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helledy, mais bien dans les entrepôts de Kéné, d:Esnech, de Damo, de
Sienne, etc., près desquels il yient natarellement en assez grande
quantité.
Le gouvernement égyptien peut seul prevenir cet ahus dans son
piincipe. Il y parviendrait aisément en ordonnant l'extirpation de
l'espèce sauvage, et en favorisant la culture de colle k larges gousses
et de l'arguel, dans la province de Tlièbes, qui s'étend jusqu'aux
cataractes de Sienne. Les liabitans de eette contrée sont si pauvres,
<iu'il faut que le gouvernement leur fasse l'avance des grains et autres
productions qu'ils cultivent. Il a soin de retirer ses avances, lorsqu'il
perçoit le miry ou l'impôt territorial.
La culture du séné se ferait dans le genre de celle de l'indigo, en
semant les graines par petites touffes, à deux pieds l'une de l'autre.
Elle produirait quatre à cinq coupes par an , qui seraient vendues
au même prix c|iie celui cjui est apporté à Sienne par les caravanes.
L'aisance qu'elle répandrait parmi les cultivateurs les tirerait sans
doute de l'indolente apathie où les a réduits l'oppression du gouvernement
des Mamelouks; c'est, je crois, l'un des plus sûrs moyens
dé prévenir la falsification du bon séné et de l'arguel, parmi lesquels
il est si facile d'introduire d'autres espèces de feuilles.
Néanmoins il s'en présente une autre bien plus à l'avantage de
la France, puisqu'elle peut le faire cultiver avec le plus grand succès
dans nos colonies d'Amérique (dans les terres abandonnées des cultivateurs),
où croissent spontanément la majeure partie des espèces
de casse et de eynanque. Je présume que eette etilture réussirait
pareillement en Espagne, en Italie et en Corse.
On voit donc que des trois espèces de plantes qui composent le
séné du commerce, deux sont particulières à la zône torride, mais
f[ue l'espèce commune s'étend jusqu'à Thèbes.
Nous allons donner de chacune une description complète suivie
de figures.
J e puis affirmer que je suis le seul qui ait vérifié sur les lieux les
faits principaux dont il est question dans ce mémoire, quoique je
ne sois pas le premier qui en a La planche première représeint tep alr'leés pàè cle'I ndset itsuétn. é connu dans la
D A N S LA HAUTE EGYPTE. 19
haute Egypte et chez les Barabras, sous le nom de séna-belkdy ou
de séné sauvage.
C'est le cassia sena de LIN. cassia foliis sex jugis 'subom/is , pelio/is
eglandulalis. La casse d'Italie, Lamark, Encyclopédie inéthod. botan,
p. 646; sena italica, sive foliis oblusis, C. B. p. 897; Tourn., 618,
i^oe.hist. 1747 hist. 2, p. 200, sec. 2 , tab. 24, íig. 2; sena, Dod.
pempt. 361, lob. io. p. 88; sena italica foliis quimjue jugalis cordalis
obtusis.Mill.Tiict.n''. '¡l-,cassia, Bunnan. Flora indica,96, tab. 23, f a .
Cette espèce de casse, qui offre tous les caractères du genre, est
remarquable par des feuilles ailées à six ou sept paires de folioles
ovales, obtuses, inégales à leur base, un peu épaisses, portées par
des pétioles qui n'offrent point de glandes, et par des gousses aplaties,
arquées, surmontées des deux côtés de petites élévations longitudinales
en forme de crête, qui répondent à chacune des graines qu'elles
renferment. De sa tige ligneuse, assez droite, à-peu-près cylindrique,
partent un grand nombre de rameaux qui s'étendent en tous sens,
sous un angle d'environ quarante-cinq degrés; la plante ne s'élève
pas au-delà d'un demi-mètre. Toutes ses parties sont en général assez
lisses, et répandent une odeur fétide lorsqu'elles sont nouvellement
cassées.
Le dessin de cette espèce, de même que les deux autres, est de
M. Redouté le jeune, artiste très-distingué, et dont l'exactitude
est bien connue.
La planche 2 représente le sena-guebelly, ou sena-Mekky, séné de
montagne , ou de la Mecque.
C'est la casse lancéolée, Laniark, Encyelop. méthod. bot. p. 646.
Lecass/û lanceolata,foliis quinquéjugis-, Forskall, FloraySgypliaca, p. 85,
n°. ¿8; sena-alexandrina, sive foliis acuti s, Bauli, pin. 897. Moris.
hist, a, pl. 201, sec. 2, tab. 24, f. 1 ; Tourn. 608; Rai. hist. 1742;
Mili Diet. n°. 2; sena, B. 377; sena orienlalis, Tahern. herb. p. 2,
f. 220.
Linné avait confondu cette plante avec le séné d'Italie, et quoiqu'elle
soit d'un très-grand usage dans la médecine, on n'en a
cependant pas encore publié une seule bonne figure, non plus que
de la précédente, eoiume l'observe très-bien M. Lamark. J'ai donc