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du bourrelet. Seraient-ils le résultat dé la pression des oreillettes cotylëdonaires sur la partie de la radicule
qui leur est inférieure, pression qui forcerait la partie libre à déborder la portion embrassée ?
4° Inflorescence extraaxillaire.— Les rameaux du Cuphea sont axillaires ou quelquefois extrafoliacés;
mais les fleurs présentent toujours ce dernier caractère quelle que soit d’ailleurs l’inflorescence,
et si quelquefois elles semblent axillaires, c’est qu’alors elles dépendent d’un rameau axillaire avorté,
sur lequel elles conservent réellement la même position que sur la tige. J’ai montré ailleurs que toute
pousse extrafoliacée appartenait à une première évolution (i), et que les prétendus rameaux dits extra-
’ * * axillaires étaient réellement des extrémités de tiges peupleveloppées, dont la place était usurpée (a)
par de véritables rameaux. Pour que ces idées trouvassent leur application dans le genre Cuphea, il
faudrait, ce semble, que, quand les feuilles sont opposées avéc un pédoncule extraaxillaire, il y eût
avec celui-ci, véritable tige, deux rameaux qui naquissent a l’aisselle des deux feuilles, et formassent
une dichotomie ; tandis qu’au contraire il n’existe qu’une partie caulinairc continue avec les entre-
I»noeuds. Mais on peut penser qu’une des deux branches ne se développe pas, et que l’autre, n’étant
point gênée, prend une direction droite''et simule la tige véritable. Ceci n’est même pas une supposi-
: tion gratuite; car, dans üne.cspècè,’j ’ai réellement vu les deux rameaux; mais l’un était beaucoup moins
vigoureux-que l’autre, et avait seul pris une direction latérale. On pourrait demander encore comment
il, se fait que, si les pédoncules extrafoliacés sont des tiges, il y en ait si souvent deux
¿opposés dans les jSuphea, lorsqu’en général les dichotomies sont le résultat d’une seconde évolution.
Mais deux feuilles' opposées ne sont réellement que deux feuilles alternes fort rapprochées ; deux rameaux
ou pédoncules Opposés peuvent être considérés de la même manière, et MM. de Chamisso et
Schlechtendal ont même montré que, dans le C. spicata, l’opposition des rameaux extrafoliacés n’était
point parfaitement exacte. Quoi qu’il en soit, il est incontestable que les pédoncules ou les prétendus
rameaux extrafoliacés ne peuvent appartenir à une autre évolution que l’entrenoeud caulinairc qui les
porte. Ce qu’il y a encore de certain, c’est que, dans la variété muscosà du C. arenarioïdes, le pédoncule
aphylle est bien décidément terminal et continu avec la tige, et, lorsqu’une production chargée
de feuilles se développe à côté de lui, on reconnaît évidemment qu’elle n’est que secondaire et latérale. ,
J’ai encore reconnu la position terminale et continue des pédoncules dans les rameaux axillaires raccourcis
du C. pseudo-vaccinium. .
5° Des espèces et des variétés.— J’ai déjà fait observer (Flora Bras. mer. i , p. iv) que les plantes éprouvaient
sous les tropiques lés'variations les plus étonnantes; mais cela est vrai surtout des Cuphea-, et,
aux modifications qu’ils subissent souvent dans le même coin de terre, se joignent-celles qu’occasione
encore leur passage fréquent des contrées équinoxiales aux pays qui déjà s’éloignent beaucoup des tropiques.
La même espèce est tantôt un arbrisseau et tantôt une herbe; les dimensions de la tige, la figure
des feuilles, l’absence ou la forme des poils varient de mille manières ; le nombre,des ovules n’est pas
moins variable, et la forme de la glande nectarienne est peut-être encore le caractère qui change le
moins. Sans cesse embarrassé pour savoir ce que je devais appeler espèce ou variété, je me suis livré
aux comparaisons les plus scrupuleuses, et j ’ai continuellement appelé l’analogie à mon secours. Peut-
être les botanistes accoutumés à décrire les plantes dans'les herbiers d’après des échantillons isolés,
trouveront-ils que je n’ai point assez multiplié les espèces; mais j ’avais sous les yeux un exemple parfait,
celui qu’ont donne.MM. de Chamisso et Schlechtendal dans leurs belles descriptions des C. ligus-
trina et ingrata ( Linnoea, ii); j’ai cru devoir suivre cet exemple, et d’ailleurs j ’ai soigneusement indiqué,
soit comme variétés, soit dans le cours de mes descriptions,'toutes les nuances qui se sont
offertes à mes regards.
