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Son port était bien diiFérent de celui du séné belledy qui était à
côté. Je la comparai avec les faibles échantillons que j'avais pris à
Sienne.
Les tiges et les feuilles entièrement semblables ne me laissèrent
aucun doute sur ma nouvelle découverte.
J e la montrai à u n Fellaeli qui était près de là, et qui k reconnut
aussi p No uos ucrh eler cvhéârmitaebs lee nsseénméb. le le reste de la journé e pour en t rouve r
d'autres, mais ce fut infructueusement.
Néanmoins je résolus , dès ce moment, de ne pas quitter Phillé
sans avoir vérifié les doutes que je devais avoir sur les trois journées
qu'on disait être entre Sienne et le pays où l'on récolte le séné.
Content de ce faible suecès, je rentrai à Phillé, où nous étions
campés. J e priai M. Costaz, chef de la commission, de me faire
donner une escorte pour pénétrer plus avant dans les montagnes.
Ce savant, appréciant l'importance de mes recherches , pria
l'ofacier commandant le détachement de la commission de déférer
à ma demande, et dès le lendemain aS fructidor, nous partîmes
deux heures avant le jour, avec un guide, dont je m'étais assuré la
veille.
Nous dirigeâmes nos pas dans la vallée où j'avais rencontré, le
jour précédent, un pied de séné. Après une heure de marche dans
sa direction vers l'est, on franchit les londemens d'une large muraille
qui la traverse, et plus loin un sentier par où les caravanes de la
partie inférieure de Nubi e se rendent à Sienne.
Ici cette vallée forme deux embranchemens. Nous prîmes celui
qui incline vers le sud, et, après une heure de marche, nous traversâmes
la vallée de Darao, où se trouve une source d'eau saumâtre,
près laquelle s'arrêtent les caravanes de la partie sud de Nubie
pour se rendre à Darao.
E n parcourant un pays aussi montagneux que celui des environs
de Phillé, je ne rencontrai que quelques plantes absolument étrangères
au séné , encore étaient-elles presque toutes desséchées ou peu
vigoureuses, à cause d 'une sorte de torréfaction que leur font éprouver
les sables brùlans où elles croissent et les rochers qui les environnent.
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DANS LA HAUTE EGYPTE. ji
Enfin, après avoir franchi la vallée de Darao, je trouvai un groupe
de cinq à six pieds, do l'espèce de séné que je cherchais; ils étaient
pourvus de fleurs et de fruits. Là nous fîmes halte, et pendant que
l'escorte déjeûnait, j'en fis une description complète.
Ce nouveau succès redoubla mon zèle. Les soldats, qui m'avaient
vu prendre tant de soins à décrire cette plante, me prièrent de leur
dire si elle faisait l'objet de mes recherches; et sur ma réponse allirmative,
ils ajoutèrent : Il faul qu'elle ait de grandes venus pour lui donner
amant de soins. J e leur dis qu'elle était l'une des plus pi-écieuses à
l'humanité souffrante. Alors ces hommes, aussi zélés pour le soulagement
de leurs semblables, que terribles envers les ennemis de
leur pays, la remarquèrent si bien, que, dès ce moment , pas un
coin des ravins n'échappait à nos recherches.
Nous prîmes notre direction au sud, et marchâmes jusqu'à trois
heures de l'après-midi.
Nous ne rencontrâmes pendant tout ce temps que des pieds isolés
de séné, et deux ou trois groupes de 3o à 40 pieds, qui avaient été
coupés depuis peu. Mais le soleil qui gagnait l'horizon nous invitait
à la retraite. Néanmoins nous ne la fîmes qu'après avoir gravi une
montagne plus élevée que les autres.
Parvenu à son sommet nous n'aperçijmes de toutes parts que la
même suite de montagnes granitiques frappées de la plus aifrcuse
stérilité. Ce fut au milieu de ces montagnes que, pour la première fois
depuis mon départ de France, je me trouvai dans le voisinage d'un
nuage sombre, dont la foudre qui en sortit^iussitôt mêlée d'éclairs
ne me parut guères moins épouvantable que dans les profondes
vallées des hautes montagnes du nouveau monde.
Nous marchâmes dans des ravins non moins aflù-eux que ceux
que nous avions tenus jusqu'alors. Nous y rencontrâmes encore
quelques groupes de séné à larges gousses et beaucoup de pieds isolés
qui avaient échappé à la recherche des habi tans qui en font la récolte.
J ' en pris les fleurs et les fruits. Les coupes de différens âges que je
remarquai sur les petites souches me firent alors juger de la vérité
des renseignemens qu'on m'avait donnés sur les espèces.
Une observation bien frappante dans cette pénible course, c'est