c!e l'ordre, 8c l’entablement le quart. Pour parvenir a
trouver cette dimenfion , il faut divifor la hauteur don-
née N , O (Jîg. i . ) , en dix-neuf parties égales -, en donner
quatre au piédeftal B , douze a 1 ordre A , 8c trois a
l’entablement C ; en forte que par cette divifion le pie*
deftal aura le tiers de l’o rdre, & l’entablement le quart,
ainfi que l’expriment les dix-neufs demi-circonférences
Les divifions marquées par fept autres derm-circon-
férences, indiquent les fept diamètres que doit avoir
l’ordre tofean, choifi de préférence dans cette Planche,
comme le moins compliqué de tous ; en forte qu il eft
aiféde concevoir que ces fept diamètres établi (lent la
hauteur de la colonne tofeane, qui par conféquent a
suffi quatorze modules., le.diamètre étant de deux modules*,
on conçoit encore que le piédeftal devra avoir
quatre modules huit.minutes, 8c 1 entablement trois
modules 8c demi, l’un étant le tiers, l’autre le quart de
l ’ordre, comme nous venons del obferver plus haut.
Quand de cet ordre tofean on voudra paffer au dorique
, fans rien changer aux dimenfions précédentes, on
divifera la hauteur de l'ordre A en huit au lieu de fept*,
& cette huitième partie donnera le diamètre dorique.
Enfin cette même hauteur A fora divifée en neuf pour
Fïoniquc, 8c en dix pour le corinthien 8c le comporte.
} ü
Il ne faut point oublier que c’eft de ces differens diamètres,
fous une hauteur commune, que les ordres d Ar-
chitedure acquièrent une expreffion particulière, qui
donne au tofean un cara&ere ruftique propre aux ouvrages
militaires *, au dorique, un cara&ere folide, propre
aux édifices publics-, à l’ïonique , un caraCtere moyen,
propre aux bâtimens d’habitation; au corinthien , un
caradere délicat, propre à la demeure des fouverains ;
& a u compofite, un caradere compofé, propre aux décorations
théâtrales, aux fêtes publiques, aux pompes
funèbres, &c.
Les trois parties D , E ,F , expriment, comme dans la
Planche précédente, le focle, le dez 8c la corniche du
piédeftal; les lettres G , H, I, la bafe, le fût & le chapiteau
de l’ordre ; les lettres K , L , M , l’architrave, la frifo &
la corniche de l’entablement.
Les trois demi-circonférences P , Q , R , indiquent la
hauteur du fut ; celles d’en -bas conftatent le tiers inférieur;
élevées parallèlement, elles forment un cylindre;
les deux d’en-haut enfomble, un conoïde tronqué. Il faut
fcavoir encore que le fût fupérieur de la colonne ne doit
avoir que les cinq 6 eS du diamètre d’en-bas ; ce qui fait
différer la colonne du pilaftre qui eft égal dans toute fà
hauteur ; d’ailleurs fon plan eft quarré, au lieu que la
colonne doit toujours être circulaire. Voyez dans Vi-
gnolc la maniéré de trouver cette diminution , 8c de
tracer la 'courbure nommée concoïde, qui forme les
deux côtés du conoïde.
L ’échelle qui fe voit au bas de la figure première, eft
de quatre modules ; le module eft toujours le demi-
diametre de l’ordre; ce module fo divife en douze minutes
pour les ordres tofean 8c dorique , 8c en dix - h u it,
pour les ordres ïonique, corinthien & compofite. Ainfi
le fût inférieur de l’ordre tofean eft de deux modules ou
de vingt-quatre minutes, & le fût fupérieur eft d’un module
deux tiers, ou de vingt minutes ; ainfi pour les autres
membres de cet ordre 8c des ordres qui fuivent.
La deuxieme figure offre les fopt différentes efpeces de
moulures à l’ufage non-feulement des ordres, maisauffi
de tous les membres d’Archite&ure. La première efpece
b» c , d , e f \ eft de moulures quarrées la deuxieme
g, h, de moulures décrites par des demi-cercles ; la
troifieme i , Je, de moulures décrites par des quarts de cercle
; la quatrième l , m, de moulures appcllées concaves|
la cinquième n , o ,p yq y démoulures appellées cavêts,
congés & gorges ; la fixieme 8c la feptieme, marquées r ,
f , t , u , de moulures appellées Jinueufes. 11 en eft encore
de composées, d’applaties, de chantournées, &c. qui fo
tracent à la main ou ail compas, 8c auxquelles on donne
plus ou moins de mouvement, folon l’application
qu’on en veut faire dans l’Architecture, pour la pierre ,
le plâtre, le marbre, le bois, le fe r , le bronze, &c.
