G R A V U R E .
deux exemples, que les premières tailles font fortes
Ôc pies, finie de l’autre, les fécondés tailles un
peu plus fines & plus écartées que les premières,
-ôc les troifiemes plus fines & plus écartées que les
deux autres : il en feroit de même des quatrièmes;
•s’il y en avoit.
On dit en général gravure ferrie, gravure large,
quand en confidérant les tailles qui formeront
la baie du travail d’un fujet, elles feront près
i ’une de l’autre, ou écartées relativement à la
grandeur de ce fujet. La gravure ferrée relativement
eft plus propre à peindre, & donne de la
douceur à une eftampe, Ôc la gravure large alourdit
les objets, les rend moins fouples en général,
& fatigue l’oeil du fpeâateur.
La gravure lofange (fig. 7. ) eft celle dont la
fécondé taille b b eft mife obliquement fur la première
AA, ce qui produit les lofanges qu’on voit
en C.
La gravure quarrée-eft celle dont la féconde taille
eft mife perpendiculairement fur la première a a ,
-ce qui forme les carreaux qu’011 voit en G ,fig. 6.
de-là on dit en général, qu’un objet eft gravé lofange
ou quarré, lorfquc les tailles dominantes
qui établiflent les formes, les ombres, ou les
demi-teintes fe croifent obliquement ou à angles
droits l’une fur l’autre.
$, Inconvénient qui réfulte de mettre deux tailles
trop lofanges l’une fur l’autre: il confîfte en ce
que ces lofanges fè trouvant très-alongés dans un
fèns bby Sc très-étroits dans un autre a a , produi-
fent une continuité de petits blancs qui s’enfilent
de a en ay ôc qui interrompent, fur-tout dans les
ma (l'es d’ombre, la tranquilité & le fourd qu’elles
exigent.
5?. Lorfque l’on veut paflèr une troifîeme taille fur
deux autres déjà établies, il faut éviter qu’elle
coupe les carreaux ou les lofanges par la diagonale
, c’eft-à-dire de c en c ou de b en b ; on doit
la mettre de manière quelle foit plus lofange fur
la première que fur la fécondé, comme a a ; c’eft
ce qui produira un grain à-peu-près femblabie à
la fig. 7. ee feroit la direction fuivant laquelle on
pourroit pafTer une quatrième taille qui feroit oblique
fur les trois autres. Ce même principe aura
lieu quand on mettra des tailles courbes fur des
courbes, des mixtes fur des mixtes, fi les circon-
ftances le permettent.
10. Des tailles e e,ôc des entre - tailles.#, entre-taille
fe dit toujours de la plus fine des deux.
On met des entre - tailles dans les travaux qui
doivent exprimer les métaux, les eaux, les étoffes
de foie, ôc généralement fur tous les corps dont
les furfaces font polies ou luifàntes.
1 1 . Différens exemples de points qu’on emploie dans
l’empâtement des chairs, a tailles en points ; b tailles
Ôc fécondes tailles en points avec des poinrs
ronds dans les lofanges ; c points ronds pour
adoucir les demi-teintes vers la lumière ; d tailles
en points avec des points couchés, entremêlés de
points ronds ; e tailles avec des points ronds Ôc
longs en entre-tailles.
Ces differentes maniérés de varier le travail
pour exprimer la chair, placées convenablement,
produisent un effet moelleux, étant oppoféesavec
d’autres travaux plus folides.
On en fera l’application dans la Planche fùi-
vante ,fig- C.
U , Ebarber. SoitA B le côté d’une Planche fur laquelle
on a gravé au burin les tailles c f d , * ,ƒ que l’on
voit en profil; i , i , i font les ouvertures des tail~
les ; g y h font les parties de cuivre que le burin en
ouvrant la taille a rejettées d’un côté ôc de l’autre,
indépendamment de l’efpece de copeau qu’il en a
enlevé. Voye1 PI. III. fig. 7. C’eft avec l’ébarboir
que l’on enleve cette efpece de barbe ou fuperflu
g, h qui nuiroit à la propreté de la taille & à la
beauté des épreuves que l’on feroit de la Planche.
