Les espèces nouvelles qui sont mentionnées dans les deux volumes que nous annonçons,
s’élèvent au nombre de 240 ; elles sont décrites avec cette clarté et cette précision qui permettent
au botaniste de saisir, à la simple lecture, les caractères les plus importans de chaque
organe. L e pays où elles croissent, le temps où elles fleurissent, sont indiqués avec
une scrupuleuse exactitude, et M. Cavanilles a placé souvent à la fin de chaque description,
des observations importantes sur les usages auxquels elles sont employées, ainsi que
sur les caractères qui les rapprochent ou qui les distinguent de quelques autres especes du
même genre. I l en est plusieurs, surtout dans les Mètrosyderos, Eucalyptus, Epacris,
Hoitzia, Cantua, Embothrium, Bauhinia, Caryocar (°), Calceolaria, Mutisia, etc. que
nous regrettons de ne pouvoir faire conoître à nos lecteurs; mais, craignant de franchir les
bornes dans lesquelles nous devops nons renfermer, nous'n’hésitons pas à sacrifier l ’intérêt
que les descriptions de ces superbes végétaux pourroient répandre sur notre analyse, pour
nous livrer, comme dans notre premier extrait, à des discussions purement botaniques.
C olladoa. C e genre, qui appartient à la famille des Graminées, a beaucoup de
rapport avec I’A n th istiria ; mais il en diffère par sa glume coriace, 1 -phylle, profondément
2-fide, et renfermant trois fleurs dont une simplement mâle et les autres hermaphrodites.
L ’espèce que M. Cavanilles décrit sous le nom de Colladoa disticha (tab. 4 6 0 ) ,
croît près de Samboangan dans les Philippines. Elle s’élève à 15 décimètres de hauteur,
et ses fleurs sont disposées en épi.
A rjona. En changeant les noms donnés par M. Cavanilles à quelques organes de la
fructification, par exemple en nommant bractées ce qu’il appelle calyce, en nommant ca-
lyce ce qu’il appelle corolle, e tc ., on reçonnoit aisément que ce genre doit être rapporté à
la famille des Daphnoïdes, et qu’il se rapproche même beaucoup par son port du Passe-
rina, dont il diffère néanmoins par ses étamines au nombre de cinq, par les écailles qui
couronnent l ’ovaire, et par ses deux stigmates.
L ’espèce qui constitue ce genre est originaire de l ’Amérique méridionale. M. Cavanilles
lui a donné le nom de tuberosa (tab. 383 parce que les fibres de sa racine sont tu-
berculifères comme dans le Cyperus escùlentus ; ses fleurs sont terminales et presque disposées
en corymbe.
L in k ia . Il suffit de voir la fleur du Linkiapour reconnoître que ce genre appartient
à la famille des Protéoides, distinguée de toutes les Dicotylédones apétales à étamines pé-
rigynes, par lés fleurs dont les Anthères sont insérées au sommet des divisions du calyce.
L e Linkia a beaucoup d’affinité avec l ’Embothrium, dont il ne diffère que par ses anthères
linéaires, droites, insérées presque sur le milieu des divisions du calyce, et par ses
fleurs solitaires. I l se rapproche aussi beaucoup du Poupala, mais il s’en distingue aisément
par son inflorescence et surtout par son fruit polysperme.
L'espèce décrite sous le nom de Levis, croit près la ville de Jackson, dans la Nouvelle
Hollande. Sa tige frutescente et rameuse s’élève à deux ou trois mètres de hauteur.
Ses feuilles sont nombreuses, éparses, ovales, lancéolées et très entières.
C armona. N ous rapportons ce genre à notrè famille des Sebesteniers. I l se rapproche
beaucoup de YEhretia ; mais il en est distingué par ses deux styles, et par son fruit qui
est un drupe renfermant une noix 6 loculaire et 6 sperme.
M. Cavanilles a donné à l ’espèce qu’il décrit et qui croît à l ’île Luzon, l’une des Ma-
rianes, le nom à’heterophylla (tab. 4 3 8 ) : mais ce nom spécifique doit être changé, parce
que YEhretia Buxifolia R osb. tab. 5 7 (même plante que YEhretia mycrophylla L am. et
que le Cordia refusa V h a l , Symb. bot. pars secunda, pag. 4 2 ) , qui est évidemment
congénère du Carmona C av. porte aussi des feuilles d’une forme différente.
