Pour M. V a l e n c i e n n e s les Labroîdes el les Scai'oîdes ne sont que deux Irilras d'une même
lamille. Il augmenla celte famille do quelques genres nouveaux el en écarta les genres des Chromidoîdes
et des rseudochromidokles, que ses prédécesseurs j ai-aient placé. Il aurait pu en exclure
aussi le genre Malacantlie et placer le genre Odax dans le tribu des Labroîdes.
Le prince Cha r l es Lucien Bonaparte, en 1839 déjà, distingua très-nettement les Scarini
des Labriui. Il les plaça, avec le rang de sous-familles, dans sa famille des Labi-idac, famille qu'on
trouve dans son système eutre les Cyprins et Cyprinodons et les Mugiloîdes, dans l'ordre même
qu'il nomma Cyprini, ordre d'ailleurs auquel il donna un sens fort étendu et qui équivaut à peu
près aux Cycloides de M. Aga s s i z . Mais dans un ouvrage postérieur (1846) le Prince do Canino,
rétractant sou système de 1839, en proposa un autre, daus lequel il adopta l'ordre des Pharyngognatln
de .!. Mi l l ier, bien qu'y laissant intacte sa division des Labridae.
Le système do Ma e -Lc a y (Ann, Mag. Nat. Hist. 1842) ne so fait remarquer par rapport aux
Labres, que parce qu'il y introduisit le genre Acantburc, comme s'il avait voulu prouver combien
peu il comprenait les affinités naturelles.
Les Scaroidae de Cantor ne sont qu'un synonyme de la famille des Labroîdes, telle que l'a circonscrite
M. Valenciennes.
Un demi-siècle après la publication de sa Zoologie analytique, C. D umé r i l , retouchant son système
dans ricbtbyologie analytique, adopta la famille des Labroîdes (qu'il nomma Sarcodontés) et
celle des Scaroides (à laquelle il laissa le nom de Ostèostomés ou Ostéodontés). Il n'y plaça que
les genres de M. V a l e n c i e n n e s et compta aussi le genre Odax parmi les Ostéodontés.
Dans les derniers temps, il ne s'est rien publié de spécialement remarquable par rapport à la
classification des Labres, si ce n'est le travail de M. K n e r , intitulé: »Zur Cbarakteristik und Systematik
der Labroîden". Il divise les Labroîdes en 4 groupes d'après leur dentition pharyngienne
et y place les Scaroides comme simple groupe. Je parlerai plus amplement de cette classification,
lorsque je traiterai plus spécialement des vrais Labroîdes arcliipclagiques. Il suffira ici de noter,
que le genre Odax y est placé (d après la dentition très-remarquable de l Odax moluccanns Cuv.
qui cependant est un Pseudodax) à côté de Callyodon et de Scarus, et que le genre Hopiegnatbus
llicbds. (Scarodon Scbl.) que M. K n e r n'a pas pu examiner, a les os pharyngiens inférieurs tout-à-fait
séparés, grêles et à dents aiguës, de sorte qu'il ne peut rester plus de doute quant à la nécessité d'écarter
ce genre des Scaroîdes, avec lesquels du reste il n'a d'affinité que par ses dents des mâchoires.
Pour moi les Scaroides forment une famille distincte, qui se définit parfaitement bien dans les
termes placés en tète de ce chapitre.
Cette définition met les genres Odax et Olisthops hors des limites de la famille, et, en effet, ces
genres, quoique voisins des Scaroîdes, ont plus d'affinités avec les vrais Labroîdes.
Mettant de côté les genres mal choisis de Swainson, on n'avait distingué jusqu'ici d'autres
types génériques des Scaroîdes que les Scarus et les Callyodons.
Mais le genre Scarus des auteurs est un genre complexe, comprenant au moins quatre genres trèsdistincts
et très faciles à reconnaître, si l'on consulte la nature, mais assez difficiles à débrouiller
d'après les descriptions et les figures en général très-défectueuses ou incomplètes des espèces connues.
Je n'ai reconnu les vrais caractères génériques du genre Scarus qu'après mon retour en Europe,
où j'ai pu les constater sur des individus du Scarus cretensis, pris près de Tripoli, et sur des espèces
américaines, conservées aux Musées d'histoire naturelle de Leide, devienne, de Deriin cl de Londres.
Ces caractères se résument dans la lèvre supérieure complèlement double, les dénis de la
bouche intimement unies avec les mâchoircs et agglomérées ¡rrcgiilièreinent sans former dos couches
ou rangées régulières, la lame dentaire plus large que longue de l'os pharyngien inférieur, les
trois rangées longitudinales des dents à chaque os pharyngien supérieur, les épines poignantes
de la nageoire dorsale, les tentacules des narines antérieures cl la simple rangée des écailles sousorbitaires.
Mais la plupart des espèces, décrites jus(|u"ici sous le nom générique de Scai-us, n'ont pas ces
caractères, el toutes les nombreuses espèces asiatiques el indo-archipélagiques appartiennent à
d'autres types.