6" Des sections■ — Les espèces brésiliennes offrent une série eStrêmemerit naturelle à peine interrompue
par quelques lacunes. D’après^cela il est facile de concevoir que les divisions que je présente
ici pour diminuer la difficulté des recliërches,' ne doivent conduire qu’imparfaitement à ce but. 'Ainsi
les C. Balsamona, sessiUflora, viscosissima forment un petit groupe très-naturel ;,mais' 'le caractère
par lequel je le distingue avec MM. Chamisso et Schlechtendal, celui d’avoir des grappes axSjaires, est
entièrement artificiel; car ces grappes ne sont que des rameaux très-raccourcis, oh les fleurs sont
réellement disposées comme sur la tige, et un léger développement de plus fait paraître des rameaux
complets. Le C. pseudo-vaccinium, que je ne puis éloigner dupatula, pourrait, si l’on s’en tenait rigoureusement
au titre de mes sections, revendiquer une plajce dans la sectioh des grappes axillaires,
(1) CesL dans le Bulletin de la Société philomalique pour 1826 et dans le 1" volume du Flora Bras. mer. p. i58 que j’ai
émis celle opinion, M. de Candolle parait ne pas avoir eu connaissance de mon travail sur ce sujet, lorsque postérieurement il a
publié des idées analogues (Organographie 1, /,a3, /,). Je dois être flatté de ce qu’un homme qui a-fait faire tant de progrès & la
philosophie de la science se soit rencontré aussi exactement avec moi.
(2) Expression empruntée àM. Turpin.
car ses fleurs axillaires ne sont autre chose, aussi que des rameaux frès-raccourcis. Le C. linarioïdes,
qui vient si bien à côté du C. diosmoefolia, peut être réclamé par la première section, puisqu’il n’a souvent
ni feuilles verticellées ni fleurs opposées,, etc. Oh la nature n’a point laissé d’intervalle, il nous est
impossible d’établir des coupes rigoureusement'tranchées.
§ 1. Rami axillares ; fo lia opposita • Jlores altemi, sparsi.
( 1007 ) I . «CUPHEA THYMOÏDES.
G. caule suffruticoso, sæpiùs ramosissimo ; ramis axillaribus, Itinc pubescentibus ; foliis
numerosis, brevissimè petiolatis, parvis-minutis, basi obtusissimis, ovato-lanceolatis sub-
linearibus; pedunculis folio brevioribus ; floribus paucis, sparsis, sæpiùs horizontalibus;
calyce obtusissimè calcara to, hispidulo; ovario olygospermo.
Var. a satureioïdes : Suffrutex inordinatè ramosissimus, basi denudatus ; ramis axillaribus aut interdhm
extraaxillaribus, approximatis, tenuiBus, 4~&ngulosis, hinc glabriusculis autsubhispidulis, indè pubescentibus,
pilis crispùlisinterdhm intermixtis majoribus rigidiusculis. F o lia numerosissima, confería, ex
ramulis abortivis interdhm quasi fasciculata, brevissimè petiolata, à basi obtusissimâ ad apicem plus mi- ¿
nus atténua ta, glabriuscula, margine cartilagíneo et per lentem validam ser ru lato scabra insuperque
pilis rigidis remotissimè ciliata, carnosiuscula ; inferiora 6-7 1. longa, ovato-Ianccolata; cetera magls
ac magls angustiora, ex.ovato-lanceolato ovato-oblonga oblonga oblongo-lincaria et interdhm sublînea-
ria. Fedunculi extrafoliacei, sparsi, rariusculi, circiter 1 1. longi, crassiusculi, bracteolis 2 carnosis
minutissimis subobovatis ápice instructi, hinc pubescentes, indè glabriusculi aut subglabrati, sæpè
supra bractcas undiquè pubescentes. Flores horizontales, circiter 5 1. longi. Calyx obtusissimè calcara-
tus, dorso præcipuè hispidulus pilis rigidiusculis in nervis sparsis aliis mullô minoribus intermixtis,
snpcrihs nervisque præsertim violaceus : dentes exteriores minimi ; superior ceterorum major. Pétala
obovato-elliptica, obtusissimâ, glabra, purpurea : infra pétala 2 superiora glandulæ 2 orbiculares,
latæ, adpressæ, luteæ. Fila menta omnia plus minus barbata. Stylus pubescens, infra stigma glaber,
apicc violaceus. Ovariüm glabrum, 2-lochlare, circiter 12-ovulatum : ad placentæ basim discus maxi-
mus, orbicularis, débressus (in unâ tantummodô ex 5 varietatibus observatus, an in omnibus ex-
stans?). Semina circiter-i 1. lata, lenticularia, dorso convexa, facie subconcava , atrofusca. Cotyledo-
nes orbiculares : radicula 3-cuspidata; cuspidibus obtusiusculis, intermedio (radícula genuina) cras-
siore.
