a 'GRAVURE EN LETTRES, EN GEOGRAPHIE ET EN MUSIOÜË.
Là carte générale de la France , exécutée fous la
direction de M. Calïini, eft traitée dans ce genre
qui jufqu’alors n’avoit point encore été mis en ufâge
dans aucune carte géographique.
jC. Exemple dans le genre topographique. Il repréfente
exactement la nature du tcrrein. La maniéré avec
laquelle on repréfente dans ce genre les villes ,
bourgs, paroiffes, châteaux, hameaux, maifons
particulières , & généralement tout ce qui peut
•exifter furie terrein, s’y trouve détaillé au point
d’y reconnoître jufqua la moindre habitation,
Toit enclos, jardins, parcs, bois, vignes, prés,
marais, friches ou terres labourées, les routes
plantées, celles qui font revêtues de folles, ou qui
ne le font pas, les chemins ordinaires bordés de
haies ou non , en un mot toutes les pièces de
terre de quelque nature quelles puifl'cnt ê tre , y
font repréfentées au point de pouvoir mefurer fur
l’échelle la quantité d’arpens de même de perches
qu’elles peuvent contenir chacun en particulier ; 5c
c’eft en quoi différé cet exemple de la fig. B.
On s’eft contenté d’écrire fur les modelés qui repré-
Fentent ces trois fortes de gravures, les noms aux différentes
expreflîons dont on le fert pour délîgner tout ce
qui fe trouve fur le terrein, ou qui ne font feulement
que des lignes de convention, comme les mouillages,
les courans, les roches fous l’eau, &c.
La Géographie 8c la Topographie fe gravent fur des
planches de cuivre planées ou brunies , comme il a été
dit pour la Gravure en taille douce. Le cuivre doit être
verni de même , 8c la maniéré de calquer ou de tranf-
mettre le deffein fur la planche vernie eft exactement la
même auflî. On fe fert des mêmes pointes pour graver
à l’eau-forte, & les burins font les mêmes. Voyei la
Planche de Gravure en taille-douce.
Quant à la maniéré de graver, voici la plus en ufâge
& celle qui fait le mieux. On trace à la pointe fur le
verni tout ce qui eft trait, comme murs d’enclos, chemins,
plans de villes, de bourgs ou de hameaux. On
ne trace feulement que les contours des rivières , des
•mers, des lacs, des étangs. Les bois, les bruyères, les
vignes, les jardins potagers, les terres labourées, les
prairies, les marais & les chemins plantes d’arbres, doivent
être faits entièrement à l’eau forte, ou préparés
•au ton que l’on voit dans les modèles B, C. Les pofi-
tio n s, foit fermes, moulins, &c. doivent être tracées
8c ombrées à la pointe fur le verni, tels qu’on les voit
dans les modèles A ou B. Les montagnes, les côtes efe
carpées, les colines 8c les dunes doivent être préparées
en grande partie à l’eau-forte, en frappant davantage
les côtés de J’ombre , ou en fe fervant de pointes plus
fines ftir les côtés éclairés. Voilà en général tout ce qui
fe peut faire fur Je verni ; alors on fait mordre la planche
foit à l’eau-forte à couler, foit à l’eau-forte de départ,
ce qui fe pratique comme on le voit dans les Planches
du Graveur en taille-douce. Voye£ ces PI.
Lorfque la planche eft mordue, on emploie le burin
8c la pointe feche, pour achever & donner plus de perfection
à ce que nous venons d’indiquer. Les rivières
dont on n’aura tracé que les contours à Ieau-forte, feront
ondées par des tailles de burin. Les lacs, les étangs,
les mers, 8c généralement toutes les furfaces d eau doivent
être exprimées par des tailles du burin filées 5c
adoucies. Les fables doivent être faits à la pointe feche
par des points près les uns des autres le long de la rive,
8c plus légers Ôcplus clair femés vers le milieu ou vers
Ja berge de la riviere, s’ils s’y rencontrent. Les malfifs
des emplacemcns de maifons dans les villes 8c bourgs
doivent être pointillés auïïi à la pointe feche, pour plus
de propreté. Les pentes des montagnes, des colines,
&c. doivent être prolongées par des tailles en points
filées au burin ou à la pointe feche, afin d’adoucir le
travail trop tranchant de l’eau-forte. On peut remettre
dans les clairières des bois & dans les bruyères quelques
petites tailles pointillées à la pointe feche, pour
donner plus de variété, 8c former quelquesmaflès plus
ou moins garnies 5c fàblonneufes.