11 faut pour ébarber que l’outil deftinc à cet ufage
agiffé par une de les carnes dans une direction
oblique fur les tailles que l’on ébarbe : par exemple,
fi l’on avoit à ébarber lés tailles formant la
fig. 9. on préfentera un des angles de l’ébarboir en
r , & on fera mouvoir cet outil de r en s dans une
direction rs qui eft oblique fur les tailles qui forment
le lofange ôc fur la troifieme a a. On réitérera
en relevant fon outil en s , en le repofànt en
r , ôc enfin en le ramenant de r en ƒ jufqu’à ce que
la barbe des tailles foit enlevée.
On voit en c,fig. 13. une taille formée avec un
burin lofange ; elle a la même ouverture que d ÔC
J faites avec un burin quarré ; mais elle eft beaucoup
plus profonde qu’elles : il réfulte de-là que
le noir de l’impreffion fera plus épais dans les tailles
de burin lofange, ôc qu’il paroitra plus vif ôc
plus brillant à l’oeil que le noir des tailles de burin
quarré, les ouvertures i , i , i étant égales. C’eft à
l’artifte intelligent à employer le burin lofange ou
quarré, fuivant la nature des objets qu’il repréfente
ou leur oppofition ; ce n’eft pas qu’on ne
piaffe bien faire en gravant tout avec un burin
îofànge ou quarré, mais on doit regarder ce que
nous venons de dire comme une reffource de l’arc
qui peut Élire de l’effet ôc devenir fènfiblc jufqu’à
un certain point.
On met ordinairement les entre-tailles avec le
burin lofange ; c’eft ce que l’on voit en e.
5. Pointe fiche. Graver à la pointe feche, c’eft former
avec une pointe aiguifée, un peu coupante, des
traits ou des hachures fans le fccours de l’eau-
forte ni du burin. On fait à la pointe feche des
points ronds, longs, &c. l tm font des ouvertures
de deux traits faits à la pointe feche fur la fuper-
ficie de la planche AB. Comme la pointe ne fait
qu’ouvrir le cuivre fans en rien enlever, le volume
de cuivre qui étoit compris dans l’efpace n 1 0, eft
contraint par la preflïon de la pointe de refluer
vers les bords n , 0, mais en plus grande quantité
en n y qui eft le côté oppofe à la main, Ôc qui reçoit
prefque toute l’aûion de la pointe, dont la
fituation/jR eft oblique.
On ébarbe cette forte de gravure comme celle
au burin, avec cette différence que pour celle - ci
on fera agir l’ébarboir de 0 en n, & jamais de n en
oy car il en rcfulteroit que la partie n pourroit en
fe développant refermer l’ouverture no dans certains
endroits de la taille, ce qui feroit un mauvais
effet. Le grattoir fert auflï à ébaiber. Voye[ lesfig. 6.
7. PU .
En général on emploie la pointe feche dans le
fini, pour faire les travaux les plus tendres ôc les
plus légers, dans les ciels, les lointains, & le ton
de cette gravure oppofée avec celle de l'eau-forte
Ôc du burin, eft toujours heureux ôc agréable.
On voit en rs une taille qui auroit été faite à
l’eau - forte. Son ouverture eft bien plus large que
profonde, c’eft ce qui fait qu’elle a un oeil plus
gris à l’.impreflion, relativement à celles qui au-
roient été faites au burin, ce qui doit s’entendre
lorfque l’eau-forte n’a pas trop mordu. Dans le
cas où l’eau - forte auroit trop mordu, la taille
portera un ton plus aigre ou plus noir, par la
raifon qu’acquérant autant de profondeur que d’ouverture,
le noir aura autant d’épaiflèur fur fès
bords r, s que dans fon milieu u j c’eft ce qui donne
à une eau-forte trop mordue ce ton dur à l’oeil,
fi défàgréable fur - tout dans les demi-teintes &
tout ce qui environne les maffes de lumière.
Un autre inconvénient d’une gravure trop mordue,
c’eft que les tailles venant à s’élargir en même
tems qu’elles pénètrent dans le cuivre, elles reflèr-
rent les efpaces blancs qui les feparent, & fe confondent
l’une avec l’autre dans certains endroits,
ce qui forme des crevaffès ôc des âcretés qui font
infurmontables quand on vient à finir.
