G R O U P E DE LA VAL L É E DE LA DURANC E & DU QU E YRA S
Le deuxième groupe a été jusqu’à pi'ésent moins exploré que le précédent, mais il
e st plus intéressant tant par sa richesse que par les fouilles qui j ont été opérées.
Dans la vallée de la Durance, on peut signaler plusieurs séries de sépultures,
notamment à Savin es, à Âigoire e t à P o n tis, arrondissement d’Embrun, puis au
d essus de Guillestre, à P e y r e -H a u te .
Dans la même v a llé e , à Fre issinière , M. Tournier a trouvé un magnifique to rq u e s
en argent qui, bien probablement, provient d’une sépulture détruite.
Cette pièce intéressante a été re cueillie par un. montagnard dans des travaux de
culture opérés au-dessus des abîmes de Couffourent. Ce bijou e st fait au marteau et
a été orné de dessins qui caractérisent les premiers temps de l’â ge du fer (p l. V I ).
P e y r e - H a u t e . — C’est à M. Tournier qu’e s t due la connaissance de la plupart
des documents que Ton possède su r ce s régions élevées.
Cette nécropole est située sur le chemin du col de Va r s qui re lie le haut de la
vallée de T ü b a y e à celle de la Durance. E lle occupe un mamelon iso lé de 3 h e c tares
environ, formé d’une ancienne moraine. Ce poin t, Tun des plus riches des
A lp e s, présente le type le plus complet de ce genre de nécropole ; mais il a été rav
a g é en partie, il y a une dizaine d’années, par les habitants du pays.
L ’un d’eu x , ayant trouvé à vendre à un archéologue quelques objets de bronze
que le hasard lui avait fait découvrir, un modeste gain l’engagea à poursuivre ses
■ recherches, et en peu de temps plusieurs kilogrammes de bracelets, de fibules, e t c .,
vinr en t en possession de M. Bai'ry, professeur d’histoire à la faculté des lettres de
Toulouse. Ces objets font actuellement partie du musée archéologique de cette v ille.
Les premières fouilles que nous avons entreprises sur ce point en compagnie de
M. Tournier ont été opérées sur 2 0 0 mètres carrés environ. Les tombeaux, au
nombre de plusieurs centaines, étaient construits en blocs erratiques n’atteignant pas
plus d’un demi-mètre cube; ils se trouvaient à une profondeur de 3 à 5 mètres, tous
étaient à inhumation. U n e seule tombe, la plus riche, a donné un squielette complet
qui a pu être transporté au muséum de Lyon. Le crâne de cet individu, une femme
probablement, quoiqu’en assez mauvais état, montre une dolichocéphalie développée
(frontispice et pl. I et I I ).
Le corps avait dû être en sev e li dans un grand manteau ; des traces nombreuses de
tissus qui paraissaient être de la laine et qu’il ne m’a pas été possible de conserver,
recouvraient la plus grande partie du squelette.
Une rangée de quarante-six boutons coniques et à bélière reposait de la tête aux
pieds sur la partie médiane du corps.
U n e grosso fibule à plaque discoïdale, type spécial aux nécropoles alpines des deux
premiers groupes, était placée au sommet de la tête ; une chaînette la reliait à une
sorte d’agrafe gisant à droite du crâne. A côté se trouvaient deux petites pendeloques,
Tune ronde, l’autre spatuliforme. Au cou était placé un collier composé de neuf
perles d’ambre rouge de la grosseur moyenne d’une noisette, d ix -sep t perles en
ver re bleu et onze perles en bronze.
Sur la poitrine, à la hauteur de la huitièmecôte, reposaient deuxfibules à spirale,
en bronze, puis une autre garnie de pâte blanche ; sur la partie inférieure du tronc
s ’en trouvait une autre, en fer, en partie décomposée.
A u x bras, enfin, étaient placés trente-quatre bracelets à tig e plate en dedans, an-
nelée sur le dos e t garnie de coches, s ix à Tavant-bras et v ingt au bras droit, trois
à Tavant-bras et cinq au bras gauche.