C ortesia. Les tubercules pilifères dont les feuilles sont hérissées dans l’espèce décrifa)
En lisant la description que M. Cavanilles Pehea A ubl. , ou que l e Caryocar e t le Pekea doivent
donne du Caryocar ^4mygdaliferum Mutxs, on seroit être réunis e t ne former qu’un seul et même gen—
tenté de croire, ou que cette espèce est congénère du re.
te par M. Cavanilles, font déjà soupçonner que ce genre, dédié au conquérant du Mexique,
doit se rapporter à la même famille que le Carmona-. l e s caractères de la fructifica-
tien viennent à l’appui de cette conjecture. En effet, le calyce est libre, monophylle; la
corolle est hypogyne, l-pé tale, régulière et staminifère,; le style est 2-fide, et le fruit
est oligosperme.
l e C . Cuneifolia ( ta b . 3 7 7 ) croît à Buenos-Ayres, C ’est un arbrisseau très-rameux,
qui s’élève envtron à un mètre et demi de hauteur. Ses feuilles alternes, sessiles, cunéiformes
et trifides a leur sommet, sont hérissées de tubercules sur leurs deux surfaces, l e s
fleurs d’un jaune blanchâtre sont solitaires, sessiles et ordinairement terminales.
C aleoa. I l suffit de considérer la structure du fruit de ce genre, pour déterminer
avec exactitude l ’ordre au quel on doit le rapporter, le s Convolvulacées sont les seules
monopétales hypogynes dont le fruit présente dans le centre un placenta â plusieurs angles
septiformes et correspondans aux sutures des valves qui sont libres, l e Calboa se
rapproche beaucoup de VIpomoea; mais il en diffère, comme l ’a observé M. Cavanilles,
par son calyce à cinq découpures, par son stigmate simple, par ses étamines dont les fila-
me'ns sont entièrement glabres et d’une grandeur égale, et par sa capsule 4-loculaire. I l a
aussi beaucoup de rapport avec le Convolvulus ; mais il s’en distingue par son stigmate
simple et par sa corolle $-fide..
_ l ’espèée que M. Cavanilles décrit sous le nom de Vitifolia (tab. 4 7 6 ) , croît aux environs
de Saint-Biaise, dans l’Amérique septentrionale, l a tige de cette plante est grimpante
, et s’élève à près de trois mètres de hauteur. Ses feuilles, portées sur des pétioles
qui se contournent, ressemblent à celles de la vigne. Ses fleurs, portées sur un pédoncule
axillaire et presques disposées en corymbe, sont jaunes en dehors, rouges en dedans, et
longues environ de trois centimètres.
- N e pourroit on pas rapporter au genre Calboa de M. Cavanilles, les Convohulur,
Pentapetaloïdes L. et Parvijlorus L am. ?
P oiretia , V entenatia , P erojoa. Ces trois genres, qui ont beaucoup de rapport
avec 1 Epacris L. dont M. Cavanilles a reforme le caractère générique, doivent constituer
une nouvelle section dans la1 famille des Bruyères.
L e Poiretia (tab. 3 4 3 ) diffère de Y Epacris par sa corolle à $ pétales et par son
ovaire dépourvu décailles. C e genre est, à ce que nous a appris M. V h a l, le même que
le Sprengelia Smith, act. Holm. — Gmelin avoit déjà donné le nom de Poiretia à une
plante de l’Amérique septentrionale, qui, de même que le Demidojia du même auteur,
paroit être congénère du Dichondra F orst.
L e Ventenatia se distingue surtout de YEpacris par son fruit qui est une noix globuleuse
a £ loges 1 -spermes. Les deux espèces décrites par M. Cavanilles (tab. 348 et
3 4 9 » %• O sont des sous-arbrisseaux qui croissent près de Jackson dans la Nouvelle
Hollande.
On seroit tente deloigner le Perojoa de la famille des Bruyères, lorsque l’on considère
que son fruit est 1 -sperme; mais l’on est convaincu que e’est l’ordre auquel il faut le
rapporter, en réfléchissant sur l’affinité de ce genre avec celui de YEpacris dont il se
rapproche, soit par le port, soit par la conformité dans la plupart des organes de la fructification.
D ’ailleurs YArbutus uva-ursi, dont le fruit est également 1 sperme, appartient
certainement à la famille des Bruyères. L ’espèce^que décrit M. Cavanilles, sous le nom dé
Perojoa Mycrophylla (tab. 3 4 9 , fig. 2 ) , est un sous-arbrisseau très-rameux qui croit dans
le meme pays que le Ventenatia. Ses feuilles sont nombreuses, petites, ovales, appliquées
contre la tige et les rameaux, et comme imbriquées. Ses fleurs sont terminales , rapprochées
en tête et rougeâtres.
S ellier a . M. Cavanilles a présenté dans le second numéro des Annales de Historia
Tsfaturàl, une dissertation très intéressante sur le_Goodenia Smith (<*), dans laquelle il ob-
(a) Nous avons décrit et fait figurer une espèce
de l ’Institut , sciences physiques et mathématiques.
de ce genre dans le second volume des Mémoires
Y