Rentrer une taille, eft ordinairement l’aétion du
burin fur un ouvrage déjà ébauché, c’eft donner
plus de largeur ou plus de profondeur à une taille
faite
G R À V
faite aü burin ou à feau - forte, èn fè fervant du
burin lofange ou quarré. En repartant le burin dans
la taille r s elle acquerra la profondeur r t s , ôc
elle fera plus profonde Ôc plus ouverte fi on plonge
davantage la pointe du burin.
P L A N C H E IV .
Fig. 1. Cette figure repréfènte la maniéré dont on doit j
tracer un fiijet qu’on voudra faire entièrement au ]
burin, comme feroit un portrait: on s’y prendra
comme nous l’avons dit dans la Planche précédente
*_/?£. 1. ôc 1. pour calquer le deffèin fur la
planche vernie. Cela pofe on tracera ferme avec
une pointe un peu coupante les contours de fon
objet calqué fur le vernis ; on formera avec la
plus grande exactitude les épaiflèurs des ombres,
des demi-teintes, & des reflets par quelques points
fuivis ou quelques bouts de hachures tels qu’on
les voit ici en a a a. Pour peu que l’on ait appuyé,
on aura un trait fuffiffimment marqué pour n’être
pas obligé de le faire mordre, alors on déver-
hira la planche Ce tracé ne doit point être ébarbe
crainte de l’effacer, ôc il doit fèrvir à guider l’artifte
pour ébaucher, comme on va voir dans la
figure fui vante.
i . La même figure ébauchée au burin. Cette préparation
doit être Élite par des tailles fimples : ces
tailles doivent s’arrêter en s’adouciflànt fur les for
mes que l’on a tracées, ôc fe ferrer davantage furies
contours qu’elles doivent former en fe couchant
les unes fur les autres comme on le voit en b b y
C^c.Les lumières doivent être refèrvées plus larges
afin d’être toujours le maître de les reflèrrer autant
qu’il fera néceflàire, foit enfilant les tailles, foit
en les prolongeant par des points, comme on le
verra dans la figure fuivante. Les cheveux doivent
être ébauchés par des tailles ferrées ôc avec légèreté.
$. Empâtement pour le genre de portrait. La même
tête finie. On voit que là taille de l’ébauche fe
trouve toujours la dominante fous les travaux du
fini. Les fécondes & les troifiemes tailles ne fervent
qu’à peindre ôc à donner plus de molleflè à
la peau. Les points doivent être un peu alongés
pour ce genre ; ils font plus ferrés vers les ombres,
plus écartés ôc plus tendres à mefure qu’ils fe perdent
dans la lumière. On peut remarquer auflï que
le plein d’un point répond fur le vuidc qui fè trouve
entre deux autres placés au-defliis ou au-deffous: on
difpofè les points de cette maniéré afin d’éviter que
les intervalles qui fè trouvent entre eux ne fè cor-
refpondent les uns au-deffus des autres, ce qui
occafionneroit des petites lignes blanches qui dé-
truiroient la douceur ôc la tranquillité du travail.
Les touches ne doivent être portées à leur jufte
ton de vigueur qu’en dernier lieu, afin de proportionner
le degré de couleur qui leur convient
au ton de tout le travail. C eft cette analogie qui
vivifie le fujet. La touche doit être brillante ou
vigoureufe, par oppofition à ce qui l’environne;
mais elle doit toujours être tondue & accompagnée
pour qu’elle ne foit point dure ou trop
tranchante ; le moyen d éviter ce défaut, c’eft de
réunir le plus grand noir auquel la touche puifle
être portée, dans le centre d’elle-même. Si au-
contraire on donnoit autant de couleur fur les extrémités
que dans le centre, la touche paroîtroit
toujours aigre Ôc dure, quand même elle n’auroit
que la moitié du ton de couleur d’une autre, amenée
ôc dégradée du centre vers les bords, comme
nous le venons de dire.
Ce principe eft relatif, non-feulement à la figure
qu’on a fous les yeux, mais à tout autre fujet
: c’eft un axiome en Gravure comme en Peinture,
que les plus grands bruns ne peuvent être
amenés que par gradations pour produire un effet
vrai. On pourra fè former un bon goût de graver
dans ce genre d’après les portraits gravés par C.
u r m $
Vifchèt, Nantéuiï, Mafïon » Ëdelink, Drêtfet,
Voyei farticle G r a v e u r .
