I l fe B Ë S [ H Y P 0 G Ê E S J .
tété. II ne subsiste ihféneürement qu’une petite bande de cette cloison,
qui,- étant presque toute enlevée ; laissé voir le jour'à travers la narine ,
comme la gravure le représente , figure /. Nous savons; par le récit
d’Hérôdote, que la perforation des fosses nasales, et par conséquent
farrachement plus ou moins grand de leur cloison, etoient nécessités
par le moyen usité pour tirer la cervelle hors du crâne. Ce -moyen
consistent à enfoncer dans le crâne un crochet de fer par les narines.
En faisant cette opération, les Égyptiens tâchoient de ne point altérer ,
les formes extérieures ; mais ils détruisoient la membrane et presque '
tous les feuillets osseux-mtérieurs du nez : aussi trouve-t-on, sur toutes
les têtes de momie de la haute Égypte, un passage ouvert des narines
dans le crâne par ia fracture de l’ethmoïde. La même ouverture, qui
servoit à-fàire'sortir du crâne la cervelle, servoit aussi à y introduire
du baume liquide.
Dans la manière d’embaumer des anciens Egyptiens, les seules parties
du xorps qui ont conservé des formes assez ressemblantes à celles
qu’ont dû avoir ces parties pendant la vie, sont la tête, la poitrine,
les mains et les pieds. La peau s y trouve moulée presque immédiatement
sur les os, qui, étant solides’, ne changent point.
Les Égyptiens, pour suppléer au défaut de ressemblance avec l’état
naturel que le dessèchement des momies produisoit dans les bras, les
jambes et les" cuisses, où les os sont situés sous une grande épaisseur
de chair, arrondissoient les parties et leur donnoient de l’épaisseur,
en les couvrant, par-dessus la peau, de linges pliés et de bandes qui
faisoient plusieurs tours.
Les têtes de momie d’homme et de femme représentées dans les
planches 49 et j o , ont été choisies pour être gravées, parce quelles
étoient les parties les mieux conservées. II est facile de saisir les traits
et le Caractère de ces deux têtes. :[4. WM
P L A N C H E 51 .
1, 2. M o m i e de femme. 3 .... 8. Momies de chat et autres
mammifères.
Fig. 1. Tête de momie humaine débarrassée d’une partie de ses enveloppes,
réduite d’un tiers et vue de profil. Elle paroît avoir été
celle d’une femme de vingt-cinq à trente ans. On n’aperçoit plus
de cheveux : tous les tégumens du crâne, jusques et compris les
cartilages de l’oreille externe, ont disparu.
Fig'. 2. La même tête sciée verticalement pour en montrer l’intérieur.
On observe que le cerveau et ses membranes sont remplacés
par un bitume noir, qui a pénétré tous les os : 1 ethmoïde a ete
détruit. L’état d’altération qu’on remarque d’abord, n’empêche
pas qu’on ne puisse parfaitement juger de la conformation du
crâne, de ses diverses proportions et de ses rapports avec les os
de la face. Cette coupe, qui a été dessinée avec le plus grand
soin, contribuera à donner une idée précise de la forme de la
tête chez les anciens Égyptiens.
Fig. 3. Tête de chat, dont les tégumens se sont trouvés bien conservés
: elle est débarrassée de ses langes et dessinée de grandeur
naturelle.
Fig. 4- Momie de chat préparée avec le bitume, réduite à moitié de
sa grandeur et vue de profil.
Fig. 5. Momie de chien préparée avec le bitume, réduite de moitié
et dessinée de profil.
Fig. 6. Autre momie réduite d’un tiers : elle contenoit des fragmens
d’os de belier. (Voyez fig. y . )
Fig. 7. Ossemens de belier trouvés dans la momie précédente, et dessinés
de grandeur naturelle,
a. Portion inférieure du fémur.
b. Os du canon.
II y avoit quelques autres fragmens qu’on a jugé: inutile
de représenter.
Fig. 8. Débris d’une momie de jeune chien , préparée avec le
natroun.
a. Omoplate.
b. Patte antérieure.
c. Patte postérieure,
a . Côtes.
e. Sacrum.
Ces divers fragmens sont de grandeur naturelle. La tête manquoit
à cette momie , qui d’ailleurs présentoit les mêmes parties que I animal
vivant, mais passées à l’état savonneux, et presque dépourvues de consistance.
[J.-C.S.J,
P L A N C H E 5 2 -
! ___6 . M o m ie s d’ibis. — 7____13. Fragmens de Momies de
chacal qui ont été dorées. — 14- Fragment de l’enveloppe des
doigts d ’une Momie.
Fier. 1. Pot en terre cuite, qui renfermoit une momie d’ibis : les taches
blanches qu’on voit sur le couvercle, représentent le plâtre ou
ciment grossier dont le pot étoit scellé. Cette momie provient
des puits de Saqqârah, comme la forme du pot l’indique.