il y a des Graveurs qui font tout ce que l’on vient
de dire à l’eau-forte > mais quelque foin qu’ils prennent
pour obferver les différentes gradations que ce
travail exige, une carte gravée toute à l’eau forte , ferâ
toujours dclagréable ou groflîerement faite, en com-
paraifon des modèles qu’on a fous les yeux. Il y a aufli
des exemples de cartes géographiques, dont les pofi-
tions 5c les bois ont ete frappes avec des poinçons j
cette maniéré eft fe jette a beaucoup d inconvéniens.
i°. Les pofitions deviennent toujours lourdes 5c s’impriment
malproprement ; z°. tout fe trouve du même
to n , les arbres iont de meme forme 5c dcmcmegrof—
feur fans aucune variété, 5c par confequent ne jouent pas
affez; 3°. les coups de poinçons font étendre le cuivre au
point qu’une gravure qui demanderoit la précifion géométrique,
fe trouveroit abfolument faufle dans fes parties.
Enfin toutes ces manières n’approchent pas de la
précifion 5c de la beauté de celle que nous avons indiquée.
Koyei les figures des poinçons dans le haut de la
Planche précédente, numérotées 1 , 2 , 3 , 4 , f , 6 ,
Ces differentes parties exigeant beaucoup de foin 5c
de propreté, font devenues un genre particulier en gra-
vure, c eft-à-dire que les artiftes qui s’y diftinguent le
pius, font ceux qui s’en occupent elîèntiellement. Ce
genre a , comme tous les autres, befein d’une étude de
deffein qui )ui foit propre. Savoir dcflïncr la Géographie
5c la topographie eft la bafe de ces parties qui ont
en gravure chacune des expreflîons particulières. C’eft
aux Géographes 5c aux Ingénieurs à donner des leçons
en ce genre; 5c nous obferverons que s’il étoitpoflïblc
que toutes les cartes tuflent gravées par des hommes
qui réunifient à 1 art du Graveur la feience du Géographe
5c de i Ingénieur* on auroit lans contredit les cartes
les plus correctes, les mieux exprimées, 5c les détails
les pius vrais 5c les mieux reflèntis.
Bas de La Blanche. Gravure en Mujique,
L’Art de graver la Mufique n’eft pas ancien ; il a pris
naiflance dans lexvij. fieefe, 5c c’eft en r <57 y qu’a paru
la première édition de gravure de Mufique en taille-
douce. La figure d.s notes étoit alors celle d’un lofimge,
imitée de celle des caraCteres de fonderie inventés 8c
graves vers 1 j i o par Pierre Hautin, 5c qu’on a continue
d employer depuis. Dès ce teins quelques eflàis par»
liculiers parurent ; ils étoient gravés fur bois ; les uns
avoient la figure des notes quarrées ou lofànges; d’au»
très avoient la figure ronde **comme dans les copies ma-»
nuferites; mais cela ne fut pas généralement connu. Lorf-
qu on grava fer le cuivre, quelques-uns deflînerent en*
c°re ces caraCteres de même, mais à Ja pointe, 5c ils
les faifoient mordre après à l’eau-forte; ce qui ne ve-
noit pas fi régulier que ce que les poinçons frappèrent
dans la fuite. Les recueils de pièces d’orgue de ce tems
en fourniflent des exemples ; une grande partie des opéras
de Lully Ôc de Mouret ; les motets de Gampra 5c
de Lalande, 5c les cantates de Bernier 5c de Clairam-*
bault, qui parurent enfuite, font des preuves de ce
qu etoit dans les commcncemens ce genre dé gravure.
Depuis on eft parvenu à corriger l’irrégularité de ces
figures de notes , en les rapprochant exactement de
celles qu’offrent les manuferits, 5c auxquelles on s’eft:
arrêté jufqu’à préfent. Cet art ayant acquis par degrés
le point de perfedion où il eft, devient d’autant plus
utile aujourd h u i, qu il fert à confervcr 5c à tranfinettre
à la poftérité les plus exceilens morceaux de mufique >
que les auteurs les plus célébrés, anciens ÔC modernes ,
ont pu produire.
