
Telle est d’abord la conséquence qu’il faut déduire
du mouvement accéléré dans les veines, toutes les
fois que ce viscère se contracte, car cette accélération
ne peut avoir lieu sans que la force du coeur ne se
propage jusqu’au fluide veineux, et ne lui imprime,
ainsi qu’a l’artériel, la vitesse donc l’un et l’autre
jouissent.”
“ Le coeur cesse-t-il de battre ? la circulation
s’arrête à l’instant même ; reprend-il son mouvement
? elle se ranime de suite ; et si l’on suspend
ou renouvelle l’action de ce muscle, le sang discontinue
ou recouvre sa vitesse ordinaire.
“ Les pulsations du coeur sont-elles enfin moins
fréquentes? le sang coule avec plus de lenteur;
il devient même immobile sur la fin de la systole,
et son mouvement ne recommence qu’avec la contraction
suivante. Il serait sans doute difficile
de prouver avec plus d’évidence que le coeur est
le seul et unique mobile de la circulation du sang.
“ Un autre fait digne de remarque, c’est qu’au
moment où le coeur cesse de battre, le fluide
veineux s’arrête avant l’artériel, et qu’après le
rétablissement de l’activité du coeur, la circulation
commence dans les artères plutôt que dans les
veines. L’explication de ces deux phénomènes
ne saurait être plus simple : les veines reçoivent
après les artères l’impulsion du coeur, et sont
les premières à perdre le mouvement qu’elles en
ont reçu. Ajoutez à ce fait l’accélération du
fluide veineux qui disparaît avec la cause qui la
produit, c’est-a-dire, avec la systole du coeur.” 1
The translator of Spallanzani makes the following
remarks upon this interesting paragraph :—
“ Telle est la force des préjugés et des hypothèses,
qu’ils aveuglent souvent les personnes les plus
capables d’en reconnaître l’erreur et la nullité.
Spallanzani, qui s’est assuré par les expériences
les plus directes et les plus positives, que le cours
du sang s’exécute avec vitesse et régularité dans
des vaisseaux séparés du coeur par une ligature
ou par une section, que la circulation se maintient
dans l’universalité des artères et des veines, plusieurs
heures, et même des jours entiers, après
la destruction de ce viscère, croit néanmoins que
le coeur est le seul et unique mobile du mouvement
du sang.. Je ne pourrais mieux réfuter
cette étrange opinion de notre professeur, qu’en
rapportant les expériences contenues dans la
1 Expériences sur la Circulation ; par Spallanzani. Ouvrage traduit
par J. Tourdes. Paris, pp. 261—266.