jOn a obforvé .d’accompagner les différences moulures
tracées dans cette Planche , de tous les membres qui
peuvent indiquer les relations que les unes & les autres
doivent avoir enfomble. Pour cela, on remarquera qu’aux
moulures quarrées on a pris foin de ponctuer les moulures
circulaires qui les peuvent accompagner ; & qulaux
moulures circulaires on a pareillement ponétuc les moulures
quarrées qui les couronnent ou les foutiennent; précaution
qui doit faire juger plus promptement de leur
enchaînement, fur-tout lorfqu’on voudra les comparer
avec celles de l’entablement de la Planche huitième. .
PLANCHE III.
Des differentes efpeces de moulures.
La moulure A eft une petite moulure qu’on appelle
file t , réglée ou lijleau, compofé de deux lignes parallèles
, 8c qui fe place entre les grandes moulures quarrées
8c circulaires, pour apporter de la variété aux différent
membres des corniches.
La moulure B eft une grande moulure quarïée appell
e larmier ; c’ëft la plus faillantc de toutes les moulures
de cette efpece ; elle fo place alternativement entre les
cimaifes dans les corniches des entabiemens. i eft le lif-
teau qui couronne ordinairement cette moulure, z eft
appellé la plate-bande de ce larmier. 3 eft un congé qui
unit la p..rtie verticale de la place-bande avec la faillie du.
lifteau. 4 eft un canal pratiqué ordinairement fous lefo-
phite ou plafond de cette moulure quarrée , lequel fort
a écouler les eaux du c ie l, qui tombent fur la faillie de
ce membre faiilant. C ’eft ce canal 4 qui a fait donner à
cette moulure le nom de larmier ou gouttière, parce
qu’il tait écouler 1 eau larme à larme, ou goutte à gouçte
de deiTus la corniche à laquelle ce membre fort de cou-,
ronnement. f eft un lifteau qui éloigne le canal 4 de la
face ou plate-bande x , pour procurer à cette derniere
une certaine folidité.
Les moulures C , D , font des moulures appellees
res, à l’ufage de toutes les bafes des ordres ; celle D fo
trace par un demi-cercle dont le centre 1 détermine la
moitié de la hauteur de cette moulure; celle G , eft un
tore compolé & tracé par les foyers 8 & 9 , à deffein
d’applatir fo partie fupérieure, pour découvrir le lifteau
7, qui couronne cette moulure, & que l’on fuppofe
être élevé dans un édifice fort au - defi'us de 1 oeil dù
fpeétateur.
Les moulures E , F , font appellées doucines, rangées
dans la clafle des moulures finueufosou ondulées}
elles font deftinées auxcimaifos dès corniches. Celle E
fe trace par le moyen de deux triangles équilatéraux 1 ,
f , 3 , 8c 3, 4 , x ; celle F fo trace par deux quarts de cercle
, dont les points 4 , f , forvent de foyers. Si dans cette
moulure on ne veut pas faire les quarts de cercle égaux»
on peut divifor la diagonale 1, 1 , en neuf parties égalés,
8c faire la portion 1 ,3 , de cinq neuvièmes, 8c celle 3 ,z ,
des quatre neuvièmes reftans, folon que cette moulure
fora droite ou renverfoe, au — de (Tris ou au - deflous de
l’oe il, &c. car il eft bon de remarquer que chacune des
moulures dont nous parlons, peuvent également s’employer
dans les parties fupérieures ou inférieures <|es ordres
; telle, par exemple , que fe remarque la doucine
droite de la corniche marquée n , 8c la doucine renver-
fée 0 de la bafe du piédeftal de l’ordre ïonique de la première
Planche. En général ces moulures ont autant de
faillie que de hauteur.
Les moulures G , H , font appellées talons, moulures
qui ne different des deux précédentes, qu’en ce qu’elles
font tracées en fons contraire, c’eft-à-dire que'la portion
concave des premières eft convexe dans celles-ci; de
même pour les autres portions. Le talon" G eft décrit
par deux triangles équilatéraux, dont les fommets i , x ,
fervent de çentres.Celui H eft au contraire tracé par l’extrémité
du rayon de deux demi - cercles marques 6 , 7,
formant autant de perpendiculaires élevées fur la diago^
nale 1, x.