Var. /3 levis : caule- ininhs ramoso, hinc glaberrimo ; foliis minus approximatis, glaberrimis, margine
vix scabriuscuîis, haud ciliatis.
Var. y thymoïdes (C. thymoïdes, Sell. Cham. Schlecht. Linnoea, 11, 368) : ramis tenuioribus; foliis
parvulis, circiter 2 1. longis, lineâ angustioribus, obtusis, sæpiùs elliptico-linearibus, pilis raris
ri«ndiuscitlis reraotè ciliatis nervoque medio aspersis, marginibus sæpè haud scabris vel scabriuscuîis;
stylo glabriusculo.
Var. «P pseudoerica : foliis sæpihs minoribus quàm in præcedenti et angustioribus, magls linearibus,
minus ciliatis; filanientis 3 villosiusculis; stylo basi villosiusculo.
Var. e Argentina : caille inagis. hispidulo ; foliis inferioribus majoribus, omnibus magls ovatis ; pedunculis
paulô longioribus calycibus nigrescentibus.
Cum intermediis individuis fegauentes var.'/S et j-in campis herbidis australibus provinciæ Minas
Geraes, prope fines regionis sylvarum; Decembre-Februario florent. Var. et Februario lecta in editiori-
bus montium vulgo Serra da Ibitipoca, parte australi prov. Minas Geraes; var. e prope Montevideo.
Ons 1%-Rapporis des Variétés entre elles. — 1111’est personne qui, au premier coup-d’oeil, ne soit tenté de regarder
comme des espèces distinctes les variétés satureioïdes, pseudoerica et même la variété thymoïdes, la seule à laquelle ce dernier
nom convienne parfaitement; mais ces plantes se nuancent par tant d'intermédiaires, qu’il ne reste aucun caractère pour les
séparer. J’ai trouvé entre autres, sur une colline sèche près de la ville de Barbacena, des échantillons qui participent tout à la
fois des variétés satureioïdes, levis et thymoïdes. — a» Rapports avec le C. serpiUifolia HBK. ( Loxensis, microphylla et ser-
pillifoliS-Mov. Gen.) et disque intérieur.—Les échantillons du C. serpiUifolia HBK. (Loxensis, microphylla cl scrpillifolia
Nov. Gen.) rapportés par Bonpland, m’ont offert la plus grande ressemblance avec le thymoïdes et surtout avec les variétés levis
et Argentina; j’ai même retrouvé dans le thymoïdes ce singulier disque intérieur que le célèbre M. Kunth a signalé autour des
placentas du serpiUifolia. Cette dernière plante diflère seulement du- thymoïdes, parce qu’elle est plus visqueuse; que ses liges
sont pubescentes sur toute leur surface ; que ses feuilles sont, relativement & leur longueur, tant soit peu plus larges que celles du
thymoïdes ; que ses pédoncules sont beaucoup moins couru que ceux de la plante brésilienne et pubescens de'tous les côtés ; que
son calice est couvert de poils plus serrés; enfin que la fleur est bien plus droite et l’éperon beaucoup moins sensible. Peut-être
faudrait-il indiquer les cinq variétés du thymoïdes comme desfirmes américaines orientales du C.serpillifolia. 3 c dois prévenir que