La maniéré d’opérer dans ce genre de gravure con-
fifte à imiter fen manuferit avec exaditude, foit fur une
planche de cuivre, foit fur une planche d etain ; 5c cela
Amplement à vue, fans fe fervir du moyen de réduction
dont les Graveurs en taille-douce font ufâge. On
commence par compafler la planche, afin de déterminer
dans fon étendue un parallélogramme qu’on trace
légèrement à la pointe 5c avec une réglé, pour prendre
de-là les diftanccs juftes des ponces, defquelles le nombre
n’eft déterminé que par le plus ou le moins déplace
qu’offre la grandeur de la planche. Ces portées fe fixent
enfuite; puis les diftances prifes au compas avec une griffe
à cinq pointes, qui en marque les extrémités ; enfuite o u
G RA VURE EN l e t t r é s , ën g êô Gr a m ë è t e n mü s iqü e . 3
pâlie îa planche feus une réglé de fer fixée fer le régloir,
& que l’on affujettit d’une main, pour que de l’aûtre
on puiffe avec le tire-ligne commencer où la griffé a
marqué ; ce qui s’opère en tirant à fe i, attendu que la
forme du tire-ligne eft difpofec en conféquence,//#. 3.
Cela fait, 5c fùcccflïvement jufqu’en bas de la planche,
on fe fert d’un ébarboir pour en adoucir la fuperficie,
8c enlever les barbes grenelées que laiffe le tire-ligne
en paffant. Enfuite ondeffine légèrement avec une pointe
tout ce qu’indique le manuferit, 8c ce dans l’ordre in-
verfe qu’il offre, afin qu’à l’impreflîon il fe préfente du
droit fens. On porte enfuite la planche fur un marbre
de grandeur proportionnée, armé de petites pattes mobiles,
qui fervent à contenir la planche fixement fur fa
furface. Ce marbre doit être propre par fon épaiffeur à
ïéfifter aux coups de marteau, 5c prêter coup à la planche
, lorfqu’on vient à frapper les poinçons deflus. Les
poinçons frappés, on plane la planche fur un tas avec
1111e malle três-peu bombée fur fen plan (æ). Cette operation
faite, on tire au burin toutes les queues des notes
qui en exigent, après quoi on les diftingue davantage par
croches de différentes efpeces; ce qu’011 appelle crocher;
cela fe fait encore au burin, quant aux Amples croches ;
8c avec Féchoppe, quand ce font des croches fimples,
doubles, &c. liées enfemble parallèlement, comme en
a>fig. D. Cela fait, on paffe un brunifl'oir d’un bout de
la planche à l’autre ; ce qui la polit ôc lui donne fen
dernier point de perfection (b).
Lorfqu’il s’agit de quelques corrections ou de quelques
changémens à faire, on repouflè l’endroit fautif
ou à changer par-defl’ous la planche, à coups du petit
bout du marteau fur le tas ; enfuite on fe fert du gra-
toir fur la ferface de la planche, on la plane , afin de
détruire les éminences'qu’ont caufées les coups de marteau
: c’eft par ce moyen qu on rétablit l’endroit of-
fenfé, 5c qu’on le difpofe à recevoir l’imprefîîon de nouveaux
caraétercs. ( Foyei, Jig. iz. 13 .18 . PI. I. de la Gravure
en taille-douce, le compas à repouffer, le tas, le
marteau, & c .) Quant à la lettre, lorfqu’il s’en trouve à
graver dans les interlignes fous la mufique, la maniéré
de s’y prendre eft la même dont il eft fait mention à
Y article Gravure en lettres, & c. On peut graver
la lettre foit avant de frapper les notes, ou après; mais
généralement la préférence eft donnée a la première maniéré.
Des outils & 'poinçons propres à la Gravure de la
mujique.
Fig. 1. A a. Griffes ou parallèles à cinq pointes, fervant à
fixer les extrémités des portées.
а. B. Régloir ou planche à régler. Sa réglé b, 8c une
planche deflous C. dd pattes ou fiches parallèles 8c
immobiles, fervant à fixer la planche, 5c àja maintenir
toujours en équerre avec la réglé, ee Chevilles
qui affujettiffent la réglé.
3. F. Tire-ligne vu de profil. Burin recourbé de la longueur
à-peu près de quatre pouces, 5c de trois de
poignée, f fa facette ou bifeau , extrémité tranchante
vue de face.
4. G. Pierre à frapper. Marbre fur lequel on frappe la
planche, armé de fes pattes mobiles h h h h. i la
planche.
5. Poinçon de la clé de f l ] , Vu en-deffus.
б. K. Poinçon de la ronde, repréfentc dans toute fà
(<i) Ce planage doit être fait, pour plus grande netteté,
fur le deflous de la planche , quand elle eft d’étain ; & au
contraire fur le deflus de la planche, quand elle eft de cuivre.