La moulure I eft une feotie nommée rond creux ou
nacelle ; elle fort aux bafes des ordres ïonique, corinthien
8c compofite pour faire oppofition au tore qui eft
une moulure convexe , 8c avec celle dont nous parlons,
clic forme une agréable diverfité, lorfqu’cllcs font
féparées par des lifteaux , comme il s’en remarque à la
bafe attique de la Planche VI. Cette moulure fe trace dé
deux maniérés ; on appelle c e lle !, moderne, 8c celle de
la Planche quatrième, marquée K , antique-. Pour tracer
la moderne, il faut divifor fa hauteur 8c fo faillie en trois
également ; 8c du point 8 , comme centre, décrire la première
portion de cercle 1, io ; enfuite du p o in t s , fom-
met d’un triangle équilatéral, décrire la portion de cercle
io , 1 1; puis du point 11 au point 9 , prolonger uhe
oblique au point 1 x qui, comme centre , fervira à décrire
la troifieme portion de cercle i i , i ç ; le refte dé
cette courbe fo tracera à la main depuis t ƒ jufqu’à x.
P L A N C H E I V .
Suite des différentes efpeces de moulureix
La moulure K eft la footieappcllée antique, qui fe décrit
par les deux centres 1 ,7 ; elle eft moins eftimee que
la moderne, à caufo d elà cavité inférieure, 8c de la
vive arrête qu’elle forme vers 4 ; défaut qui ne la fait
guère mettre en oeuvre que dans l’intérieur des app.irfe-
mens, ou dans Iesdehors feulement, lorfqu’on préféré
le marbre à la pierre, comme en ufoient les Grecs & le s
Romains. Les lignes ponctuées, qui indiquent la confo
truCtion de cette moulure , nous diipenfent d’une plus
grande explication.
* Les moulures L , M, font des quarts dé rond , appelles
ainfi, parce qu’affez communément elles fo tracent
par un quart de cercle ; mais comme toutes les efpéces
de moulures dont nous parlons, doivent appartenir à
des ordres qui ont chacun une différente expreffion ; que
par conféquent ces moulures font obligées d’avoir plus
ou moins de concavité ou de convexité, on les trace par
diverfes portions de cercle que démontre la théorie,
mais que le plus fouvent la pratique néglige ; par exemp
le , le quart de rond convexe 3 ,4 , & le quart de rond
concave 7 , 8 de la figure M , font tous deux tracés par
les deux angles y , 6 d’un quadrilatère qui leur fort de
foyer. Ces deux quarts de rond font deftinés aux décorations
viriles; au contraire les deux courbes de la figure
L , décrites y fçavoir, celle y,y, pat le fommet 3 d’un triangle
équilatéral ; celles 6, 6 , par le fommet4 d’un triangle
ifocele, prefentant moins de folidité, rendent ces moulures
plus propres au caradere moyen 8c délicat des ordres
ïonique , corinthien & compofite.
Les moulures de la figure N font deftinées aux architraves
, aux chambranles des croifées, aux archivoltes
au x imp ofte s,&nc font autre chofeque plufieurs plates-
bandes féparées les unes des autres par de petites moulures,
telles qu’il s’en remarque dans l’architrave de l’ordre
corinthien ; quelquefois même, pour donner encore
moins de faillie aux membres qui contiennent ces plates-
bandes, on incline en-dehors la furfoce de ces dernières
, comme l’expriment les lignes, ponduées 1, x , 3 , &
comme on le remarque à l’architrave du petit’ ordre
intérieur de l’églifo de l’O ràtoire à Paris.
Les moulures O , P , font appellés congés ; ce font des
efpeces de cavets qui fervent aux fûts des colonnes ou
pilaftres, pour réunir les moulures horifontales de l’af-
tragal 8c du lifteau de la bafe , avec la partie verticale de
ce même fût : celle O fo trace par le fommet d’un triangle
équilatéral ; celle P , par l’angle d’un quadrilaterè.
La moulure Q eft compofée d’une baguette, d’un filet
& d’un congé. La baguette fo trace par un demi - cercle,
& le congé par un quart de cercle. Ce membre eft defti-
ne principalement à couronner la partie fupérieure du
fut des colonnes 8c des pilaftres : il fort auffi dans les
corniches des entabiemens & des bafes des colonnes,
ainfi qu'on en remarque plufieurs dans les Planches V L
8c VII.