Je sépare en premier lieu les espèces, qui, tout on ayant do commini avec les espèces de Scarus
les caractères des os pharyngiens, des écailles sous-orbitaires, des narines et de la lèvre supérieure,
s'en dislinguenl essentielIcmenl par les dénis de la mâchoire inféiieure, qui, bien iin unies
intimement avec l'os, forment des couches superposées régulières, parallèles et séparées seulement
par des lignes peu profondes, tandis que les épines dorsales y sont flexibles et pas du toul poignantes.
J'ai réuni ces espèces sous le nom de Scarichlhys, mais je n'en connais d'après nature
que 2 seulement, et il paraît qu'elles ne sont pas nombreuses. Les deux »jue j'en possède, ont la
base de la dorsale sans écailles, la membrane de la dorsale assez profondément échancrée cnti-o
les épines, la caudale arrondie et sans angles, et les pectorales obtuses et arrondies.
Mais il y a une autre combinaison de caraclères, qui est le partage de la plupart des Scaroîdes
asiatiques, et qui se retrouve aussi dans plusieurs espèces américaines. Ces espèces n'ont de commun
avec celles du genre Scarus que la dentition des mâchoires, mais la plaque dentaire du pharyngien
inférieur y est plus longue que large, celle des os pharyngiens supérieurs ne portent que 2
rangées de dents, dont celles de la rangée extérieure sont petites et plus ou moins coniques, la lèvre
supérieure n'y est double extérieurement que près de l'angle de la bouche, la lèvre interne ou
maxillaire élanl peu développée cl se retirant en général sous la lèvre externe ou rostrale pour
s'arrêter avant d'avoir atteint la symphyse; puis encore les tentacules des narines y manquent presque
toujours, les épines de la dorsale n'y sont pas du tout poignantes, mais Irès-ilexibles et unies
jusqu'à leur pointe courbée par une membrane dont le bord libre ne fait que de légères ondulations,
et enfin les écailles sousorbitaires n'y sont jamais disposées en série unique mais toujours
sur deux, trois ou quatre rangées. Je réunis toutes ces espèces sous le nom de Pseudoscarus.
Le genre Callyodon se distingue déjà des autres Scaroîdes par ses dents imbriquées cl plus ou
moins isolées des mâchoires. D'ailleurs il a les caractères de la plaque pharyngienne inférieure,
des dents pharyngiennes supérieures, des tentacules des narines et do la rangée simple des écailles
sousorbilaires des genres Scarus el Scarichlhys, mais en revanche une construction de la lèvre supérieure
ordinairement analogue à celle des genres Pseudoscarus el Callyodontichlhys.
Enfin il y a une quatrième combinaison de caractères, qui nécessite encore une coupe générique.
La conformation des lèvres y esl comme dans les genres Pseudoscare et Callyodon; la lamo
dentaire de l'os pharyngien inférieur y est plus large que longue; les dents des mâchoires montrent
la mémo organisation que celles du genre Scarichlhys, el les épines de la dorsale, qui a la base
squammeuse, sont très-fortes el poignantes. C'est un type qui tient le milieu entre les genres
Scarichthys el Callyodon et que je propose de nommer Callyodontichthys. L'espèce unique, que
j'en connais, est originaire de Bahia et se trouve dans les galéries du Muséum impérial d'histoire
naturelle de Vienne, sous le nom de Scarus flavescens.
Le tableau suivant résume brièvement les caraclères des cinq genres.
r. Écailles sousorbitaires sur «ne simple rangée. Pkque dentaire pharyngienne infcSrieure pJus large que lon^uo Denis des os
pharyngiens sur 3 rangées longitudinales. Narines antérieures h tentacule. °
A. Lèvre supérieure complètement double, tant par devant quo par derrière,
a. Dente des mâchoires agglomérées irrégulièrement, ne montrant que leui
Scarus
b. Dents de la mâchoir. infériem
flexibles, non poignar
, disposées
• Forsk., Blkr,
:n couches superposées,
3 têtes. Épines dorsales poignajites.
obliques, régulières, parallèles, Épin
Searichthys Bikr.
B. LèiTe supérieure double par derrière seulement. Dorsale à base squar
a. Dents antérieures dos mâchoires imbriquéoâ, oblongues, moitié libres.
Callyodon Gron., Cuv.
b Dents ne inoulrant que leurs tGtes, celles de la m.lchoii-e inférieure
res, parallèles. Épines dorsales fortes, poignantes.
Callyodontkhthys Blkr.
lire pharj-ngiei
1 couches superiwsécs. obliques, réguliè-
I I . Écailles sousorbilaires s
pharyngiens suporieura :
A. Lèvre supérieure do
ir 2, 3 ou 4 rangées. Plaque de
ur 2 rajigées longitudinales,
iblo par derrière seulement,
es agglomérées irrégulièrement, ne i
Pseiidoscarn
iférieure plus longue que large. Dents
:rant que leui-s tOtes. Épines dorsales flexibles, non poimí