4. Le trait d’un bras difpofé pour être gravé au burin,
a l’épailfeur de l’ombré ôc du reflet ; b la demi-1
teinte ; c demi-teinte pour faire fuir le bras éclairé ;
d la partie la plus faillante du bràs qui reliera la plus
lumineufè.
ÿ. Le même bras fini. Il finit obfèrvet que les coti-
tours formés par des traits dans la figure précédente
ne fubfifte plus dans celle-ci -, mais que ce font les
tailles qui en fè fèrrant 1 une fur l’autre en
deffinent la forme dû bras ; on Voit auflï que leà
tailles font moins lèrrées vers la lumière en h que
vers les contours.
6. Ernpâtementy dans le genre d’hiftoire, fe dit de là
préparation des chairs à l’eau - forte ou au burin.
Cet empâtement confifte dans un mélange de tailles
fuivies ou quittées,tecroifees par des fécondes
dans les ombres, comme a a , &c. des tailles fui-
vics ou en points longs entremêles de ronds dans
les demi-teintes comme b ,b yb ; des points ronds
c, c fur les lumières, plus écartés les uns des autres
que dans les demi-teintes ; des touches formées
par pluficurs traits proches les uns des autres, Ôc
quelquefois accompagnées de points pour lés rendre
plus moëlleufès ; des contours formés par des
points longs ou ronds pour qu’ils né foient point
fècs, ôc enfin des maffes d’ombres méplates établies
par des tailles qui puiffènt fèrvir dans le fini
de fécondes ou de troifiemes fur les demi-teintes
ou dans les reflets.
Cet empâtement eft fubordonné au goût dè
l’artifte, qui doit preflentir ce que tous ces travaux
deviendront dans le fini, Sc le moelleux qui eii
doit réfulter lorfoù’ils fèront fondus enfèmble
fous des travaux plus légers. On pourra fè donner
une idée de la maniéré d’exprimer ou d’empâter
les chairs d’après les figures gravées dans nos Planches
de deffein. Mais on fentira mieux ce qu’exige
le genre d’hiftoire, & on fè formera un bon goût
d’après les chefs-d’oeuvre des grands maîtres, tels
que Vifcher, Gérard Audran , Edelinck, P o illi,
Cars, &c. cités à Y article G r a v e u r »
Cet exemple, que l’on a fait mordre convcna*
blement, fera- juger de la différence du ton d’une
eau-forte d’avec celui du burin; la fig. 3» faite au
burin fervira de piece de cûmparaifon.
La gravure en petit, ceft-à dire celle dont les
figures, les animaux, le payfàge font d’une très-
petite proportion, exige que l’on faflè mordre
davantage la planche, ayant toujours égard à là
dégradation que doivent avoir les différens plans»
Voye^fig. 4. PL V. Le principal mérite du petit eft
d’être très-avancé à l’eau-forte. Les contours des
figures doivent être prononcés avec plus de fermeté
, les touches feront établies & frappées prefque
ait ton qui leur convient, elles en fèront plus
fpirituelles, ôc le travail moins chargé de tailles que
dans la gravure en grand. Le burin n’étant pas proa
pre à defliner les petits objets comme la pointe
avec laquelle on peut badiner fur le cuivre comme
avec le crayon fur le papier: on ne s’en fèrvirâ
que pour mettre l’accord general ôc plus de propreté
aux endroits qui en feront fufceptibles ■ la
pointe feche fera auflï une partie des fonds les
plus légers.
On peut confiilter fur ce genre les eftampes
gravées par les fieurs Leclerc, Cochin, Labelle,
Callot, &c.
Finiry fè dit en général d’une planche ébauchée
à laquelle on donne l’effet de l’objet qu’on fè pro-
pofè d’imiter. Ainfi le fini confifte Jonc, i°. à don1*
ner plus de force ôc plus de furdité aux ombres 011
aux reflets, foit en rentrant les tailles, foit en pafo
fiint des troifiemes Ôc des quatrièmes tailles fur
les premières ; z°, à fondre davantage les ombres
par des demi-teintes, foit en filant Jes tailles vers
la lumière, ou en les terniflant par des points ; f i
à donner les touches les plus vigoureufes, foit en
B