La moulure R eft une doucine comme celles E , F, de
la planche précédente,, mais à laquelle on a ajouté un
cavet 8 , pour procurer un canal renfoncé au fophite
d un larmier, & former un lifteau 7 fur le devant, ainfi
que nous lavons expliqué en parlant du membre B ,
.Planche III.
| Enfin la moulure S eft une moulure compofée appel-
lee bec’de corbtns d ie eft tracée par deux courbures ; h
première tracée par le-fommet du triangle équilatéral 8 ;
la deuxieme, par le foyer f . Dans la partie inférieure de
cette moulure, oii a obforvé un grain d’orge 7, efpece de
petite moulure quarrée 8c ravalée, qui fort à détacher
les grandes moulures circulaires d’avec celles qui font
quarrees, dans le deffoin de donner plus de jeu , plus
d’effet, & une certaine articulation à toutes lès moulures
d une corniche.
Tous ces membres font fiifçeptibles d’enrichiflèmens}
on y appliqué des ornemens félon qu’ils font partie de^
ordres ïonique, corinthien, ou compofite ; quelquefois
metne les moulures de l’ordre dorique peuvent en recevoir
: mais il n’en faut jamais revêtir celles de l’ordre
tofean, quoiqu il s en remarque à la colonne trajane 8c
dans quelques-uns de nos édifices françoisi II feroit meme
bon d’ufor avec diferétion des ornemens fur les moulures
en général ; du-moins devroit-on les réferver pour
les dedans des bâtiinensi Dans les dehors ces ornemens
font fujecs à ne préfenter que de petites parties; ils corrompent
la' forhie des moulures ; d’ailleurs ils fe dégradent
par l’impreffion de l’a ir , fe noirciffent en peu de
tems, 8c ne préfentent plus à l’oe i l , 8c vus de quelque
diftance, qu’une confufion mal entendue;
P L A N C H E V.
Des piédefaux.
Cette Planche offre les piédeftaux que les anciens ont
ajoûté aux ordres d’Architecture : prefque tous ont varié
fur leur hauteur. Ici nous donnons ceux de Vignole,
qu i, comme nous l’avons remarqué,leur a établi le tiers
de la colonne, y compris bafe & chapiteau. Chaque
piédeftal eft compofé d’une bafe A , d’un dez B , 8c d’une
corniche G Les deux membres A & C font- Ornés de
plufieurs moulures afforties à l’expreffion de chaque
ordre. Quelquefois l’on enrichit le dez B d’une table. Il
faut avoir attentioh, dans l’ordre tofean, de Elire cette
table faillanre , d’arafer la dorique , de faire l’ïonique
rentrante , ainfi que celles des piédeftaux corinthiens
8c coinpofites ; mais d orner ces derhieres de quelques
moulures.
Nous remarquerons que non - feulement les piédeftaux
de Vignole font trop élevés, mais qu’en général
cette innovation des modernes fe contredit avec la pra*
tique d’élev,er plufieurs ordres les uns fur les autres *
parce que les piédeftaux des ordres fupericurs produi-
fent des porte-a-faux confidérables fur ceux de deflous ;
ce qui nous incline a croire qu’à l’exception des édifices
publics, qui n’âuroient qu’un foui ordre, 8c oû on les
pourroit employer par tolérance, il n’en faudroit jamais
faire ufage dans les bâtimens d’habitation, mais
feulement d’un foole, tel que le reprefente la fig. D ;
Io d e qui pouvant être réduit au quart de l’ordre au plus
ou au diamètre au-morns, procure plus d’élévation à
J ordrc, Qc évite la plus grande partie des porte-à-faux
dont nous voulons parler. Il faut remarquer que ce focle
doit avoir un peu plus de longueur que le dez du piédeftal
: celui-ci eft réduit à la faillie de la bafe- de l’ordre;
au lieu que le focle doit 1 excéder de chaque côté d’une
minute ou d’une minute 8c demie.
On trouvera dans cette Planche toutes les mefures des
moulures des piédeftaux folon Vignole : néanmoins on
peut les varier a 1 infini, folon la richefle ou la fimplicitc
de chaque ordre, 8c félon leurs diverfes applications à
1 Architecture. Par exemple, nous ne pouvons le difli-
muler, la corniche C du piédeftal tofean n’eft guère
fupportable ; elle eft trop pauvre 8c trop matérielle,
comparaifon faite avec celle des autres piédeftaux du même
auteur. D ailleurs une corniche , pour être appeliée
te lle , doit etre compofce de trois membres , 8c celle
dont nous parlons n’en a que deux; ce qui fa doit faire
rejetter abfolument. A l’égard des moulures des autres
corniches , elles peuvent recevoir quelques changemens,
.a la vérité, mais du- moins elles ont un caradere convenable
8c une dimenfion générale aflèz analogue à l’ex-
preflïon de chaque ordre que leur piédeftal foutient.