Fi<r. 2, 3, 4 , 5> 6- Momies d’ibis trouvées dans le.puits des Oiseaux
à Saqqârah : elles ont été choisies dans le puits même , sur
un*nombre considérable de momies pareilles, qu’on avoit retirées
de leurs pots. En examinant ces dessins, on voit combien
l’arrangement des bandelettes et des réseaux de fil étoit varié et
fait avec art.
L’échelle des figures4 .et 6 est du tiers, et celle de la figure j est
de la moitié de la grandeur.
Fig. y... 1 y Ossemens tirés de momies de chacal, dessinés de grandeur
naturelle» Ces fragmens sont recouverts de feuilles d’or, qui sont
bien conservées dans quelques parties.
La figure p peut donner une idée de la toile grossière qui servoit
d’enveloppe dans cette espèce d’embaumement.
L’examen de ces ossemens pourra faciliter l’étude du chacal des anciens
Égyptiens, comparé à l’espèce qui existe aujourdhui en Égypte.
Ces fragmens ont été trouvés dans les catacombes de Syout, 1 ancienne
Lycopolis.
Fig. 14. Portion d’enveloppe d’une momie, portant l’empreinte des
orteils et des ongles de son pied droit.
P L A N C H E 53.
M o m i e s d’Oiseaux.
Fig. 1. Momie vue par-devant et ouverte, dessinée de grandeur naturelle
; c’est celle d’un oiseau de rivage, encore très-jeune, que
son bec droit et assez court semble éloigner des ibis, mais qui
s’en rapproche par d’autres caractères, et qui ressemble sur-tout
à Y ibis blanc.
Fig. 2. Tête du même oiseau, vue de profil.
Fig. 3. La même tête vue en dessus : les arcades zygomatiques ont été
omises.
Fig. 4- Patte du même.
Fig. 5. Momie d’oeufs réduite d’un tiers, vue par-devant. (Voyez
fie- <*■•)
E X P L I C A T I O N D E S P L A N C H ES.
Fig. 6. La même, vue par derrière et ouverte; elle cohtient trois
oeufs d’oiseau, placés dans sa partie supérieur^. Deùix de cës
oeufs, dont, la coquille est brisée; laissent voir dés petits déjà
' couverts dé duvet. Leur bec;'a|iës plus grands rapports avec
celui de l’oiseau représenié figure / ; il est même encore plus
- court et plus droit. Leur plumage offre les couleurs de Y ibis
' blanc.
Fig. 7. Tête retirée d’une momie d’ibis blanc, dessinée de grandeur
naturelle et vue de profil.
Fig. 8. Tête d’un second individu plus jeune, également vue de
profil.
Fig. f . La même tête vue en dessus.
Fig. xà. Patte d’un troisième individu, représentée de grandeur natu-
reI Ie *
P L A N C H E 5 / j .
M o m ie s d’Oiseaux et Squelettes de Momies.
Fig. 1. Ibis conservé en momie et dépouillé de ses enveloppes.
Tout l’oiseau s’est trouvé conservé : il ne manque à ses organes que
les parties fluides qui feur donnoient de la souplesse, et qui se sont
dissipées à travers les enveloppes; aussi est - il présentement réduit
(pesant un tiers de kilogramme) au sixième de son poids primitif.
On n’aperçoit qu’un tronc informe : les pattes sont ployées sous le
ventre, et la tête reportée en arrière. Les ailes empêchent de les voir,
étant étendues au-devant et ramenées sur le corps, où elles anticipent
l’une sur l’autre : l’extrémité du bec est seule apparente entre les pennes
des ailes et celles de la queue.
Les plumes se font-remarquer par leur conservation. : ce qui en
reste, toutefois, n’en est plus, pour ainsi dire, que le squelette; car
elles n’ont ni les couleurs ni l’élasticité que la mort n’enlève pas à nos
dépouilles d’oiseau : pour peu que, dans notre ibis, on essaie de les
soulever, on les brise.
C’est seulement à Thèbes qu’on trouve de ces oiseaux ainsi conservés
: ceux de Saqqârah, une des dépendances de l’ancienne Memphis,
ont un tout autre aspect.
Tout porte à croire qu’on a voulu plus tard perfectionner la méthode
des embaumemens, et que c’est dans la vue de s’opposer plus promptement
et plus sûrement.aux effets de la putréfaction, qu’on a fait
usage d’un bitume : il en est résulté qu’on a dépassé le but qu’on s’étoit
proposé. Il ny a pas d’ibis à Saqqârah , qui ne soit plus ou moins
pénétré de cette substance, et qui n’ait ses premières enveloppes, ses
tegumens et sa chair transformés en une masse compacte et homogène :
cette transformation donne lieu à cette espèce de charbon que les
peintres emploient et connoissent sous le nom de matière de momie.
Il a suflï, à Thèbes, au contraire, d’envelopper les ibis de toiles, de
les préserver, par ce moyen, du contact de l’air, et de les abandonner
dans de profondes cavernes où règne une température toujours égale,
pour opérer, par dessèchement et avec plus d’efficacité, la conservation
de ces oiseaux.