(/>) Quelques-uns fe fervent encore de prêle pour cet effet,
principalement fur les planches d’étain ; mais joint à ce que
c’eft une opération moins prompte que l'autre, il en réfulte
l’inconvénient dé mordre un peu trop vivement fur les endroits
gravés.
lohgnÊur. I le même vu en furface.
7. M. Poinçon de la noire vu droit, de la longueur dé
trois pouces (longueur commune à tous les poinçons.)
m .fen repert, fur lequel pofe le pouce
quand on frappe, afin que la direction de la noté
foit toujours la même, n denteleure fur le bout*
pour griffer Je noir, 5cle contenir daùs la cavité.
0 tête de noire, à laquelle on a tiré une queue*
VU du fens que lajplanche l’offre, Ôc quife préfentc
de droit fens à FéprcuVe.
Ges figures fulfilent pour donner une idée genéralé
de la longueur 5c de la groflèur de tous lés autres poinçons.
On fe contente feulement de donner ici un jeu dé
poinçons, lefquels font au nombre de 24, non compris
celui des neuf chiffres primitifs, dont on fe ferc
pour coteries planches 5c chiffrer les baffes dans la mufique.
On peut doubler, tripler, quadrupler ces jeux *
félon le befein que l’on a qu’ils feient plus ou moins
gros, ou plus ou moins petits. Ces 24 pièces font généralement
la bafe de toutes celles des Graveurs de mufique
; fi quelques-uns d’entre eux portent plus haut le
nombre de ces pièces,^c’eft plus ancienneté d’habitude
que, raifen ; car les bâtons de mefure , les coulés où
liaifens, Ôc autres pièces de cette efpcce qu’ils frappent
encore, peuvent également fe Elire toutes âveclechop-
pe ôcau burin, ainfi qu’il la été dit plus haut à l’égard
des croches 5c doubles croches feparées ou liées. Ces
échoppes 8c ces burins fent les mêmes dont fe fervent
les Graveurs en lettres-, Voye^ la PI. précédente.
Noms des poinçons-,
Fig. A.i. Clé defa. z. Clé d’ut. 3. Clé dé fol. 4. Dieze.
f. Béquarre. 6. Bémol. 7. Ronde, de laquelle ori
fait Une bl anche, en lui tirant une queue au burin.
8. Tête de noire* de laquelle on fait de même
noires ôc croches. 9. Petite tête de noire, qu’on
appelle petite note £ agrément, parce qu’elle fert en
effet dans la mufique pour les ports de voix, 6c
autres agrémens; on lui fait une queue, 5c on la
croche de même que la grofle tête de noire. io<
Point. 1 1 . Trille, dit tremblé ou tremblement, iz .
Cadence. 13. Guidon. 14 , t f ôc \6. Différentes figures
arbitraires de renvoi. 17. Paufe 5c demi-pau-*
fe , poinçon qui fe frappe de deux maniérés, c’eft-
à-dire tantôt fur la ligne, 5c tantôt deffous, félon
l’exigence des cas. 18. Soupir. 19. Demi-fbupir.
20. Quart de feitpir. 21. Demi-quaft de feupir.
zz. Quart de quart de feupir. 23. Reprife, de la-*
quelle on ne frappe quelquefois que les points avec
le poinçon n*. 10. le refte fe faifànt encore au burin
5c a l’échoppe. 24. Signe de mefure à quatre
tems, dit C , parce qu’il en a la figure à-peu-près.
a. Portée de cinq lignes tirées avec le burin recourbé
ou tire-ligne, précédée d’une trace ponCtuée &
annoncée par les cinq points de la griffe, pour faire
connoître que c’eft de cet endroit qu’a parti le tire
ligne.
B. Portée fur laquelle les notes ont été deflînées 8c enfuite
frappées ; on y voit encore les barres de me»
fure qui n’y fent que deflînées.
C. La meme portée avec les queues aux notes, tirées
au burin, de même que les barres de mefure.
D. La même portée, mais finie, c’eft-à-dire que les
notes ont leurs queues, leurs croches, leurs liai-
fens; &c. tout ce qui peut en un mot remplir l’objet
qu’on fe propofe en pareil cas. On y a joint des
paroles au-deffous, afin d’offrir ici un exemple?
complet du tout, quoiqu’abrégé. Article de Mu-
Jîque par Madame Delussï.