m
vj R A P P O R T
(lllion, il a voulu voir les difierentes espèces sur pied, vivantes et dans
Ifs dillerens états de leur v i e , afin de ne rien laisser à desirer dans
la cleseriplion qu'il se proposait d'en faire.
Vainement il a parcouru et visité avec soin les environs d'Alexandrie ,
de Ros e l t e , de Damiel te et du Caire ; il n'a pas trouvé nn seul pied de
séné dans tout l'espace que renferme le Delta. L e séné ne porte donc
le nom de séné dALexandrie^ que parce que cette ville est l'entrepôt
général d'où il est transporté en Europe ; et celui de séné de la Faillie,
parce que ces entrepôts s'appellent Palthe, qui signifie Ferme ^ et
les régisseurs se nomment Paliliiers.
Les renseignemens qu'il s'était procurés auprès des ditférens/'a/i/iiers,
parmi lesquels il nomme avec reconnaissance le citoyen R o s e t t j , et
près des habitans du p a j s , lui annonçaient des plantes de séné dans
les vallées de Sienne. Il s'y rendit , et il eut la satisfaction d'y en rencont
rer , et d'en cueillir cliargées de leurs fleurs et de leurs fruits.
Cette première rencontre ranima ses espérances ; rien alors ne put
l'arrêter, ni la violence de la cKaleur, ni la difficulté d'un voyage longtemps
infructueux à travers des montagnes a r ide s , e s c a rpé e s , ni la
crainte des Ar abe s ennemis. Où il ne pouvait se rendre sans un danger
évident , il envoya des habitans du pays qui allèrent lui clierclier les
différentes plantes qu'ils rencontraient. Secondé par les autorités militaires
et civiles , à qui l'exemple et l'intention du général avaient inspiré
' l a même bonne volonté pour tout ce qui pouvait contribuer aux progrès
des sciences^ et les mêmes sentimens d'estime et de déférence pour les
hommes généreux qui les cultivaient, il pénétra partout où on lui avait
dit et où il soupçonnait qu'il trouverait du séné.
Le s bornes de ce rapport ne nous permettent pas d'entrer dans les
détails très-intéres.«ans des diû'érens voyages qu'il a faits.
C'est dans le désert aux environs de Bas sat ine, à deux lieues du
Caire , qu'il a cueilli les premiers pieds du séné-belledy.
La rive droite du Ni l , en face A'Hermantès, où les Fallach lui en
ont offert une plus grande provision, ainsi que les environs de Darao.
L e bon séné et Varguel, espèce de cynanchum, croissent en plus
grande abondance et de meilleure qual i té, mieux nourris dans la vallée
des Bardhras ( o u la Nu b i e ) , d'où les caravanes l'apportent à Da rao
et à Sienne. Le s Palthiers le font passer ensui te, au moins pour la
plus grande pa r t i e , à Alexandrie.
Dans les montagnes à trois jours de distance au-dessus de Sienne,
on trouve le guebélly, le .séné de la Théba ide et l'arguel. Ce dernier est
D E L ' I N S T I T U T N A T I O N A L . vij
en assez grande quantité dans une vallée qui court à fes t de Si enne ,
et en tournant vers l'Egypte.
Dans ces endroi t s , val lées , collines, ravins ou montagnes , le bon
séné-guebelly et l'arguel ne sont pas plus cultivés que le bel lcdy, que
l'on regarde comme sauvage ; ils viennent spontanément pai- groupes.
On en fait deux récol tes , dont l'abondance dépond de la durée des
pluies qui ont lieu périodiquement chaque année. La premièi'C et la
plus abondante est à l'issue des pluies qui commencent au solstice d é t é ,
et finissent à la fin de fructidor, et la seconde a lieu au commencement
de germinal.
L a préparation se réduit à les couper et à les exposer au soleil sur
les rocher s , jusqu'à parfaite dessiccation. L e mélange des deux espèces
se fait même quelquefois en Nubi e ; mais on n'y trouve point le bellcdy;
ce n'est que dans les entrepôts de Sienne, du Caire, qu'on l'ajoute. Les
relevés des quantités récoltées et déposées dans les magasins, et des
quantités vendue s , justifient la crainte d'une grande et dangei-euse
falsification par l'addition de plantes étrangères. Ca r , d'api-ès l'aveu
du Pal thier , le produit des deux coupes varie depuis sept cents
quintaux jusqu'à onze cents au plus , dont le tiers est de l 'arguel, et
la vente est de quatorze à quinze cents quintaux. Aussi, dans celui que
reçoivent nos marchands , on trouve souvent des feuilles de bagnaudiers
et de buis.
Ces f raudes , malheureusement; trop communes dans le comme r c e ,
sont d'une conséquence bien plus grave dans tes espèces de drogueries.
El les donnent beaucoup de peine à nos pharmaciens , qui sont obligés
d'en faire le triage avec soin.
Aprè s avoir présenté l'extrait de cette partie historique du Mémoi re
du citoyen Ne c toux, nous passons à la partie botanique.
Le s anciens botanistes avaient distingué ces deux espèces de s éné ,
et les phrases descriptives dont ils se servaient pour les désigner,/o//Vs
aculis, — foliis obtusis, exprimaient avec assez de clarté et de précision
lesdifférences qu'elles présentent. Néanmoins Linnoeus avait; cru
devoir les réunir et les considérer comme des variétés. L e citoyen La -
marck a fait remarquer dans son Dictionnaire, à l'article Casse, l'erreur
dans laquelle était tombé le célèbre professeur d'Upsal. 11 a distingué
les deux espèces de séné qui croissent en Egypte. Celui dont les feuilles
sont aiguës est annoncé sous le nom que lui avait donné For ska l ,
cassia laneeolata; et l'autre, dont les feuilles sont obtuses , sous celui
de cassia senna. Le s observations qui ont été présentées à la Classe.