos lecteurs
puifl’ent cependant arriver fans peine à la cpn-
noifl’auce de celles qu’ils ont fous les yeux &. dont
ils cherchent les noms. Ils fendront, j ’efpère ,
. combien notre tâche eft pénible.
Si l’on envifage les Papillons fous le rapport de
la facilité du vol & fous celui de leurs ornemens,
l’on fera tenté de croire que l’auteur de la nature
a voulu leur accorder , à cet égard, une forte de
fuprématie fur les autres infectes. Une telle idée
n’a fans doute pas dirigé de Géer & Olivier dans
leurs diftributions méthodiques de ççs animaux 5
mais il n’en eft pas moins vrqi qu’ils qnt mis les
Papillons à la tête de la claffe des infeâes. Il Cem-
ble que la nature ait eu l ’intention de reproduire
ici ces colibris & ces oifequx-mouches, qui ,p a r
laricheü’e & la variété de leurs couleurs, furpaffent
les autres animaux de la claffe dont ils font partie,
celle des oifeaux. L’imitation fe retrouve juf-
que dans les organes qui leur fervent à prendre
leur nourriture5 là , comme i c i , ces organes font
en forme de trompe, Sf. deftinés à pomper le fuç
des fleurs. Dans la plupart des autres infeGes, les
ailes n’ont rigoureufemènt que l’étendue néceffaire
à l’exécution de leuri mouvemens, Celles qui font
membraneufes, on fëmblabl'es à du taie , fout peu &
rarement colorées dans les infeCles à étuis ,. ou les
Coléoptères y les teintes de ces écailles font produites
par une efpèce de tiffu muqueux & intérieur
qui fait l’office de vernis. Mais à l’égard des
Lépidoptères, & des Papillons furtoul, la nature
à modifié fon plan 5 elle s’eft plue à augmenter la
fnrface des ailes & à les façonner de mille manières
différentes. Comme fi elle fe fût propofé
de jouer ici le rôle de peintre , elle a donné plus
d’étendue aux corps fur lefquels elle devoit exercer
fon pinceau5 & , pour rendre fes tableaux plus
agréables, elle a même voulu en varier les formes.
Elle a employé pour les infectes un nouveau genre
de peinture, celui que l’on défigne fous le nom
de mojciïque. Des écailles en nombre infini, di-
verfement colorées, implantées fur les deux fur-
faces de leurs ailes & difpofées par imbrication,
comme les tuiles d’ un toit, & avec une harmonie
admirable, compofent par leur réunion ces del—
fins fi élégans & fi diverfifiés qui furprennent &
charment nos regards. Il étoit inutile que les parties
cachées , ou qui font habituellement recouvertes
par d’autres, biffent parées. C’eft ainfi, par
exemple, que, dans les Coléoptères, le deffous des
élytres, lors même qu’elles font très-ornées en
deffus, eft ordinairement d’une teinte uniformç
& fouvent même obfcüre. Mais comme , dans les
Papillons, les ailes forment en volume la portion
la plus çonfidérable de leur corps, & que, par leur
pofition naturelle, elles préfentent leurs deux furr
faces, ces organes, plus ou moins'colorés de part
& d’autre, peuvent nous offrir, dans la meme
efpèce 5 quatre tableaux différens ; quelquefois
meme ceux de la face inférieure font plus diftin-
gués & plus riches que ceux de la face oppofée.
Enfin la nature, à l’égard des Papillons, a été
fi prodigue, en quelque forte, de ce genre d’or-
nemens, que, contre fon habitude , elle a voulu
que ces animaux les euffent jufque dans leur enfance
, ou fous la forme de chenilles, & fouvent
encore fous celle de chryfalides.
Le genre Papillon dé Linnæus & d’Olivier
forme aujourd’hui notre première Famille de l ’Ordre
d,es. Lépidoptères, celle des Diurnes, ou des
çfpèees que les amateurs Qnt coutume d’appeler
Pçipliions de jo\ir. Celles ayec lefquell.es Linnæus
‘ a eompofé fa divifion de$ Chevaliers ( équités ) ,
; la première du genre > ont feules retenu la dénomination
générale de Papillons.
Par leur organisation générale les Lépidoptères
diurpes ^ s ’éloignent point des autres îpfcaes du
même Orare, & il lero.it fuperflu de reproduire ici
des caractères qui leur font communs & qui ont
A n