Fig. 2. Squelette d’ibis provenant d’une momie.
Ce squelette est réduit aux deux tiers de sa taille, et il en est de
même de l’individu représenté couvert de ses plumes.
Tous deux paroissent provenir de l’ibis blanc, non. que la couleur
de leur plumage ait fourni à cet égard un renseignement appréciable,
mais parce que cette détermination nous est réellement donnée par
la forme du bec, qui est plus court et moins épais à sa base dans l’ibis
blanc que dans l’ibis noir.
Nous regrettons de n’avoir point de préparation ostéologique .de
l’ibis de l’âge actuel à comparer à notre squelette.
Thèbes [Hypogées].
? Quoi qu’il en soit/nous en avons rtoujours'donné la figure, et nous
( ayons en outré pris la précaution d’en déposer l’original au Muséum
7 .d’histoire naturelle. •
j Fig. '3. Momie d’épervief.
I Les momies d’ibis ressemblent, à un eone à base convexe, tandis
j que celles d’épervier tiennent davantage de; la-forme d’une longue
( pyramide: à base triangulaire : il est. facile d’apprécier les motifs de ces
j différences.
( On a trouvé à loger la tête de l’ibis entre les pennes, de sa queue,
) parce qu’elle- estvlo'ngue. et portée,par Un long cou , lorsqu’on n’a pu
| qn© rabattre et laisser pendre sur la poitrine la têtë courte et arrondie
des éperviers ; et comme, dans cet état de chose,. leur-tête se.ren-
| contré sur.le même plan à peu près que les deux épaules, il résulte
j de cette coïncidence trois points extrêmes et une base dont les cotés
j sont d’égale dimension : la queue formé le.sommet de cette sorte de
l pyramide, terminant seule la momie à l’extrémité opposée. Ces diffé-
| rences n’empêchent pas que l’arrangement des ailes et des pieds ne reste
( le même que dans l’ibis.
| Les premières toiles avoient assez d’étçndue pour envelopper entiè-
J rement l’oiseau, et les secondes etoient Coupées en bandes qu’on avoit
| tout simplement déchirées à même la pièce : celles-ci frirent d’abord
j roulées en travers et puis en long.- Les différentes couches- étoient,
j assujetties par des fils qui avoient en outre visiblement pour objet
) d’amener par degrés la poupéè à prendre la forme prescrite par les
usages ; car, il n’y-a nul doute, ce qu’on fit d’abord en ce genre en
suivant les indications naturelles, devint' dans la suite une pratique que
le temps et Je respect religieux' consacrèrent , et .dont il ne frit plus
permis de s’écarter.
Si l’on ne le savoit déjà historiquement, on apprendroitj à la vue
de la momie.,, que l’épervier n’étoit pas placé au premier rang des
oiseaux sacrés : la négligence du travail et la grossièreté des toiles nous
montrent le cas qu’on faisoit de ces momies.
Fig. 4- Momie de faucon.
Plus nous avançons dans l’examen des momies, et plus: nous avons
occasion de remarquer que leurs formes ont été assez exactement calculées
sur celles des; animaux eux-mêmes.
La tête fort grosse du faucon eût, en momie, produit au - devant
de la poitrine un ressaut très-considérable, si elle eût été placée comme
dans la figure j ; aussi 'l’oiseau la porte droite. La longueur de ses
ailes et dé sa queue eût établi entre toutes ses parties une disproportion
d’un effet trop désagréable : on en a sauvé l’inconvenance en composant
la momie sur le modèle des momies humaines ; c’est la même
pose, la même stature et les mêmes proportions. On a copié jusqu’à
la saillie des pieds ; saillie, dans les momies de faucon, quon ne peut
en effet expliquer que par l’intention de cette ressemblance.-
C ’est de toutes les momies de Thèbes la plus soignée, et la plus
solidement établie'.
Les toiles en ont .été posées inouillées ; ce qui se juge aisément à
leur état roide et empesé. J’ai remarqué aussi, en,les déroulant, qu’elles
avoient été employées, ou étendues en bandes, ou ramassées en pelotons
, suivant qu’à chaque couche les contours de la poupée I’avoient
exigé du goût du préparateur.
On sait ce qui arrive à des toiles-que. l’on roule .mouillées : leur
contact en est plus intime, et leur adhérence plus grande; leur réunion
forme nécessairement un carton qui prend d’autant plus d’épaisseur et
qui a d’autant plus de consistance, qu’on le compose d’un plus grand
nombre de couches ou de feuillets.
Toiles, soins, arrangemens minutieux, rien n’étoit épargné à Thèbes
dans la confection des momies de faucon, dont les auteurs, nous ont
long-temps entretenus sous les noms d’accipiter et d’épervier : ç’étoit
l’oiseau sacré par excellence; avis celsissima, nous dit Elien.- Plusieurs
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