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vlij RA P P O R T
sur ces deux plantes, par le citoyen Delisle, et ensuite par l e citoyen
Nectoiix , établissent encore plusieurs antres (liHei'ences. I^e cansia
senna se distingue du cassia lanceolata^ noii-seulenient par ses feuilles
obtuses, mais encore par ses stipules plus longues et en l'orme de
lance , et par son légume arqué et relevé sur le milieu de chaque face
de crêtes saillantes. On peut s'assurer de ces diUerences dans la ligure
première.
Ainsi la description faite par l e citoyen Nectoux, rapprochée de celle
communiquée par le citoyen Delisle , donne un rassemblement de
caractères qui facditent la connaissance distincte de la classification de
ces plantes, dont futilité est estimée depuis long-temps par la médecine
comme un précieux médicament.
C'est sons ce point de vue que nous allons maintenant les considérer.
En l'an six, le citoyen Bouillon Lagrange a publié une analyse chimique
du séné de la Falthe d'Alexandrie, celui qui est adopté dans
le commerce. .)'ai pensé qu'en lui remettant les trois espèces de plantes
dont le citoyen Nectoux m'a confié une amj)le provision, je pourrais
ofiVir à la Classe, tout-à-la-fois , la connaissance des principes que C(mtiennent
les deux espèces de séné et fargnel , et le parallèle avec la
même connaissance déjà acquise du séné du commerce. — Le zèle , les
lumières du citoyen Lagrange ont pleinement rempli mon voeu. Il ne
vous paraîtra pas é tonnant que les deux analyses de l an 6 et de l'an lO
présentent les mêmes résultats à des dillerencês si petites, qu'elles
n'influent point sur le jugement que le médecin doit porter de l actioa
de ces deux séné, puisque le séné du .commerce n'est autre chose qu'un
composé des trois espèces que le citoyen Nectoux a ramassées et
conservées séparément.
Les deux espèces anciennes avaient été soumises séparément à
l'examen , et leurs produits pouvaient, .sans conséquence intci-essanLe,
ê t r e rangés dans là même classe. Restait donc à soumettre aux mêmes
recherches , la plante dite argueL appelée séné de la Mecque, et
rangée dans la classe des cynancfium, par le citoyen Nectoux, qui en
a donné une ample description. Voici ce que les expériences chimiques
ont appris au citoyen Bouillon Lagrange.
«11 m'a paru que cette substance contenait une moins grande quantité
de matière extractive. L'infusion à froid, à chaud, la décoction, les
liqueurs évaporées, ne donnent qu'une petite quantité d'extrait, et cet
extrait est constamment analogue, quant à ses principes, aux extraits
des deux espèces anciennes de séné. Ainsi on doit en attendre les
D E L ' INSTITUT NATIONAL. xj
mêmes effets, mais plus faibles; différence bien importante dans la
pratique de la médecine, et dont il sera utile de s'occuper, ainsi que
d e l à forme sous laquelle ce remède doit être administré. Les recherches
que font en même- temps , mais séparément , notre collègue Vanqnelin
et le citoyen Bouillon Lagrange , sur une partie constituante du séné,
que l'on a regardée comme résineuse, et par conséquent comme la plus
active, établiront une doctrine plus positive sur cette espèce de purgatif.
J'espère en rendre compte par la suite, ne le pouvant à présent,
parce que je ne dois prononcer qu'après un grand nombre de faits
observés dans des circonstances différentes.
Le citoyen Nectoux a joint aux feuilles, petits rameaux et gou.sses
d u séné-gnebelly, les fleurs qu'il a recueillies sur cette plante. Ces
fleurs, après les épreuves que leur a fait subir le citoyen Bouillon
Lagrange, donnent aussi les mêmes résultats; seulem.ent elles colorent
moins les liqueiirs dans lesquelles elles ont été mises en infusion ou en
décoction ; la saveur n'est pas d'une amertume salée comme celle
des feuilles; l'odeur n'est pas la même non plus, et tout annonce
qu'elles contiennent bien moins de principes purgatifs. Voilà l'essentiel
des conséquences à déduire de fanalyse chimique.
Nous nous résumons. La classe a pu reconnaître dans notre extrait,
que le citoyen Nectoux a fait faire des progrès essentiels à la science
botanique, par la désignation déterminée des lieux où croissent les
espèces de séné, par la description des trois espèces et par la représentation
qu'il en a donnée dans les figures dessinées par le citoyen
Redouté jeune, dont les talens sont justement estimés. Il y a joint
une figure du cassia fistula, plus exacte que celles données avant lui.
Sous le rapport botanique, et de la médecine surtout, le mémoire
d u citoyen Nectoux nous paraî t méri ter l'accueil favorable de la Classe,
et vos commissaires vous proposent de l'assimiler à celui du citoyen
Delisle, dont , d'après le rapport de notre collègue Desfontaiues, vous
avez ordonné l'impression dans le volume des savans étrangers. Ces
deux mémoires se prêtent naturellement des éclaircissemens, et se
confirment.
Il est lin autre rapport, celui d'économie, sous lequel ce mémoire
nous paraît digne d'une attention réfléchie. C'est le projet de transporter
le séné d'Egypte, de Nubie, à Saint-Domingue , dans les terres
usées et abandonnées des cultivateurs. Le citoyen Nectoux promet
que ces plantes réussiraient également aux îles d e F rance, de la Réunion,
de Cayenne; en Italie, en Espagne, en Portugal et dans les gorges
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