ÖU bien: on ne connoit point du tout l'animal (des coquilles dont
on parle). Comment est-il possible d'arranger un système d’après
des choses dont on connoit seidement la plus petite partie, et même
dont la connoissance est encore imparfaite? Comment est-il possible
de connoître et d’examiner les animaux de ces coquilles, qui
se retirent dans la plus grande profondeur de la mer, et qu’on ne
trouve que rarement et par hazard aux rivages dans les saisons
orageuses; et quand on en trouve, les animaux sont gâtés ou
pourris; comme ils sont hors de leur élément et ne peuvent
pas demeurer vivants longtemps hors de l’eau dans la zone torride?
Aussi y a-t-il beaucoup d’espèces des Nautiles^ du Linnæus
et plusieurs autres très petites coquilles, qui n’ont que, la gros-
leur d’un point, et qui logent un animal encore plus petit, comme
p. e. le Nautilus Faba, Scapha, crepidula etc. de M. M. Fichtel et
Moll. Mais comment est-il possible de les examiner avec la précision
ou l’exactitude qu’il faudra pour les classer dans le système?
Il n’est pas moins difficile d’en trouver de vivants; ceux qu’on en a,
se trouvent jettés sur le rivage, où sans doute ils meurent très vite.
N’ayant jamais eu l’occasion d’en voir dans l’état frais je n’en dirai
plus rien, crainte de n'en pas.donner d’idées justes, .
C’étoit sans doute par cette raison que notrevénérable Linnæus
n’a pas adopté un tel plan en classant les vers, comme il n'a
pu se procurer des connoissances suffisantes de ces animaux; car
nous voyons, qu’il a décrit les vers ou les animaux même dans les
deux premières subdivisions, mais à l'égard des dernières il a mieux
aimé donner les déscriptions des habitations qu’il connoissoit, que
Larler de leurs habitans, qu’il ne connut pas. Il a aussi démontré
dans son système qu’on pouvoit aussi bien arranger systématiquement
les habitations des vers testacés sans avoir des connoissances
ïde leurs animaux, et le suivre sans préjudice à la science; et malgré
Ique ces habitations calcaires ne sont que des parties inessentielles
et inorganisées sans leurs animaux, elles méritent pourtant d’être
! connues comme des parties appartenantes à l’histoire naturelle.
On peut dire, que la méthode de Linnæus est aussi fort imparfaite;
on peut également dire, qu’on ne connoit pas encore toutes
les coquilles; il y en a beaucoup que nous n’avons pas encore vues;
comme il y a encore des coquilles douteuses, c’est à dire: qu’il y en
a quelques genres, qu’on ne connoit pas encore suffisamment pour
décider si elles appartiennent aux classes des multivalves, bivalves,
ou bien des univalves; comme on ignore aussi si elles sont au nombre
de ces habitations calcaires ou non; et plusieurs autres objections
qu’on y pourroit appliquer. Je conviens que les systèmes des
(Naturalistes françois seroient beaucoup à préférer à celui deLinnæus,
Icomme je viens de dire, où l’on voit seulement la partie inessentielle
pet inorganisée; mais on ne peut pas nier, qu’on connoit beaucoup
plus d’espèces de ces habitations que de leurs habitans; et on
peut donc affirmer, que les coquilles sont de ces productions de
sla nature, qui sont aimées par beaucoup de monde; qu’il y a des
( amateurs d’histoire naturelle qui ne possèdent que des coquilles, et
■dont plusieurs désireroient des connoissances de leur collection, et
, savoir les arranger systématiquement, sans être connoisseurs des
autres curiosités naturelles. U y a plus: les coquilles ont des for